Le travail des enfants syriens atteint « un niveau critique », selon des ONG

Article  •  Publié sur Souria Houria le 6 juillet 2015

La guerre en Syrie pousse de plus en plus d’enfants syriens à abandonner l’école pour travailler et subvenir aux besoins de leur famille, selon l’Unicef et Save The Children. Ces jeunes travailleurs représentent une main d’œuvre à prix abordable.

Les enfants, victimes collatérales de la guerre en Syrie. Dans un rapport publié, jeudi 2 juillet, les ONG Save the Children et Unicef tirent la sonnette d’alarme : à cause du conflit et de la crise humanitaire en Syrie, de plus en plus d‘enfants syriens sont amenés à travailler dans des conditions difficiles, pour survivre.

« La crise en Syrie a considérablement réduit les moyens de subsistance des familles et a appauvri des millions de ménages dans la région, ce qui fait que le travail des enfants a atteint des niveaux critiques », a déploré Roger Hearn, directeur régional de Save The Children. Quatre Syriens sur cinq vivent désormais dans la pauvreté depuis l’éclatement du conflit. Selon ce rapport publié, les enfants en Syrie contribuent aujourd’hui au revenu de la famille dans trois quarts des ménages recensés.

« Les enfants travaillent principalement pour leur survie. Que ce soit en Syrie ou dans les pays voisins, ils deviennent les principaux acteurs économiques », a poursuivi Roger Hearn. En effet, dans les pays alentours, où des familles syriennes ont massivement trouvé refuge, la situation est également alarmante. En Jordanie, par exemple, « près de la moitié des enfants des réfugiés syriens sont les principaux soutiens de leur famille ».

Main d’œuvre abordable

Ce recours accru au travail des enfants s’explique non seulement par la pauvreté des familles, mais également par les avantages que représente l’embauche des plus jeunes. Toujours selon le rapport, 84 % des employeurs d’enfants interrogés dans des zones urbaines en Jordanie avouent qu’ils n’ont commencé à faire travailler des mineurs que depuis le début de la guerre en Syrie.

« Les enfants représentent des employés dociles qui ne chercheront pas à s’organiser pour avoir plus de protection et de soutien », est-il indiqué dans le rapport des ONG. D’autre part, “certains employeurs préfèrent embaucher des enfants car ces derniers acceptent des salaires plus bas que les adultes”.

Pami les adultes réfugiés en Jordanie, seulement 1 % d’entre eux est parvenu à décrocher un permis de travail, selon l’UNHCR (l’Agence des Nations unies pour les réfugiés). Face, donc, à un flot de travailleurs illégaux, les enfants, main d’œuvre bon marché et maniable, représentent un autre avantage non négligeable : ils sont moins susceptibles d’être contrôlés ou arrêtés par la police que les adultes.

Vendeur de tomates, cireur de chaussures ou prostitué

« Le travail des enfants entrave leur croissance et leur développement », souligne Peter Salama, directeur régional de l’Unicef pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, ajoutant que les enfants « travaillent pendant de longues heures avec un petit salaire, souvent dans des environnements extrêmement dangereux et insalubres ». Les plus vulnérables sont impliqués dans « l’exploitation sexuelle et les activités illicites, y compris la mendicité organisée et la traite ».

Dans le vaste camp de réfugiés de Zaatari, dans le nord de la Jordanie, trois enfants sur quatre ont signalé des problèmes de santé dû au travail, selon le rapport. Là-bas, le travail des plus jeunes consiste principalement à pousser des brouettes ou à vendre des tomates, pour environ 12,4 dollars par jour.

À Beyrouth, au Liban, où plus de 1,3 million de réfugiés syriens se trouveraient selon l’UNHCR, les enfants subsistent avec la vente de nourriture et de boissons, le cirage de chaussures ou encore la mendicité, mais aussi en se prostituant.

En Turquie, et plus précisément à Kilis, dans le sud, un enfant peut être embauché comme assistant de fabriquant de chaussures pour la modique somme de 7 dollars la semaine.

Ajouté à cette situation gravissime, les ONG pointent la déscolarisation massive de ces mineurs. « Les enfants qui travaillent sont plus susceptibles d’abandonner l’école, ajoutant ainsi aux craintes d’une ‘génération perdue' ».

© Bulent Kilic, AFP | Des enfants syriens font la queue pour manger, à Akçakale, en Turquie, le 20 juin 2015.

source : http://www.france24.com/fr/20150702-syrie-travail-enfants-syriens-atteint-niveau-critique-selon-ong-save-children-unicef-jordanie-liban

date : 02/07/2015