Lycéenne arrageoise née en Syrie, Céline attend les résultats du bac

Article  •  Publié sur Souria Houria le 10 juillet 2016

 À 18 ans, et depuis trois ans en France, Céline attend les résultats du bac avant de se lancer dans des études de médecine. Comme des milliers de lycéens, Céline Ghannoum, 18 ans, attend les résultats du bac, ce mardi. Née en Syrie, elle est arrivée en France il y a trois ans, fuyant son pays en guerre. Elle rêve de devenir médecin et de retourner dans son pays pour le reconstruire.

Bientôt le grand jour. Ce mardi matin, Céline saura si elle a son bac S. On ne se fait pas trop de souci, même si ces dernières années n’ont pas été idéales pour se concentrer sur les études. Céline est née en Syrie, à Alep. Un pays en guerre depuis 2011 où les bombardements sont quotidiens. « C’est malheureux à dire, mais on s’habitue à cet état de guerre, confie la lycéenne de 18 ans aux longs cheveux bouclés et à l’éternel sourire. On vivait quasi normalement, on sortait. » Mais les parents de Céline rêvent d’un meilleur avenir pour leur fille. C’est en France qu’ils décident de s’exiler au printemps 2013. « Mon père qui était médecin en Syrie avait fait ses études en France et on a de la famille ici. On est donc entré légalement. Mon père a trouvé un poste au CHA comme gastro-entérologue. »

Céline est inscrite en 3e au collège Saint-Joseph. Deux mois après son arrivée, elle passe le brevet ! « J’ai dû apprendre en quelques jours la Première et la Seconde Guerre mondiale. En Syrie, on n’étudie pas ça. Je parlais et comprenais le français car à la maison, on l’étudiait.» Elle s’en sort avec une mention bien.

Direction le lycée Baudimont – Saint-Charles. Perfectionniste, Céline travaille deux fois plus. « Je devais faire la traduction de certains cours en arabe pour mieux les comprendre. En Syrie, on travaille beaucoup sur le par cœur alors qu’en France, il y a beaucoup de recherche personnelle. Ici, on utilise beaucoup Internet. Mais moi, en Syrie, Internet, c’était pour avoir des nouvelles de mes stars préférées, pas pour faire des recherches sur Œdipe. »

Le bac, Céline l’a trouvé plus facile qu’en Syrie. « Là-bas, pour faire des études, il faut un nombre de points. Plus on en a, plus on peut faire des études poussées. En France, il faut juste la moyenne pour pouvoir faire des études supérieures. » Les épreuves se sont bien passées pour Céline, notamment en histoire. « Je suis tombée sur le Proche et le Moyen-Orient, je ne pouvais pas rêver meilleur sujet ! »

Le bac en poche, Cécile partirait en fac de médecine, à Lille. « J’ai toujours voulu travailler dans le monde de la santé. Je me dis qu’on aura toujours besoin de médecin partout dans le monde. » Mais c’est en Syrie, dans son pays, que Céline rêve d’exercer. « Quand le pays aura retrouvé la paix, il faudra le reconstruire et je veux faire partie de cette aventure. Ce pays me manque. Quand je revois des photos ou que j’écoute des chansons syriennes, ça me rend nostalgique. Quand j’entends que la Syrie est devenue le pays le plus dangereux au monde, ça me désole. On était heureux là-bas avant la guerre, c’était le plus beau pays au monde, maintenant tout est détruit. »

« Lors des attentats en France, je me suis dit que les terroristes me poursuivaient »

Les attentats

« Quand il y a eu les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, je me suis dit que ce n’était pas possible, que les terroristes me poursuivaient. En janvier 2015, après les attentats de Charlie, toute la communauté internationale s’est mobilisée. On était tous Charlie. C’était bien, c’était beau, mais j’aurais aimé qu’on le fasse aussi pour la Syrie. Des attentats comme Charlie Hebdo ou le Bataclan, en Syrie, c’est monnaie courante. Malheureusement. »

Sa vision de la France

« Pour moi, la France, c’est Paris, les pains au chocolat et le béret. J’avais une image de Français l’air hautain, mais ce n’est pas du tout ça. Par contre, je les trouve moins ouverts. Je sens les Français fermés, il y a beaucoup de chacun pour soi. Ce qui est bien en France, c’est que l’on peut tout faire. Si on veut devenir artiste, musicien, etc. Il y a des écoles pour ça. Tandis qu’en Syrie, c’est plus limité. En France, on peut choisir ce que l’on veut faire. Et ça, je n’ai pas l’impression que les jeunes français aient conscience de cette chance. Ils se plaignent beaucoup trop. »

Les migrants

« Quand je vois tous ces gens qui quittent la Syrie, qui prennent des risques insensés, qui payent des sommes folles pour rejoindre des pays plus sûrs, je me dis que ce n’est pas normal. Nous, on a eu de la chance, on est passé légalement. Mais ce n’est pas juste pour les autres. Ces différences entre les personnes, c’est dégueulasse. On fuit un pays en guerre quand même, on ne fait pas ça de gaîté de cœur. Bien sûr, je comprends que les pays ne peuvent pas accueillir tous les migrants, mais ça reste mon peuple. »