Pétition « Notre vision de l’avenir de notre Patrie, la Syrie »

Article  •  Publié sur Souria Houria le 12 décembre 2015

Chap I-1traduit pour Souria Houria par Marcel Charbonnier

Adresse aux Syriens

Chers ami(e)s et chers compatriotes, si vous partagez notre vision de l’avenir de notre pays, n’hésitez pas à signer ce communiqué (nous vous remercions de bien vouloir le diffuser et d’envoyer les noms des signataires à : notre vision de l’avenir de notre Partie, La Syrie

Notre vision de l’avenir de notre Patrie, la Syrie

Nous soussignés, Syriens vivant en Syrie et ailleurs dans le monde, étudiants, enseignants, intellectuels, professions libérales, responsables d’associations et d’institutions dans les sociétés des pays où nous avons immigré et en Syrie, venant de tout l’éventail des appartenances de notre pays dont les religions, les confessions, les ethnies et les cultures régionales sont si diverses, nous affirmons, tout en tenant à la pluralité de nos opinions et à leur différence, que ce qui nous unit est plus important que nos dissensions et nous incite à renouveler les modalités de notre vie commune dans un pays uni territorialement et humainement, un pays gouverné par des institutions démocratiques d’un Etat dont tous les citoyens jouissent de la liberté de pensée et de religion, et sont égaux devant sa Constitution et devant les lois en découlant. Cela d’autant plus que l’expérience historique a démontré, depuis l’accession de notre pays à l’indépendance, que l’on ne pourra sortir du Moyen Âge, avec ses structures culturelles, sociales et politiques que grâce à la citoyenneté, à l’appartenance nationale (et non tribale ou communautaire) et que le moyen d’y parvenir est une séparation totale entre ce qui relève du religieux, d’un côté, et ce qui relève du culturel, du social et du politique, de l’autre.

Tout en insistant sur notre attachement à l’unité territoriale et humaine de la Syrie, nous sommes conscients du fait que cet objectif ne pourra être atteint sans qu’au préalable il ait été mis fin, au premier chef, au régime tyrannique et répressif, ensuite sans qu’ait été levée l’immunité de tous les services sécuritaires en matière de  torture et d’assassinats, et enfin sans que l’obscurantisme éradicateur soit vaincu avec tous les malheurs qu’il a semé partout dans notre pays : haine, discrimination entre les membres d’un même peuple, en adoptant des lois extrêmement strictes contre la constitution de toutes les factions sectaires quelle qu’en soit la nature : ethnique, religieuse, confessionnelle, régionale et contre leurs menées destructrices dans les cercles de l’Etat, de l’armée et des services de sécurité. Enfin, nous ne pourrons atteindre cet objectif qu’en luttant préventivement contre toute idéologie sectaire criminelle et en réprimant les fauteurs de dissensions communautaires.

En exprimant ici cette vision commune en tant que citoyens syriens aimant leur peuple et leur pays et aspirant à le reconstruire selon les critères de la modernité, en nous inspirant de ce que notre histoire et notre héritage culturel comportent de mieux, nous demandons aux hommes politiques et aux forces opérant sur le terrain de la tragédie syrienne, tant combattantes et militaires que civiles et tant syriennes que régionales et (internationales), à agir en fonction du document issu de la conférence de Genève I et des négociations de Genève II dans le but de nous orienter vers un Genève III et de ressortir de ce troisième round de pourparlers munis d’une solution s’appuyant sur l’aspiration des Syriens à vivre ensemble et à arrêter l’effusion de sang et les départs forcés de nos concitoyens et de résister aux plans visant la partition de la Syrie, et ce, par la proclamation d’un cessez-le-feu général, par l’arrêt des fournitures d’armes à toutes les parties au(du) conflit et par l’expulsion hors de la Syrie de tous les combattants étrangers.

La concrétisation d’une vision strictement syrienne  de l’avenir de notre pays est le devoir de tous les Syriens. C’est pourquoi nos exigences se résument en ce qui suit :

1) seront invitées aux pourparlers de Genève III toutes les parties concernées par la tragédie syrienne. Une résolution immédiate et impérieuse de cessez-le-feu y sera adoptée et un gouvernement de transition jouissant de toutes les prérogatives gouvernementales sera constitué dont les premières missions seront d’unifier les communautés nationales et de les mobiliser contre l’obscurantisme sectaire ;
2) les résolutions adoptées lors de Genève III et leurs dispositions (concernant en particulier le programme et les prérogatives du gouvernement de transition, le cessez-le-feu, l’arrêt des envois d’armement et l’expulsion de tous les combattants étrangers) seront avalisées par l’adoption d’une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU sous l’empire du chapitre 7 (impliquant le recours à la force armée contre toute partie y contrevenant ou n’obtempérant pas) ;
3) le Gouvernement de transition jouissant de toutes les prérogatives sera chargé d’administrer la Syrie durant une période de deux ans en commençant par décider d’un plan garantissant une vie normale et en sécurité à tous les Syriens, la réforme des institutions militaires et sécuritaires, la reconstruction du pays, le rapatriement des exilés chez eux, la résolution de leurs problèmes de logement et leur juste dédommagement, la mise au point d’une nouvelle constitution, la préparation d’élections législatives et d’élections présidentielles et la réforme des institutions de l’Etat avec insistance sur la réforme des institutions légales, la définition d’un programme exhaustif et cohérent de justice transitionnelle, garantissant que les coupables des crimes perpétrés sur le territoire syrien (incluant les crimes à caractère ethnique ou confessionnel, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, dont les massacres de masse, l’épuration ethnique et les déplacements de population forcés) seront jugés.

(Remarque : Les signataires élieront un secrétariat provisoire qui aura pour mission de faire parvenir cette déclaration aux médias, aux réseaux sociaux, aux représentations diplomatiques et aux dirigeants mondiaux, aux responsables du dossier syrien dans tous les pays, ainsi qu’à toutes les personnalités concernées par celui-ci dans le monde entier.)

Liste des premiers signataires :

Adonis (poète syrien résidant à Paris)
Bassma Kodmani, Directrice de recherches- Paris
Michel Kilo, Intellectuel et homme politique-Paris
Abdulatif Isreb
Hayyan Zouhour
Najati Tayyara
Samih Ghazal
Nazih Kussaibi
Fouad Abdel-Massih
Nashwan al-Ghanem
Khaldoun Zreik
Iyad al-Hallaj
Samira Al-Mubayed
Jamal Eddin al-Qasimi
Mazen Hakki
Nakhlé Hanna
Anisseh Adham
Ibrahim Adham
Fawaz Esreb
Baraat Arabi Katbi
Julien Jamal Salloum
Samir Seifan
Majd Isreb
Adib Koudair