La naturalisation des réfugiés syriens est envisagée par les autorités turques

Article  •  Publié sur Souria Houria le 31 mars 2017

Entre une indéniable contribution des réfugiés syriens à l’économie turque et des tiraillements politiques internes

La naturalisation des réfugiés syriens est envisagée par les autorités turques

par Saïd Abdal-Râziq traduit de l’arabe par Marcel Charbonnier

in Al-Sharq al-Awsat, 25 mars 2017

 

Une étude académique turque récemment publiée compare la situation des réfugiés syriens vivant en dehors des camps de réfugiés dans ce pays à celle des kurdes du sud-est de la Turquie après que ceux-ci eurent été forcés à quitter cette région dans les années 1970 et à s’installer à Istanbul et dans les départements de l’ouest du pays. Dans l’agglomération stambouliote, leur nombre dépassa dès lors celui de ceux qui vivaient encore à Diyarbakir (la plus grande concentration kurde en Turquie) et il n’est plus question pour eux de repartir vers les villes et les régions dont ils étaient originaires (en dépit de lois qui les y incitent). Actuellement, le nombre des déplacés et des réfugiés syriens vivant en Turquie dépasse les trois millions. Sur ces trois millions de réfugiés syriens, 1 330 000 ont moins de 18 ans, et parmi ceux-ci 500 000 sont âgés de 6 à 18 ans. Ils reçoivent un enseignement dans les écoles turques et dans des centres provisoires ; ce sont près de 9 500 enseignants syriens qui sont chargés de le leur dispenser.

 

تجنيس اللاجئين السوريين يشغل تركيا

Ankara. Saïd Abdal-Râziq

Depuis qu’elle a été évoquée pour la première fois (lors du mois de Ramadan de l’année dernière) par le Président turc Recep Tayyip Erdoğan au cours d’un repas de rupture du jeûne organisé dans la ville (frontalière avec la Syrie) de Kilis, dans le sud de la Turquie, la question de la naturalisation des Syriens réfugiés en Turquie  a donné lieu à des controverses et à des philippiques entre le gouvernement et l’opposition turcs.

Cette question est devenue un sujet de conversations omniprésent en Turquie, sur un ton plus ou moins apaisé ou polémique, en fonction du moment. Ajoutez à cela le fait que la question des réfugiés syriens n’est plus seulement associée à la compétition politique interne à la Turquie, mais qu’elle devient de plus en plus souvent un « instrument de pression » qu’Ankara brandit sous le nez de l’Union européenne à chaque fois qu’éclate une crise, à chaque tension ou à chaque coup de froid dans leurs relations bilatérales.

Il convient de rappeler que la Turquie est l’un des pays qui accueille sur son sol le plus grand nombre de réfugiés syriens depuis que la Révolution a éclaté en Syrie, en mars 2011 – une Révolution qui se poursuit, ininterrompue, depuis six années. Le nombre des réfugiés syriens dûment enregistrés en Syrie atteint désormais les 3 millions de personnes. Une étude récemment publiée par l’Université turque d’Ankara-Hacettepe a appelé à ne plus invoquer la vision traditionnelle des réfugiés dès lors qu’il s’agit des Syriens, car ceux-ci ont dû fuir la guerre qui sévit dans leur pays pour trouver refuge en Turquie, pays limitrophe. Cette étude exhorte tant le gouvernement que le peuple turcs à se préparer, ne serait-ce que psychologiquement, à admettre la forte probabilité que la majorité des Syriens réfugiés en Turquie y resteront définitivement, car ils ne pourront pas repartir s’installer dans leur pays. Les déclarations des responsables du gouvernement turc ne sont pas très éloignées de la conclusion de cette étude académique. Ainsi, le vice-Premier ministre turc, M. Numan Kurtulmuş (qui est aussi le porte-parole du gouvernement) a déclaré : « Le réalisme commande que nous nous habituions à vivre ensemble [avec les réfugiés syriens] en Turquie… ».

M. Numan Kurtulmuş, porte-parole du gouvernement turc

 

Un retour en Syrie peu probable

L’étude mentionnée a comparé la situation des réfugiés syriens vivant en dehors des camps de réfugiés en Turquie à l’expérience vécue par les Kurdes chassés des régions du sud-est de la Turquie dans les années 1970 vers la ville d’Istanbul et vers les départements de l’ouest du pays. Le nombre des kurdes vivant à Istanbul avait alors dépassé celui des kurdes qui vivaient encore à Diyarbakir, la plus grande des villes majoritairement peuplées de kurdes (située dans le sud-est de la Turquie). Il n’est plus question d’un retour de ces kurdes déplacés vers leurs villes d’origine, bien que des lois les y incitant aient été adoptées.

La même étude a indiqué qu’étant donné que 13 % des Syriens réfugiés en Turquie vivent dans des camps, tous les autres (l’immense majorité, donc) se sont habitués à vivre dans les villes turques où ils constituent un milieu social dans lequel ils vivent bien, ayant créé des relations sociales et économiques et la plupart d’entre eux étant très motivés pour apprendre le turc. Ils ont été aidés en cela par le bon accueil que leur a réservé le peuple turc et par l’absence de toute manifestation marquante de rejet de sa part à leur égard, à l’exception de rares cas qui ne traduisent en rien l’état d’esprit de la grande majorité de la population turque.

L’étude considère qu’étant donné qu’aucune solution ne se profile à l’horizon en Syrie et que la reconstruction de ce pays exigera beaucoup de temps (même après un règlement du problème), les familles syriennes qui ont entièrement refait leur vie et qui ont passé six années en Turquie pourront difficilement être contraintes à repartir en Syrie après autant d’années.

 

Des apports économiques

L’étude de l’Université Hacettepe a mis en évidence un phénomène frappant : dans les villes qui ont accueilli les plus importantes vagues d’immigrés, en particulier celles du sud de la Turquie comme Kilis, Gaziantep et Adiyaman, le taux de chômage a diminué, alors que ces taux ont augmenté, en Turquie, de manière générale, en raison de la crise économique, atteignant selon les statistiques les plus récentes (elles ont été rendues publiques la semaine passée) 12,7 %, ce qui est un chiffre inquiétant, que l’on ne connaissait plus en Turquie depuis plusieurs décennies…

Par ailleurs, d’autres études ont montré que les investissements syriens en Turquie ont été multipliés depuis le début (en 2011) des manifestations qui se sont transformées en une rébellion armée contre le régime de Bachar al-Assad. Ainsi, d’après les rapports de l’Union des Chambres de Commerce et des places boursières de Turquie, le nombre d’entreprises détenues par des Syriens depuis 2011 a atteint à la fin de l’année dernière le nombre de 4 450, pour des capitaux propres atteignant près de 700 millions de livre turques (180 millions d’euros).  En Turquie, un quart des investisseurs étrangers sont des Syriens.

Il faut savoir que l’économie turque a besoin non seulement d’investisseurs, mais aussi de consommateurs, sachant que le pays souffre d’une récession économique du fait qu’il subit directement des dommages causés par la crise syrienne, auxquels il faut ajouter des troubles internes depuis l’échec de la tentative de coup d’état perpétrée à la mi-juillet 2016.

De manière générale, la grande majorité des cas de refuge se concluent par une installation définitive en Turquie soit au travers d’une naturalisation soit du fait de l’octroi d’un titre de séjour permanent au réfugié. Les cas de retour de réfugiés en Syrie se limitent pratiquement aux personnes ayant été chassées de chez elles par des affrontements armés de courte ou de moyenne durée (mais, a contrario, dans des cas d’engagements armés au long cours, le retour quasi impossible de réfugiés dans un pays étranger n’aboutit pas nécessairement à une naturalisation dans les pays de refuge : ainsi, dans la crise palestinienne, les réfugiés palestiniens n’ont reçu la nationalité d’aucun des pays arabes où ils ont trouvé refuge, à la seule exception notable de la Jordanie).

 

Un motif de dissensions politiques

Le feuilleton de la controverse en cours en Turquie au sujet de l’octroi de la nationalité turque aux réfugiés syriens dans ce pays se poursuit. Il ne  fait que s’envenimer depuis que le président Erdoğan a évoqué publiquement cette possibilité pour la première fois. Dernièrement, le préfet d’Istanbul, M. Vasip Şahîn, a indiqué que les dossiers de deux mille familles syriennes avaient été transmis au ministère turc de l’Intérieur afin qu’ils soient examinés. Mais le vice-Premier ministre Veysi Kaynak s’est empressé d’affirmer qu’aucun réfugié ne se verrait décerner la nationalité turque tant que le referendum sur la Constitution n’aura pas été réalisé. Mentionnons que les propos du préfet d’Istanbul ont été prononcés dans un contexte politique et social brûlant marqué par de fortes tensions prêtes à exploser, à moins de deux mois de la tenue du referendum sur la modification de la constitution prévu pour le 16 avril, les amendements de la constitution devant renforcer les prérogatives du président de la République, faisant passer la Turquie du régime parlementaire de mise depuis la fondation de la République turque (en 1923) à un régime présidentiel.

Vasip Şahin, préfet d’Istanbul

Veysi Kaynak, vice-Premier ministre de Turquie

Il faut savoir que la majorité des partis politiques de Turquie, à  l’exception du parti Justice et Développement (AKP) aujourd’hui au pouvoir, sont opposés à la naturalisation des réfugiés syriens. M. Devlet Bahçeli, président du Parti du mouvement national a qualifié d’« irresponsable »cette initiative, le jour même où M. Erdoğan l’a annoncée, ajoutant qu’elle « menaç[ait] la paix civile ». Rappelons aussi cette polémique, en juillet 2016, lorsque M. Erdoğan avait déclaré (lors d’un repas de rupture du jeûne du mois de Ramadan, à Kilis, ville frontalière de la Syrie) son intention d’accorder la nationalité turque aux Syriens réfugiés dans son pays. Le président turc a par la suite insisté à plusieurs reprises, dans ses discours et dans ses déclarations, sur le fait que sa politique de naturalisations se concentrerait fondamentalement sur les « personnes possédant des compétences et ayant des références scientifiques », notamment les médecins, les ingénieurs et les enseignants –en plus des investisseurs. Et, de fait, le gouvernement turc a déjà pris des initiatives permettant d’engager des universitaires syriens dans les facultés de Turquie. Il a, de même, ouvert largement les portes de ses hôpitaux aux médecins syriens, qui sont nombreux à y travailler aujourd’hui. Actuellement, se sont quelque 540 000 Syriens qui vivent dans la seule agglomération d’Istanbul !

Devlet Bahçeli

Par ailleurs, les partis politiques turcs réticents en matière de naturalisation de réfugiés syriens (ou écartant totalement celle-ci) considèrent que l’initiative que pourrait prendre l’AKP (parti au pouvoir) de les naturaliser viserait de fait à augmenter le pourcentage des votes favorables aux révisions de la constitution qu’Erdoğan espère imposer par la voie référendaire. Mais le vice-Premier ministre Veysi Kaynak minimise les commentaires acerbes qui ont fait suite à son annonce de l’envoi de dossiers de familles syriennes réfugiées au ministère de l’Intérieur pour y être examinés. Il a affirmé que la nationalité turque ne sera accordée à aucun Syrien avant la date du referendum (le 16 avril, NdT). Le but de ces déclarations est évidemment d’empêcher les opposants à la réforme de la Constitution d’utiliser toute initiative officielle ou toute ambiguïté risquant d’en découler en vue d’une mobilisation populaire contre le gouvernement. M. Veysi Kaynak a d’ailleurs déclaré que son intervention visait à éviter au gouvernement des accusations de naturalisation de réfugiés syriens à des fins purement électoralistes.

 

Vers un referendum sur la naturalisation des réfugiés ?

Dans le même ordre d’idées, le débat autour de la naturalisation des Syriens réfugiés en Turquie a conduit M. Kemal Kılıçdaroğlu, le président du Parti Républicain du Peuple (le plus grand parti de l’opposition turque) à exiger que le peuple soit consulté à ce sujet au moyen d’un referendum avant que l’octroi de la nationalité turque aux Syriens soit légalisé. Mais le vice-Premier ministre Nurettin Canikli a indiqué que « cette question n’est pas inscrite, pour le moment, à l’ordre du jour des travaux du gouvernement ». Il a ajouté que « la Turquie prendra sa décision (à ce sujet) en se fondant sur l’étude des intérêts et des avantages d’une telle initiative, dans l’intérêt supérieur du pays ». Mais, dans le même temps, il a considéré que l’appel lancé par M. Kılıçdaroğlu incarne « une tentative de diversion et une fuite politique n’hésitant pas à jouer sur la corde des questions sensibles pour nos concitoyens ».

Kemal Kılıçdaroğlu

Nurettin Canikli

Mais revenons au vice-Premier ministre Veysi Kaynak. Celui-ci affirme que 20 000 familles syriennes (soit au total 80 000 personnes) remplissent les conditions requises pour l’obtention de la nationalité turque et que le fait d’accorder ‹celle-ci à ces réfugiés ne les destituerait pas de leur nationalité syrienne d’origine, contrairement à ce que préconise la constitution turque aujourd’hui en vigueur. Il attire l’attention sur le fait que ce nombre réduit d’impétrants à la nationalité turque ne risque aucunement d’influer sur le résultat du referendum sur la modification de la constitution et que leur naturalisation pourrait intervenir sans problème avant la date retenue pour celui-ci.

Néanmoins, M. Erdoğan Toprak, un député en vue du Parti  Républicain du Peuple (opposition  de gauche démocratique) a mis en garde contre un risque de « changements démographiques » dans nombre de départements de la Turquie au cours des années à venir, si les Syriens obtenaient la nationalité turque à partir du 29 avril…

Toprak a accusé le parti Justice et Développement (AKP, au pouvoir) de tenter de conquérir de nouveaux votes en augmentant son électorat de près d’un million de voix, au minimum, en vue des élections législatives et présidentielles de 2019, ajoutant : « Attendons-nous à voir chez nous des maires syriens, et même des députés syriens ! »

Erdoğan Toprak

Par ailleurs, M. Toprak a attaqué l’accord sur les réfugiés et leur réadmission en Turquie, que ce pays a conclu avec l’Union européenne, qualifiant celui-ci de « suicidaire » et de « faute impardonnable ». Il considère que la Turquie accueille près de 3 millions de réfugiés syriens, auxquels il faut ajouter leurs enfants nés en Turquie et les réfugiés irakiens, ce qui porte le nombre total des réfugiés vivant en Turquie à plus de 3 500 000 personnes. De plus, après l’entrée en vigueur de l’accord sur la réadmission en Turquie des réfugiés syriens (partis en Europe), le nombre des réfugiés en Turquie atteindra dès l’année prochaine 4 millions de personnes.

Il convient de noter, que les Syriens réfugiés en Turquie sont au nombre de 580 866 hommes et 1 376 588 femmes. Selon la Direction de l’Immigration, leur nombre a connu une forte augmentation ces dernières semaines. Alors que le nombre des personnes bénéficiant de la loi turque de protection temporaire atteignait 14 000 personnes en 2012, ce nombre a atteint 2 957 454 personnes au mois de février de cette année.

Parallèlement, la direction du point frontalier de Bâb al-Hawâ (entre la Syrie et la Turquie) a annoncé qu’elle avait décidé de cesser d’enregistrer les demandes de regroupement familial entre les Syriens réfugiés en Turquie et leurs proches restés sur le territoire syrien. La Turquie avait annoncé qu’elle donnerait aux réfugiés syriens la possibilité de faire venir en Turquie leurs proches restés en Syrie de manière régulière, tout en continuant à maintenir fermés les points de passage transfrontalier de Bâb al-Hawâ et e Bâb al-Salâma.

 

Une carte à jouer refusée

Sur un autre plan, au plus fort de la crise entre la Turquie et un certain nombre de pays européens à cause des campagnes de soutien à la révision constitutionnelle qui fera prochainement l’objet d’un référendum en Turquie, Ankara a laissé entendre qu’elle « envisageait d’annuler » l’accord sur les réfugiés et sur la réadmission de certains d’entre eux [en Turquie] signé par la Turquie et l’Union européenne le 18 mars 2016. La Turquie, en vertu de cet accord, s’était engagée à renforcer son contrôle sur ses frontières maritimes et à démanteler les réseaux des passeurs qui ont aidé des migrants à traverser la mer Égée et à se rendre en Grèce, ce pays étant considéré comme le point de départ de leur migration vers plusieurs pays européens.

Par la suite, le Parti Républicain du Peuple et le Parti Démocratique des Peuples (soutenant les Kurdes de Turquie) ont impliqué les réfugiés dans la crise qui a éclaté, voici de cela quelques semaines, entre Ankara et plusieurs pays membres de l’Union européenne, à la suite des déclarations du ministre des Affaires sur   européennes et grand négociateur pour l’entrée de la Turquie dans l’UE, M. Ömer Çelik, qui a appelé à reconsidérer cet accord. Le vice-président de la Commission parlementaire chargée du développement des relations de la Turquie avec l’Union européenne et député du Parti Républicain, M. Özkan Yalım, ainsi que la vice-présidente du groupe parlementaire de ce parti, Mme Filiz Kerestecioğlu, ont critiqué les déclarations de M. Çelik, indiquant que le problème de l’immigration et des réfugiés « ne doit pas faire partie des marchandages politiques entre des États impliqués dans des crises diplomatiques ».

Ömer Çelik

Özkan Yalım

 

Mme Filiz Kerestecioğlu

 

Le défi de l’éducation

Sur ces entrefaites, au milieu de ces controverses autour de la question de la naturalisation turque des réfugiés syriens en Turquie, qui ne concerne pas tous les réfugiés, seuls devant en bénéficier ceux qui ont des compétences et des spécialités rares ou des hommes d’affaires dont la Turquie entend retirer un certain profit, il y a d’autres questions sur lesquelles le gouvernement turc travaille afin d’améliorer la situation des réfugiés, au premier rang desquelles l’enseignement, qui représente un énorme défi.

Début 2016, les autorités turques ont mis au point une feuille de route en vue de l’intégration de quelque 620 000 enfants syriens dans les programmes éducatifs des écoles turques, en assurant des salaires à un grand nombre d’enseignants syriens et en ouvrant cent nouvelles écoles. Le ministère turc de l’Éducation nationale a mis au point un ensemble de réformes permettant cette intégration. Le conseiller du ministère turc de l’Éducation, M. Yusuf Büyük, a déclaré que l’objectif visé était de scolariser 450 000 enfants syriens. Il a indiqué qu’actuellement seulement 75 000 enfants syriens étudient dans les écoles de Turquie, 310 000 enfants n’ayant pas effectué leur rentrée. Les autres reçoivent un enseignement dans des écoles ayant été créées par des bénévoles syriens.

Büyük a attiré l’attention sur le fait que le gouvernement turc consacrera les aides financières reçues de l’Union européenne à la construction d’écoles après qu’il eut décidé de fermer les écoles syriennes en Turquie et d’intégrer les enfants syriens dans les écoles officielles turques, et ce, dans tous les cas où des terrains seront disponibles pour ce faire dans les villes où vivent un nombre important de réfugiés syriens.

Yusuf Büyük

Et, effectivement, le gouvernement turc avait fini de construire cent nouvelles écoles à la fin de l’année dernière. De même, il a transformé 108 écoles appartenant au ministère de l’Éducation nationale situées dans 19 municipalités où vivent de nombreux réfugiés syriens en centres d’enseignement provisoires. Le ministère a également donné à près de 9 500 instituteurs et institutrices syriens la possibilité d’obtenir une licence d’enseignement officielle qui leur permet d’enseigner dans les nouvelles écoles ouvertes en 2016. M. Büyük a indiqué qu’après leur obtention de ce certificat de travail, ces enseignants pourront s’inscrire à la sécurité sociale et commencer à travailler dans les centres d’enseignement provisoires. Parallèlement, les professeurs d’arabe syriens recevront un salaire en contrepartie de leur enseignement de l’arabe dans les écoles turques formant des imams et des prédicateurs.

300 centres dispensent un enseignement en arabe correspondant aux programmes scolaires syriens. 9 500 enseignants syriens y travaillent sur la base du volontariat (ils perçoivent une aide de 900 livres turques de l’Unicef, mais pas de salaire régulier. Les élèves de ces centres sont au nombre de  près de 80 000 – ils doivent suivre 5 heures hebdomadaires obligatoires de cours de langue turque.

 

L’enseignement universitaire

Le président du Conseil de l’Enseignement supérieur turc, M. Yekta Saraç, a annoncé que le nombre des étudiants syriens inscrits cette année dans les universités turques atteint les 15 000. M. Saraç a mentionné lors de sa participation, la semaine dernière, à un congrès international organisé par ce Conseil à l’Université Mustafa Kemal dans le département du Hatay (Alexandrette, dans le sud de la Turquie) sous l’intitulé « Les étudiants syriens dans le système éducatif turc » que plus de 3 000 étudiants syriens ont obtenu une bourse d’étude au titre de l’année universitaire en cours.

Il a ajouté que le nombre des étudiants inscrits en mastère atteignait 1 149 et que 352 étudiants syriens préparaient un doctorat. Par ailleurs, près de 2 000 étudiants syriens étaient inscrits dans des universités privées.

Yekta Saraç

Le Président du Conseil de l’Enseignement supérieur turc a indiqué que les universités qui recevaient le plus d’étudiants syriens étaient celles d’Istanbul (1 927 étudiants), suivies de celles de Gaziantep (1 680 étudiants), de Karabük, de Mersin, de l’Université Sütçü Imam de Kahramanmaraş, de l’Université Inönü de Malatya et de l’Université de la Çukurova (Adana).

Saraç a précisé que le nombre des académiques syriens qui enseignent dans les universités turques atteint 392, dont 327 dans des universités de l’État et 65 dans des  universités privées. Il a ajouté que le nombre des réfugiés syriens de moins de dix-huit ans atteignait en Turquie 1 330 000 personnes et que près de 500 000 de réfugiés âgés de 6 à 18 ans y reçoivent un enseignement, parmi lesquels 186 000 étudient dans des écoles turques, les autres fréquentant les écoles construites à l’intérieur des centres d’hébergement.