Syrie: Aide humanitaire – Par France Diplomatie

Article  •  Publié sur Souria Houria le 24 avril 2012

POINT DE PRESSE DU 20 AVRIL 2012
DÉCLARATIONS DU PORTE-PAROLE

En marge de la réunion ministérielle consacrée àla Syriequi s’est tenue hier au Quai d’Orsay, le Centre de crise du ministère des Affaires étrangères et européennes a réuni le 19 avril des ONG françaises autour de M. Éric Chevallier, ambassadeur de France en Syrie, pour évoquer la situation humanitaire dans ce pays.

La dégradation continue de la situation humanitaire est très préoccupante près d’une semaine après la prétendue acceptation du plan de M. Kofi Annan par les autorités syriennes.

La liste des victimes s’allonge quotidiennement et la répression dans ce pays a fait à ce jour plus de 11.000 morts et des dizaines de milliers de blessés.

Plus d’un million de Syriens sont aujourd’hui affectés directement ou indirectement par les violences. Ils connaissent désormais de graves problèmes d’accès aux soins et à l’alimentation car les autorités de Damas continuent d’imposer des restrictions inacceptables à l’action des organisations humanitaires sur le sol syrien.

Enfin, 200.000 Syriens ont dû quitter le pays pour se réfugier dans les pays voisins, Turquie, Jordanie et Liban. 60.000 d’entres eux sont assistés par le Haut Commissariat aux réfugiés, les autres sont accueillis dans des familles.

Le 14 février, le ministre d’État avait annoncé sa décision de créer un fonds humanitaire de 2 millions d’euros au bénéfice dela Syrie. Lescrédits disponibles sur ce fonds ont été alloués à parts égales entre des organisations internationales, des organisations non gouvernementales et des associations locales qui interviennent au bénéfice des populations syriennes.

Q – Sur le projet de résolution sur lequel vous travaillez en ce moment, le ministre parlait hier de trois à quatre cents observateurs, ce matin, il indiquait qu’ils pourraient être cinq cents. Avez-vous un chiffre exact dans ce projet ? Pouvez-vous nous dire quand il sera prêt à être voté ?

De plus, le ministre a parlé ce matin des observateurs qui devrait faire respecter la liberté de manifester. Cela fera-t-il partie du projet de résolution et comment vont-ils pouvoir faire cela sans armes ? Aussi, je voulais savoir s’il y avait des Français en partance parmi les observateurs ?

R – S’agissant des délais, le plus rapidement possible. Nous sommes dans une phase de consultation et de rédaction active avec nos partenaires. Cette consultation au plus haut niveau qui a débuté hier, ici au Quai d’Orsay, va évidemment se poursuivre à New York. Pour nous, le délai doit être le plus rapide possible. En ce qui nous concerne, il y a la volonté d’aller très vite.

S’agissant des chiffres, je m’en tiens à ce qu’a dit ce matin le ministre sur BFM. Ceci fera également l’objet de discussions. Dans ces circonstances, il est important de prendre en compte les recommandations qui sont faites par les éléments précurseurs qui sont sur place. La discussion se nouera non seulement autour du chiffre, il est important bien sûr, mais il ne faut pas se focaliser seulement là-dessus, il faut également déterminer un certain nombre de paramètres logistiques. Qu’il y ait des observateurs, c’est bien, mais il faut qu’ils puissent se déplacer, d’où la question de moyens de transport à la fois terrestres et aériens. Il faut aussi que les observateurs puissent se parler, donc qu’ils aient des moyens de communication. Ces paramètres logistiques doivent également être ajustés.

Ce qui nous anime, c’est l’urgence. Il faut donner toutes ses chances au plan Annan parce que ce plan est la dernière chance pour la paix. Cela passe par l’envoi rapide d’une mission robuste et crédible d’observation conformément aux recommandations du Secrétaire général des Nations unies du 18 avril. Cette mission aura pour objectif de surveiller le respect du cessez-le-feu, la mise en œuvre d’une cessation complète des violences et de l’ensemble des dispositions du plan Annan, qu’il s’agisse de la libération des détenus, d’une liberté réelle et absolue de manifestation ou de l’accès humanitaire.

Telles sont les conditions pour qu’aboutisse un processus politique crédible en réponse aux aspirations légitimes du peuple syrien.

C’est la raison pour laquelle, comme nous en sommes convenus avec ceux qui étaient autour de la table hier à Paris, nous sommes en train de finaliser un projet de résolution. Nous voulons aller vite, avec un objectif qui est d’avoir une mission d’observation telle que je l’ai décrite et qui disposerait, comme l’a rappelé Alain Juppé ce matin, des moyens de mener à bien sa mission.

Q – Hier, tout le monde était là sauf la Russieet la Chine. Vousparlez d’une résolution, ce matin encore, à travers les médias, on comprend que les Syriens ont demandé au moins une intervention sans passer par le Conseil de sécurité parce que les deux pays vont opposer leur veto. Comment peut-on trouver une solution pour aller plus vite comme vous venez de le dire ?

R – Je vous rappelle qu’après avoir très longtemps dénoncé le silence du Conseil de sécurité, nous sommes parvenus à l’adoption d’une résolution à New York la semaine dernière, la 2042. Il n’y a donc pas de fatalité ou de résignation. Au contraire, nous continuons à être mobilisés, à travailler, à convaincre. C’est cela le travail de la diplomatie.

Avant d’adopter cette résolution, il y a eu la réunion ministérielle du G8 à Washington. En marge de cette réunion, Alain Juppé s’était entretenu avec M. Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe et ils étaient tombés d’accord sur la nécessité et la pertinence d’avoir des observateurs sur place. Il faut donc continuer à travailler dans cette direction avec ceux qui pourraient avoir des réticences mais avec à l’esprit, le sens de la responsabilité, de l’urgence, le sens d’une mobilisation absolument nécessaire. Deux choses sont en jeu, l’objet de tous nos efforts depuis des mois, faire cesser la violence dans ce pays et il faut parvenir à faire aboutir le plan Annan. C’est la raison pour laquelle nous avons réitéré, hier encore, notre soutien à ce plan et notre engagement pour qu’il puisse être respecté. Encore faut-il que nous puissions avoir sur place, conformément à ce qui a été décidé par les Nations unies, une mission d’observateurs qui puisse faire son travail. C’est ce à quoi nous travaillons aujourd’hui.

Q – Quelle est votre évaluation des possibilités d’un recours au chapitre VII évoqué par Mme Clinton hier et commenté plutôt favorablement pendant la conférence de presse par M. Juppé ?

R – Il s’est exprimé sur cette question. Je ferai une réponse en deux temps. La priorité de ce que nous faisons aujourd’hui, cela se passe à New York au Conseil de sécurité pour faire avancer et adopter cette résolution sur la mission des observateurs. Derrière tout cela, il y a le plan Annan qui est la dernière chance pour la paix. C’est également ce qu’a indiqué Mme Clinton hier.

 

Source: https://pastel.diplomatie.gouv.fr/editorial/actual/ael2/pointpresse.asp?liste=20120420.html#Chapitre5