Bachar Al Assad ne fait pas la guerre aux salafistes mais à la liberté

Article  •  Publié sur Souria Houria le 13 novembre 2011

Bachar Al Assad ne fait pas la guerre aux salafistes mais à la liberté

Depuis les premiers jours de la contestation en Syrie, Bachar Al Assad et ses complices n’ont à la bouche qu’un seul et unique refrain, celui de la présence dans le pays de « terroristes islamistes salafistes ». Il s’agirait tantôt de membres de l’association interdite des Frères Musulmans, tantôt de suppôts du cheykh radical Adnan Al Arour, tantôt de mercenaires à la solde de l’Arabie saoudite, tantôt d’agents au service des intérêts israéliens et américains… Ce serait contre eux que les forces syriennes de sécurité interviendraient, dans le noble objectif de « libérer les populations » de ces intrus malfaisants.

La reconnaissance, tardive et du bout des lèvres, de « revendications légitimes » de la part de certaines catégories de la population syrienne n’a nullement rendu ce refrain obsolète. Puisque la lutte anti-terroriste ne ciblait que ces bandits, auxquels la propagande officielle n’avait pas tardé à attribuer toute une série de méfaits attestés par des témoins enturbannés ou ensoutanés à la moralité indubitable, on aurait pu s’attendre à ce que la répression se restreigne désormais à ceux qui entendaient envoyer « les chrétiens à Beyrouth et les alaouites au tabout« , c’est-à-dire ad patres.

Or voici qu’une énième séquence filmée et diffusée par des militaires fiers de leurs exploits vient apporter la preuve qu’il n’en est rien. Contrairement aux déclarations de Bachar Al Assad, qui n’en est pas à son premier mensonge, c’est une toute autre guerre que mène la glorieuse armée syrienne… loin du Golan et des frontières du seul pays avec lequel la Syrie est encore officiellement en conflit.

Les soldats ou officiers que ce film nous montre n’accusent pas une seule fois les jeunes gens sur lesquels ils se déchainent avec brutalité et une extrême grossièreté de langage d’être des « terroristes islamistes salafistes ». Ils ne leur imputent aucun crime, aucune dégradation de biens publics, aucun comportement agressif contre d’autres Syriens. Le seul reproche qu’ils font à ceux qui leur sont livrés menottés, cagoulés et sans défense, et qui motive les gifles, les coups de poings, les coups de godillots, les coups de crosse, les écrasements… qu’ils leur font subir avant peut-être de les assassiner, est d’avoir osé « réclamer la liberté ».

Pas plus que les images d’Al Bayda et des mille autres forfaits auxquels se sont livrés depuis 8 mois les services syriens dits de sécurité, ce nouveau témoignage de la barbarie du régime ne convaincra ceux qui ne veulent pas admettre la véritable nature de ce qui se joue actuellement en Syrie. Il ne s’agit pas d’une guerre entre un pouvoir légitime et des terroristes venus de l’étranger ou recrutés sur place pour ébranler le seul régime à défendre l’honneur des Arabes, à se battre pour les Palestiniens, et à « résister » aux complots ourdis par ceux qui ne sont devenus les ennemis de Bachar Al Assad… que parce que celui-ci a été incapable d’en devenir l’ami. Il s’agit d’une lutte à mort engagée par un chef d’Etat dépourvu de sens politique et manquant de la plus élémentaire humanité contre certains de ses « sujets », qui ont osé réclamer la liberté et la dignité, puis qui, faute d’être entendus, en sont venus à lui demander de quitter un pouvoir auquel il avait été porté, il y a plus de dix ans, sans l’avoir mérité, et qui n’a rien fait depuis lors pour le mériter davantage.

Source : http://syrie.blog.lemonde.fr/2011/11/12/bachar-al-assad-ne-fait-pas-la-guerre-aux-salafistes-mais-a-la-liberte/

Date : 12/11/2011