Bachar al-Assad prône le «dialogue» et parle encore de «complot»

Article  •  Publié sur Souria Houria le 22 juin 2011

Le président syrien Bachar al-Assad, confronté à une contestation sans précédent, a réaffirmé que son pays faisait face à un «complot» et souligné que le pays était à un «tournant», dans un discours à l’Université de Damas retransmis par la télévision d’Etat.

Il s’agit de la troisième intervention publique de Assad depuis le début en mars du mouvement de contestation réprimé dans le sang par son régime.

Ce discours était très attendu car il devrait déterminer les choix futurs du régime face à la révolte qu’il a jusque-là tenté d’écraser au prix de centaines de morts.

Complot. «Il y a certainement un complot» contre la Syrie, a encore entonné le président syrien, comme lors de ses deux précédents discours. «Les complots sont comme des microbes qu’on ne peut éliminer, mais nécessitent que l’on renforce notre immunité».

«Je ne pense pas qu’il y ait eu un seul jour où la Syrie n’a pas fait l’objet d’un complot, que ce soit en raison de sa situation géographique ou en raison de sa position politique», a-t-il asséné.

Mais ce «complot» va rendre la Syrie «plus résistante», a-t-il estimé ajoutant que le pays se trouvait à un «tournant» après des «jours difficiles».

Réforme constitutionnelle. Bachar al-Assad a évoqué des réformes constitutionnelles et présenté une alternative: modification de certains articles, dont le numéro 8 qui consacre l’hégémonie du parti Baas, ou révision complète de la Constitution. Ce qui suppose, a-t-il dit, l’élection d’une Assemblée constituante. Le choix sera fait au terme du dialogue national mis en place par le président. Mais les membres de l’opposition ont jusque-là boycotté tout dialogue, exigeant que cesse d’abord la répression.

«Pas de développement sans stabilité, pas de réformes à travers le sabotage et le chaos», a toutefois prévenu le dirigeant syrien.

Participation citoyenne. Il a appelé à de multiples reprises les citoyens à participer à la vie politique, à exercer un contrôle pour lutter contre la corruption ordinaire, s’engageant de son côté à se charger de la corruption des hauts responsables.

Condoléances. Bachar al-Assad a présenté ses «condoléances aux familles des martyrs».

«Beaucoup d’amour». Se targuant d’avoir rencontré en personne les différentes composantes de la société syrienne, «ceux qui manifestent et ceux qui ne manifestent pas», il a dit avoir à cette occasion ressenti«beaucoup d’amour» à son endroit.

Appel au retour des réfugiés. Il a également invité «tous ceux qui ont quitté leurs villes et villages à revenir. Le retour des réfugiés est important, une ville meurt sans ses enfants. Certains essaient de faire croire que l’Etat va se venger. Je souhaite les voir bientôt en Syrie.»

-> Relire notre reportage à la la frontière turco-syrienne.

Les «saboteurs» seront punis. Etablissant une distinction entre les manifestants qui, a-t-il admis, ont des revendications légitimes et les«saboteurs», il a déclaré qu’il était «du devoir de l’Etat de tenir les saboteurs pour responsables et de les poursuivre, il n’y a pas de solution politique avec ceux qui ont porté les armes».

«Les responsables de l’effusion de sang rendront des compte», a-t-il encore affirmé, alors que la répression des manifestations depuis le 15 mars ont fait plus de 1.300 morts parmi les civils selon des ONG syriennes.

Réformes économiques. «Il faut oeuvrer pour redonner confiance à l’économie syrienne car il existe un danger d’effondrement», a indiqué le président. «La Syrie doit rechercher un nouveau modèle économique, dans le passé c’était le modèle socialiste, certains disent que ce type de système est mort. Il faut rechercher un modèle qui convienne à la Syrie», a-t-il développé.

Réactions. Les militants pro-démocratie ont vite réagi: les Comités locaux de Coordination (LCC Syria), une ONG syrienne qui chapeaute les militants organisant les manifestations dans le pays, ont indiqué que le discours d’Assad «consacre la crise» qui secoue le pays depuis plus de trois mois. Ils appellent «à poursuivre la révolution jusqu’à la réalisation de tous ses objectifs» et jugent «inutile» tout dialogue qui n’impliquerait pas un changement de régime.

 

Source : Liberation
Date : 20/6/2011
http://www.liberation.fr/monde/01012344370-bachar-al-assad-la-syrie-fait-face-a-un-complot