Brèves syriennes (2). Tribunal religieux islamique et protection des églises – par Ignace Leverrier

Article  •  Publié sur Souria Houria le 13 février 2013

Comme le montre un document reproduit sur le site Halab News Network, le tribunal religieux central mis en place dans la région située à l’ouest d’Alep pour pallier à la carence temporaire des tribunaux civils dans cette partie de la Syrie a diffusé, le 5 février, une circulaire imposant ce qui suit :

Circulaire du tribunal religieux d’Alep Ouest

« Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.
Le Tribunal religieux central compétent pour la région située à l’ouest d’Alep ordonne à toutes les formations militaires d’assurer la protection des lieux de culte et des écoles privées appartenant à l’ensemble des religions révélées. Il attire en particulier l’attention sur le Couvent des Sœurs du Rosaire, situé dans la région de Hawar.
Ceux qui failliront à leurs obligations devront en assumer la responsabilité ».

Des décisions identiques avaient déjà été prises par le Conseil Juridique unifié et par les Cours de Justice d’Alep et de sa région.

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Cette décision ne suffira certainement pas à mettre fin à toutes les exactions qui se sont multipliées ici et là, à Alep et à travers la Syrie, contre des lieux de culte en général, et en particulier contre les églises, les chapelles et les couvents. La présence dans ces lieux d’objets de valeur, ornements, icônes et vases sacrés, qui constituent des tentations en ces temps de difficultés économiques généralisées, est de nature à attiser l’appétit des voleurs… dont il serait imprudent d’imputer systématiquement les méfaits à une appartenance communautaire plutôt qu’à une autre. Tout comme il est impossible d’affirmer a priori dans quel camp on doit ranger les hommes armés qui procèdent de temps à autre, dans l’espoir d’une rançon, à l’enlèvement de membres du clergé dans le nord (les Pères Michel Kayyal et Maher Mahfouz, près d’Alep, le 12 février) ou dans le sud (le Père Hasan Sleiman Al Tabara à Soueïda, le 12 février) du pays, et à la prise en otage de fidèles de toutes les confessions.

Mosquée et église détruites à Alep
(@ http://www.aztagarabic.com)

Ces voleurs ou ces ravisseurs sont peut-être des « rebelles », laissant libre cours à leur intolérance religieuse. Mais ils peuvent aussi bien appartenir au camp des partisans du régime, qui ont tout intérêt à entretenir la peur des minorités confessionnelles. Il peut s’agir enfin de « simples » malfaiteurs sans foi ni loi, dépourvus de toute idéologie et objectif politique, cherchant à tirer profit de la faiblesse des anciennes ou nouvelles autorités…

En tout cas et en attendant d’en constater les résultats, la diffusion de cette circulaire signifie au moins que, pour ce qui les concerne, les citoyens de la communauté majoritaire qui ont pris en charge la gestion de cette zone libérée souhaitent rassurer les communautés minoritaires. En premier lieu la communauté chrétienne, qui a expérimenté à Alep, au cours des derniers mois, les bombardements, les agressions, les meurtres, les pillages et les vols qui traumatisent partout ailleurs les Syriens depuis bientôt deux ans.

source : http://syrie.blog.lemonde.fr/2013/02/13/breves-syriennes-2-tribunal-religieux-islamique-et-protection-des-eglises/

date : 13/02/2013