Ces trois parlementaires français sur le chemin de Damas – par Céline Lussato

Article  •  Publié sur Souria Houria le 25 février 2015

Le socialiste Gérard Bapt et les UMP Jacques Myard et Jean-Pierre Vial se sont rendus dans la capitale syrienne. Une première depuis la rupture des rapports diplomatiques franco-syriens.

Depuis 2012 et la fermeture de l’ambassade française à Damas, aucun officiel français n’avait franchi le pas. Mais c’est chose faite : plusieurs députés et sénateurs se sont rendus dans la capitale syrienne cette semaine.

Il s’agit, selon nos informations, du député UMP Jacques Myard, du sénateur UMP Jean-Pierre Vial et du député PS Gérard Bapt. Le sénateur UDI et non moins vice-président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat Aymeri de Montesquiou, qui faisait partie un temps de la liste des participants, n’a finalement pas pu être du voyage.

Une visite qui surprend, quand on se souvient que les relations diplomatiques avec Damas avaient été rompues pour dénoncer la répression menée par le régime syrien contre les manifestations de l’opposition. Une répression plus que jamais en vigueur.

Confirmation de la « short list »

Les collaborateurs du député Jacques Myard ont confirmé à « l’Obs » le déplacement de l’élu.

Du côté du socialiste Gérard Bapt, on indiquait seulement mardi en milieu de journée que le député avait rejoint le Liban, sans confirmer toutefois qu’il ait franchi la frontière syrienne.

Néanmoins, l’ONG française « SOS Chrétiens d’Orient », proche des mouvances catholiques traditionalistes, qui a facilité des rencontres à Paris avec des dignitaires chrétiens syriens ces dernières semaines, a confirmé à « l’Obs » la participation de Jacques Myard, de Gérard Bapt et de Jean-Pierre Vial, également président du groupe France-Syrie au Sénat.

« SOS Chrétiens d’Orient », qui indique ne pas être à l’origine du déplacement parlementaire, confirme toutefois avoir servi de facilitateur pour certaines rencontres, « notamment des patriarches ou des représentants de l’opposition syrienne laïque historique », selon son président, Charles de Meyer.

Aucun message officiel français

Lors de son point de presse quotidien, lundi, le ministère français des Affaires étrangères, par la voix de son porte-parole adjoint, avait pris ses distances avec cette initiative en déclarant que les parlementaires concernés par ce déplacement n’étaient « porteurs d’aucun message officiel ».

Certains élus du voyage ont à plusieurs reprises pris des positions allant à l’encontre de la ligne officielle du gouvernement français qui a, de nombreuses fois, appelé au départ de Bachar al-Assad. Le député UMP Jacques Myard, lui-même vice-président du groupe d’amitié France-Syrie à l’Assemblée nationale, déclarait ainsi en décembre dernier :

On s’acharne à dire que les droits de l’homme sont bafoués par le régime Assad. Mais c’est un gouvernement qui a été légitimement élu ! »

Le député oublie visiblement les critiques internationales dénonçant le caractère bien peu démocratique des élections dans le pays.

De fait, malgré la montée en puissance de l’Etat islamique en Irak et enSyrie depuis l’été 2014, le chef de l’Etat François Hollande exclut toujours de renouer le dialogue et de coopérer avec Bachar al-Assad.

Céline Lussato 

Le quartier d'Arbin à Damas, dévasté par des bombardements du régime syrien. (Ammar El Bushy / Anadolu Agency / AFP)
Le quartier d’Arbin à Damas, dévasté par des bombardements du régime syrien. (Ammar El Bushy / Anadolu Agency / AFP)
date : 24/02/2015