Connais la vérité, tu connaîtra ceux qui la suivent – par Iyad*

Article  •  Publié sur Souria Houria le 6 juin 2011

A l’occasion du 22e anniversaire de la mort de l’Imam Khomeiny ce samedi 4 juin, le Guide suprême du régime iranien, l’Ayatollah Ali Khamenei déclara que l’Iran soutenait « tout mouvement populaire, islamique, anti-américain et antisioniste », mais qu’elle s’opposait à « tout mouvement provoqué par l’Amérique ou les Sionistes ». Il affirma que les mouvements populaires en Libye, Yémen et Bahrein « aboutiraient certainement à la victoire ». A propos du Bahrein, il déclara que son peuple vivait « sous une oppression absolue » et que ce qui s’y passait « n’était pas une question d’opposition chiite-sunnite, mais la question d’un peuple opprimé qui veut récupérer ses droits civils basiques dont il est privé, comme le droit de vote et le droit de participer à la formation du gouvernement ».
En revanche, Khamenei n’a rien dit sur le soulèvement béni du peuple syrien, et l’on se demande pourquoi ? Ces jeunes gens qui sortent jour après jour en offrant leurs vies et leur sang pour réclamer la dignité et la liberté, ne sont-ils pas eux-aussi les enfants « d’un peuple opprimé qui veut récupérer ses droits civils basiques dont il est privé » tout comme les enfants du peuple du Bahrein ? Ou bien seraient-ceux qui se sont soulevés au Bahrein des musulmans sincères, alors que ces jeunes syriens moudjahidine sans armes, les petits-fils d’Izz ed-Dine al-Qassam, seraient-ils des mécréants agents du sionisme et de l’impérialisme ? Khamenei, a-t-il oublié que ce fut le cousin du président syrien, un proche du premier cercle qui participe à la prise de décision, qui affirma que c’était le régime syrien actuel qui garantissait la stabilité de l’Etat d’Israël ? Khamenei, a-t-il aussi oublié, alors qu’il soutient le soulèvement au Bahrein, que le régime syrien par l’intermédiaire de son ministre des affaire étrangère, Walid al-Mouallem, avait apporté son soutien à l’entrée des forces du Bouclier de la Péninsule au Bahrein en déclarant que cette intervention fut « légale et non pas une invasion ».
Khamenei soutient la révolution libyenne contre le tyran Kadhafi, moi aussi, mais l’on ne peut que s’étonner comment il n’accuse pas la révolution des petit-filsd’Omar al-Mokhtar d’être l’agent de l’impérialisme alors que les avions de l’Occident bombardent les troupes de Kadhafi. A moins que ce ne soit pas une question de soutien à un peuple opprimé qui réclame ses droits, mais bien une question de vengeance personnelle contre Kadhafi accusé d’avoir assassiné l’imam al-Sadrdisparu en Libye en 1978. Si les révolutionnaires libyens furent contraints, par peur d’être exterminés par les forces de Kadhafi, de demander un soutien étranger, les libres de la Syrie qui se sont soulevés n’ont demandé et ne demandent que le soutien de Dieu, et s’il y a des personnes qui ont appelé à une intervention étrangère, ce sont des opportunistes qui n’ont aucun lien avec le soulèvement du peuple syrien, ils sont rejetés et n’ont aucun poids. Nous demandons donc au Guide suprême : Est-ce que l’assassinat d’une personne, aussi importante soit-elle, serait un crime impardonnable, alors que mépriser le peuple syrien, arrêter, torturer et tuer des milliers de ses enfants, serait une nécessité acceptable ?
Il se peut que l’ayatollah Khamenei changerait d’opinion à propos de la révolution libyenne s’il avait écouté le prêche de la prière de ce vendredi 3 juin à Benghazi où l’imam disait : « l’Etat que nous voulons est un Etat civil. Nous ne voulons pas d’Etat religieux dirigé par des ayatollah ».
L’Imam Ali a dit vrai en déclarant il y a quatorze siècles : « Ne cherche pas la vérité dans les hommes, mais connais la vérité, tu connaîtra ceux qui la suivent ».

06/06/2011
Iyad – * Activiste Syrien

p.s: l’article exprime seulement l’avis de son auteur