Extraits de « La Dame de Damas », la révolution syrienne en BD

Article  •  Publié sur Souria Houria le 23 août 2015

La BD a depuis longtemps gagné ses lettres de noblesse pour écrire l’Histoire. En voici un nouvel exemple avec « La Dame de Damas » que publie un couple de « récidivistes », notre blogueur et ami Jean-Pierre Filiu, historien et prof à Sciences-Po Paris, et l’auteur de BD Cyrille Pomès. Récidivistes car ils avaient déjà commis ensemble « Le Printemps des Arabes » en 2013.

La « Dame » en question, c’est la révolution (à laquelle Jean-Pierre Filiu a dédié une chanson du même titre) qui a débuté en Syrie en 2011, soulèvement populaire et pacifique contre un régime dictatorial en place depuis quatre décennies – de père en fils –, et qui s’est transformée en affrontement armé, ravageur, emportant tout sur son passage, à commencer par l’humanité de ses acteurs.

Le récit se déroule à Daraya, banlieue au sud-ouest de Damas, l’un des hauts lieux de la résistance à Bachar el-Assad. Il débute juste avant le soulèvement du printemps 2011, dans la foulée des révolutions tunisienne et égyptienne, et prend fin après l’attaque à l’arme chimique perpétrée à l’été 2013 par l’armée syrienne, et dont l’impunité restera comme l’un des tournants tragiques de ce conflit.

L’ONU impuissante, pathétique

Les « bonnes feuilles », que les éditions Futuropolis nous ont aimablement autorisé à reproduire, montrent en particulier un entretien par Skype entre un jeune activiste de Daraya et un représentant de l’ONU qu’il avait rencontré lors d’une mission dans le quartier au début des événements.

Ce représentant de l’ONU se révèlera dans le récit à l’image de son organisation, impuissante et pathétique, voire cynique.

Après avoir refermé « La Dame de Damas », je suis tombé sur le passionnant entretien accordé au site OrientXXI par Lakhdar Brahimi, l’ex-diplomate algérien qui fut l’émissaire de l’ONU en Syrie, d’août 2012 à mai 2014, et qui confie honnêtement :

« Nous nous sommes trompés. Tout le monde s’est trompé lamentablement à chaque fois, pas seulement en Syrie. »

« On peut mourir en silence, hein ? »

Avec des dessins d’un réalisme surprenant et des dialogues au plus juste, « La Dame de Damas » permet de comprendre l’engrenage fatal qui s’est joué en Syrie, la brutalité du régime, la naïveté, sans doute, des premiers révolutionnaires, la radicalisation, le poids des réseaux humains, familiaux.

Et la trahison de la communauté internationale qui fait dire à Karim, l’un des jeunes héros de l’histoire, lors de son échange avec le représentant de l’ONU :

« En attendant qu’Obama et Poutine tombent d’accord, on peut mourir en silence, hein ? »

Hélas, oui.

source : http://rue89.nouvelobs.com/rue89-culture/2015/08/20/exraits-dame-damas-revolution-syrienne-bd-260848

date : 20/08/2015

Extrait de « La Dame de Damas », de Jean-Pierre Filiu et Cyrille Pomès, éd. Futuropolis, août 2015

Extrait de « La Dame de Damas », de Jean-Pierre Filiu et Cyrille Pomès, éd. Futuropolis, août 2015

Extrait de « La Dame de Damas », de Jean-Pierre Filiu et Cyrille Pomès, éd. Futuropolis, août 2015

Extrait de « La Dame de Damas », de Jean-Pierre Filiu et Cyrille Pomès, éd. Futuropolis, août 2015

Extrait de « La Dame de Damas », de Jean-Pierre Filiu et Cyrille Pomès, éd. Futuropolis, août 2015