Human Rights Watch accuse Damas de crimes contre l’humanité – LEMONDE.FR avec AFP

Article  •  Publié sur Souria Houria le 11 novembre 2011

Malgré le plan de la Ligue arabe pour la sortie des violences, les civils continuent de mourir en Syrie. Dans un rapport (PDF) publié ce vendredi 11 novembre, l’ONGHuman Rights Watch (HRW) accuse le régime syrien de « crimes contre l’humanité »dans la ville de Homs, ses forces perpétrant de manière systématique des « abus »contre les civils dans leur répression du mouvement de contestation depuis huit mois.

Alors que la Ligue arabe se réunit vendredi et samedi pour discuter du dossier syrien, HRW reprend les revendications du CNS à son compte et appelle l’organisation panarabe « à suspendre l’adhésion de la Syrie ». L’ONG a aussi demandé à la Ligue arabe de réclamer à l’ONU un embargo sur les armes ainsi que des sanctions contre des membres du régime, et de déférer la Syrie devant la Cour pénale internationale (CPI).

« Le recours systématique aux abus contre les civils à Homs par les forces du gouvernement syrien, y compris la torture et les exécutions arbitraires, montre que des crimes contre l’humanité ont été commis », affirme l’ONG, qui indique que le mois de septembre a été le plus meurtrier, depuis le début de la contestation.

104 CIVILS TUÉS À HOMS DEPUIS LE 2 NOVEMBRE

Se basant sur des témoignages et des entretiens, elle indique que « 587 civils » ont été tués à Homs, haut lieu de la contestation, entre la mi-avril et la fin août, et au moins 104 depuis le 2 novembre, date de l’accord donné par le président Bachar Al-Assad au plan arabe prévoyant l’arrêt des violences. « Homs est le microcosme de la brutalité du gouvernement syrien », écrit Sarah Leah Whitson, la responsable de la section Moyen-Orient à HRW.

L’ONG s’inquiète aussi de la hausse du nombre de morts et des cas de torture dans les geôles du pouvoir. Le procédé est toujours le même : les forces de l’ordre enlèvent littéralement certains opposants, sans en informer les familles, qui quelques jours plus tard reçoivent un appel téléphonique de l’hôpital public leur demandant de venir récupérer le corps.

« Dans de nombreux cas, les familles des personnes tuées en garde à vue ont dûsigner des documents indiquant que des « gangs armés » avaient tué leurs parents et la promesse de ne pas faire d’obsèques publiques comme condition pourrecevoir le corps », détaille le rapport.

LE CONFLIT SE MILITARISE

L’ONG n’oublie pas les exactions, de plus en plus nombreuses, commises par les soldats déserteurs, passés de l’armée régulière à la rébellion. Et met en garde contre une militarisation du mouvement de la contestation, qui aboutirait à un conflit armé.

Une militarisation inéluctable si la communauté internationale n’intervient pas pourprotéger le peuple syrien. L’ONG demande à l’ONU et à son conseil d’intervenirpour protéger le peuple syrien. Et critique fortement l’attitude des BRICS (Brésil, Russie, Chine, Inde et Afrique du Sud), accusés d’être trop tendres avec le régime et d’être naïfs en pensant que Bachar Al-Assad allait engager les réformes promises.

Cette inaction de la communauté internationale légitime les autorités syriennes et leur donne un sentiment d’impunité quand elles commettent de graves violations des droits de l’homme, estime le rapport.

Une vidéo publiée jeudi 10 novembre sur un réseau social, relayée par l’agence Reuters, montrerait des soldats de l’armée ouvrant le feu sur des manifestants. Selon ceux-ci, cette répression qui a eu lieu à Harasta, près de Damas, est l’une des plus sanglantes depuis le début des manifestations. Elle aurait fait 8 morts et 25 blessés.

Date : 11/11/2011