IMPORTANT : Le père Francis et le cheikh Aboul’Hareth dénoncent le Régime, à partir du cœur de Homs, la ville assiégée / هااااااااااااااام الأب فرنسيس والشيخ أبو الحارث يفضحان النظام من قلب حمص المحاصرة

Article  •  Publié sur Souria Houria le 2 février 2014

IMPORTANT : Le père Francis et le cheikh Aboul’Hareth dénoncent le Régime, à partir du cœur de Homs, la ville assiégée.

Le père Francis van der Lugt, religieux hollandais, chef des jésuites en Syrie et responsable des Chrétiens de Homs, la ville assiégée ; ainsi que Cheikh Abou Hareth, responsables des familles et des blessés de Homs, la ville assiégée, font les déclarations suivantes, en réponse aux questions qui leur sont posées :

Père Francis : Bonsoir. Nous nous trouvons dans un couvent et nous nous portons bien. Nous donnons à ce lieu le nom de « Dar Assalaam » (la demeure de la paix). Nous ne voulons absolument pas avoir dans ce couvent, le moindre signe de violence ou de terrorisme ou autres…. et nous refusons la présence de toute forme d’armes. Tout ce que nous souhaitons, c’est que notre « dar » soit une source de fraternité sur l’île de la paix sur laquelle nous vivons.

Nous pouvons dire, nous les 66 Chrétiens, que nous pratiquons notre religion en toute liberté. A cet effet, les Chrétiens se présentent tous les dimanches et effectuent leurs prières ensemble. Et le mercredi, ils viennent pour s’entretenir ensemble et pour discuter ; mais à présent, la présence est moindre car, vu le problème de la faim, la lumière est très faible.

En dépit de tout, nous nous rencontrons tous les mercredis et là, nous prenons une petite collation ensemble puis, nous nous entretenons ensemble autour d’une tasse de thé. Ce sont des moments très agréables que nous passons ensemble, tous les mercredis.

Les autres jours, les gens passent également pour se reposer un petit moment et pour souffler et changer de climat. Ces rencontres que je mentionne sont très agréables.

Ceci est notre manière de vivre nous, les Chrétiens de la vieille ville de Homs. D’autres Chrétiens mènent le même style de vie, à Hamidiyyé, d’autres à Boustane Debbané et d’autres encore mènent ce style de vie à Al-Ouarché.

Pour ce qui me concerne, je suis très heureux dans les relations que j’entretiens avec les hommes religieux musulmans, les cheikhs. Nous entretenons entre nous des relations affectueuses.Là, à mes côtés, se tient cheikh Abou Hareth avec lequel j’entretiens une grande amitié.

Tout cela fait partie des avantages et des effets positifs de la vie ensemble.

Ainsi, nous avons réussi à nous connaître mutuellement et à nous aimer.

De plus, nous avons réussi à découvrir la richesse intérieure que chacun de nous porte, ainsi que la vie spirituelle qui se manifeste chez chacun de nous.

Il est très important de prendre conscience de la vie spirituelle que mène un religieux. Cette prise de conscience m’a permis de découvrir que la vie spirituelle est manifeste chez les gens d’ici ; et vous m’en voyez ravi.

 

Le présentateur : Bonjour Cheikh Abou Hareth et Bienvenu. Je souhaite comprendre quel est selon vous, le climat qui règne au sein de la Homs la ville assiégée, entre Chrétiens et Musulmans ? Je voudrais connaître votre réponse à cette question avant d’entrer dans les détails ?

Cheikh Abou Hareth : Paix et Miséricorde de Dieu sur vous. Je suis heureux de me trouver en compagnie du père Francis afin que, la main dans la main, nous puissions mettre fin à ce drame que vivent pas uniquement les Musulmans, mais également les Chrétiens.

Par ailleurs, le Régime fait courir une rumeur selon laquelle les Chrétiens de Homs la ville assiégée, seraient persécutés et assiégés dans le couvent.

Le Régime n’a de cesse et ne cessera jamais de répandre des rumeurs selon lesquelles il y aurait des terroristes dans Homs la vieille ville assiégée, et que les Musulmans exerceraient des actes de terrorisme contre les Chrétiens qui sont minoritaires.

Ce ne sont que des purs mensonges. Nous entretenons avec le père Francis des relations très cordiales voire affectueuses.

Tous les jours, nous nous rendons au couvent pour nous entretenir avec le père Francis. A cet effet, nous nous mettons au soleil et nous discutons de choses et d’autres. A son tour, le père Francis nous rend quotidiennement visite, accompagné de jeunes personnes de confession chrétienne.

Ceci étant précisé, à Homs la ville assiégée, nous vivons un grand drame humain…. Je ne pourrai jamais vous transmettre une image précise de ce que les habitants de Homs, la vieille ville assiégée, endurent, notamment les enfants, les femmes et les malades…

A mainte et mainte fois, nous avons lancé des appels aussi bien à l’organisation des nations unis, qu’aux différentes organisations humanitaires ainsi qu’à nos frères dans la religion et dans l’appartenance arabe ; sans obtenir la moindre réponse à nos appels… A un point tel et je le dis en toute franchise, nous avons totalement désespéré de tous ceux qui se trouvent hors de notre ville assiégée.

Ici, nombre et nombre de personnes décèdent pour mal nutrition.

Nombre d’enfants manquent de lait.

Insuffisamment nourries et vivant continuellement dans la peur à cause des bombardements continus que les forces du Régime effectuent, et n’ayant donc plus de lait pour allaiter leurs bébés, les mamans remplacent le lait par de l’amidon.

Après tout ce qui précède, il ose prétendre qu’il se rend à Genève pour trouver une solution au problème syrien… Les ordres qu’il donne aux francs-tireurs ne s’arrêteront jamais…

 

Le présentateur : Je reviens vers le père Francis : s’agissant de Genève père Francis, le Régime essaye de jouer la carte des Chrétiens. Et tel que cheikh Abou Hareth l’a dit, le Régime prétend que des terroristes qui existent à Homs la ville assiégée, commettent des actes de terrorisme à l’encontre des gens dont la confession est différente de la sienne, notamment les Chrétiens.

Vous qui vivez là-bas, côte à côte avec les Musulmans et les autres, que pensez-vous de ce que le Régime essaye de décrire au Monde ?

Père Francis : Il m’est très difficile de constituer une idée précise à ce sujet. On m’a également interrogé pour savoir mon avis sur un religieux qui fait partie de la délégation syrienne qui s’est rendue à Genève.

Certes, il existe certains comportements. Mais il existe aussi une explication à ces comportements, et un sens à ces comportements. On m’a demandé quelle est la signification de la présence de ce religieux, curé ou prêtre, au sein de la délégation syrienne. Personnellement, je ne peux pas répondre à cette interrogation, vu que je n’ai pas une idée claire et précise sur ce sujet. Il faudrait savoir ce qui se passe réellement de façon précise. Moi, je ne sais pas. Dopnc, je ne peux pas répondre à la question d’une façon précise.

 

Le présentateur : père Francis, je voudrais juste une réponse de votre part, sur la rumeur que le Régime essaye de propager et selon laquelle les Chrétiens seraient en Syrie la cible du camp adverse. Quelle est votre réponse à ces allégations. Y-a-t-il une part de vérité dans cela ?

Père Francis : Je vous dis que je ne sais pas ; autrement dit, je ne possède pas de données ni des informations précises qui me permettraientt de vous donner une réponse exacte.

 

Le présentateur : Humm. Oui. Cheikh Abou Hareth, je ne sais pas si vous auriez un commentaire à ce sujet ?

Cheikh Abou Hareth : Je voudrais juste préciser que le père Francis, de son point de vue religieux, ne veut pas être impliqué dans le moindre sujet politique.

Par ailleurs, père Francis n’est pas d’origine arabe. En conséquence, il n’a probablement pas bien saisi la question.

 

Le présentateur : Il y a ici un détail que je voudrais éclaircir. Vous me dites que le père Francis n’est pas d’origine arabe. D’où vient-il donc ? Il est quoi ? Je ne comprends pas. Soyez très précis.

Cheikh Abou Hareth : Je laisse la parole au père Francis. Il va vous préciser le sujet.

 

Le présentateur : allez-y père Francis. Je vous en prie.

Père Francis : voulez-vous que je donne une idée de mon identité ?

 

Le présentateur : oui. Tout à fait.

Père Francis : je suis un curé hollandais. Je vis en Syrie depuis une cinquantaine d’années.

 

Le présentateur : quel est votre âge, père Francis ?

Père Francis : j’ai 75 ans. Je suis arrivé en Syrie vers l’âge de 26 ans. En Europe, j’avais fait des études en psychologie. Et j’ai gardé le contact avec la Syrie et avec son peuple. J’aime beaucoup le peuple syrien chez qui j’aime surtout la bonté qui l’habite ainsi que la générosité et l’esprit du partage.

Je souhaite donc le meilleur pour la Syrie. Je sens parfois que les gens (non Syriens) qui s’intéressent à nous, ne le font pas par amour pour la Syrie ou pour le peuple syrien, mais pour leurs propres intérêts.

Quant à moi, ici, j’aime le peuple syrien et je souhaite travailler avec les gens qui aiment la Syrie ; et faire tout ce qu’il faut pour bâtir un futur meilleur pour la Syrie.

 

Le présentateur : père Francis, avez-vous essayé de sortir de Homs après le siège, ou pas?

Père Francis : je vis à Homs et je reste à Homs. J’essaye de porter mon aide aux gens, aidé par des personnes d’ici. Si certains, pour des raisons de santé, doivent sortir de Homs, je les aide pour y arriver.

Mais je ne pense jamais quitter. Je sens que ma place est ici et mon appel est ici.

 

Le présentateur : mais il y a le siège, la souffrance, la faim, le manque de nourriture, le manque de médicaments. Il vaudrait donc mieux pour vous d’être dehors.

Père Francis : nous souffrons de cette situation comme tous les autres ici. Nous faisons tout et ensemble pour gérer las problèmes et pour qu’il y ait de loa nourriture et des médicaments. Nous travaillons donc ensemble dans l’intérêt de tous afin que nous puissions mener une vie d’humains.

 

Le présentateur : Cheikh Abou Hareth, de retour sur le sujet de Genève, ils ont eu deux jours pour régler le problème de la nutrition, du siège, des blessés… sans obtenir le moindre résultat. De quelle manière suivez-vous ces évènements à Homs ?

Cheikh Abou Hareth : En toute sincérité, nous regardons cela avec désespoir, ne voyant pas le moindre bénéfice pour nous/

Arriveront-ils à Genève à un accord pour trouver une solution politique qui mettra un terme à la souffrance des Syriens d’une manière générale, et plus particulièrement, aux habitants de Homs la ville assiégée ? ou plutôt uniquement pour faire parvenir des aides alimentaires pour Homs la ville assiégée, et que pour d’autres régions assiégées ? Il s’agit ici d’une confusion et d’un amalgame que nous tenons à dénoncer !

La faim n’est le seul facteur qui fait souffrir les gens ici.

A Homs, ville assiégée, se pose un problème beaucoup plus grave que celui de la faim.

A Homs, ville assiégée, la situation est très grave. Elle nécessite la constitution de couloirs. C’est cela dont nous avons besoin ! Des couloirs sécurisés pour tous ceux qui souhaitent sortir et pour ceux qui souhaitent entrer.

Les marchandages qui se font au sujet de Homs, pour lui faire parvenir un peu de nourriture, sont inadmissibles….

Nous ne quitterons pas notre terre ! le p^ère Francis donne l’exemple. Bien qu’il soit là depuis une cinquantaine d’années, il refuse de quitter Homs. Que serait-ce pour moi ! Je vis sur la terre de mes ancêtres. Je ne la quitterai jamais, quand bien même je devais payer de ma vie… Il en est ainsi pour tous les gens ici… Tous ici sont privés d’une bonne nutrition certes, mais nombres d’autres problèmes persistent, qui sont aussi importants…

Réduire les négociations uniquement au problème de la faim et de la nutrition, est une humiliation et une honte pour nous ici !…

 

Le présentateur : un dernier mot père Francis que je voudrais que vous adressiez aux membres de la conférence de Genève et à la communauté internationale, sur la situation syrienne d’une manière générale, la situation des Chrétiens en Syrie et plus particulièrement, la situation des Chrétiens de Homs la ville assiégée ?

Père Francis : je leur demande d’être objectifs dans leur analyse de la situation.

Qu’ils agissent avec leur cœur pour le bien du peuple syrien, sans penser uniquement à leurs propres intérêts.

Ils n’aiment pas particulièrement la Syrie. Ils ne connaissent pas la Syrie. Et en dépit de cela, ils veulent parler au nom de la Syrie en se basant sur leurs propres intérêts.

Qu’ils oublient petit à petit, leurs intérêts et qu’ils essayent de regarder mieux et de voir mieux le peuple syrien.

 

Le présentateur : un dernier message père Francis, au Régime de Assad et à Bachar Al-Assad et ses agents.

Père Francis : … Ils (Bachar Al-Assad et ses acolytes) sont plus proches du peuple syrien que les gens qui se trouvent à Genève ; je désigne par là, les Américains qui eux, ne connaissent pas ce pays. Pour aux, ce pays ne signifie rien.

Je ne parle pas au nom d’une ^partie du peuple syrien. Je parle pour tout le peuple syrien.

J’aime le peuple syrien comme un tout.

Je ne suis pas pour une partie et contre une autre.

J’ai connu l’être humain syrien ; et j’aime cet être.

Et je fais tout ce qui est en mon pouvoir réaliser tout ce qui serait possible de réaliser pour ce peuple, que ce soit le Docteur Bachar ou les autres… afin que l’être humain syrien vive dans son pays et afin qu’il ressente qu’il s’agit de Sa patrie et qu’une relation de fraternité l’attache aux gens de son pays.

Enfin, que cette fraternité règne sur tous les gens de son pays.

 

Le présentateur : merci père Francis. Merci cheikh Abou Hareth.

 

Traduit par Léa Plee pour Souria Houria (Syrie Liberté)