L’appel au monde de Navi Pillay pour protéger le peuple syrien – Par Catherine Monnet

Article  •  Publié sur Souria Houria le 3 décembre 2011

Pour la troisième fois en sept mois, la situation des droits de l’Homme en Syrie a fait l’objet d’une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme (CDH) des Nations unies à Genève. Ce sont les conclusions accablantes de la commission internationale d’enquête mandatée par le CDH. Elle fait état de crimes contre l’humanité qui ont conduit le Conseil à se réunir et à voter une résolution condamnant « les violations répandues, systématiques et flagrantes » des droits de l’homme et des libertés fondamentales en Syrie.

Il y a d’abord un « besoin urgent »  d’après Navi Pillay, que Damas « rende des comptes », après le rapport publié lundi par la Commission internationale d’enquête mandatée par le Conseil. Ouvrant une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme consacrée à la situation humanitaire en Syrie, la Haut Commissaire a estimé que, depuis le mois de mars en Syrie,  plus de 4.000 personnes ont été tuées, dont 307 enfants.

Le mois le plus mortel

« Selon
 des sources dignes de foi, novembre a été le mois le plus mortel avec 56 enfants tués »a renchéri Paulo Pinheiro, un des experts de la Commission internationale d’enquête sur la Syrie mandatés par l’ONU.

Pendant trois semaines, les experts de l’ONU ont multiplié les entretiens avec des Syriens de l’intérieur grâce notamment au logiciel de téléphonie Skype. Les témoignages recueillis sont ceux « de pères et de mères de familles, de déserteurs » assure Paulo Pinheiro, avant d’ajouter :« même si nous n’avons pas eu accès à la Syrie, cela ne veut pas dire que nous n’avons pas eu des informations crédibles ».
 
Incapacité de Damas de protéger ses citoyens
 
Des dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées, plus de 14 000 sont détenues en relation avec la répression, 12 400 personnes ont trouvé refuge dans les pays voisins assure encore le rapport de la CDH.  Et parce que les chiffres de la répression ne cessent de s’aggraver, la Haut Commissaire aux droits de l’homme  parle d’ « échec manifeste » des autorités syriennes à« protéger ses citoyens » et appelle la communauté internationale à « prendre des mesures urgentes et  efficaces pour protéger le peuple syrien ».  « Si on n’y met pas un terme maintenant » avertit encore Navy Pillay, « la répression brutale » des autorités syriennes, peut plonger le pays dans « une guerre civile à part entière ».

Une résolution votée à l’unanimité
 
A l’issue de sa session extraordinaire, le Conseil des droits de l’homme a condamné « les violations répandues, systématiques et flagrantes » des droits de l’homme et des libertés fondamentales en Syrie par les autorités de Damas, dans une résolution votée à une écrasante majorité.  La résolution prévoit également « de transmettre » le rapport de la commission d’enquête mandatée par le CDH au secrétaire général de l’ONU en vue d’une « action appropriée » et  « recommande que les principales organisations de l’ONU prennent également connaissance du rapport ».  Une référence explicite à l’Assemblée générale de l’ONU et au Conseil de sécurité a toutefois été retirée du projet de résolution initial.  La résolution adoptée demande enfin  la création d’un mandat de rapporteur spécial des droits de l’Homme en Syrie.

Les 47 membres du Conseil se sont prononcés en faveur de la résolution par 37 voix pour, 6 absentions et 4 voix contre – celles de Cuba, de la Russie, de l’Equateur et de la Chine.

source: http://www.rfi.fr/moyen-orient/20111202-appel-monde-navy-pillay-proteger-le-peuple-syrien