L’écrivain Samar Yazbek s’adresse à sa communauté (Alaouite) : « JE N’AI D’AUTRE COMMUNAUTE QUE LA JUSTICE ! »

Article  •  Publié sur Souria Houria le 15 août 2011
Si l’imam ALI BEN ABI TALIB vivait toujours parmi nous, il aurait été le premier des manifestants sur le noble sol syrien et vous auriez vu son visage ensanglanté. Ceux qui revendiquent la justice et que piétinent aujourd’hui les bottes des soldats et des policiers, sont un rayon de lumière dont l’imam était porteur.
Je sais combien ces paroles vous mettront en colère, je sais que vous m’avez reniée mais moi je ne vous renie pas. Je vous porte en moi telle une blessure et je sais qu’il vous faut du temps pour réaliser la trahison de l’assassin devant laquelle vous vous êtes tus.
On a tous vécu dans la peur mais il n’est plus désormais question de se tenir à distance devant les exactions qu’inflige le régime tyrannique à vos villages appauvris, à vos hommes transformés en mercenaires à et votre élite cultivée qui a passé une vie  dans les geôles du régime, représenté par une famille tyrannique dont vous êtes devenus les boucliers, qui exerce son despotisme. Vous déviez du droit chemin pour lequel vous avez parcouru la terre, vécu en nomades et longtemps souffert.
Oui la justice et rien d’autre ! La justice indique que doit prendre fin le règne du tyran et de son clan qui massacre les manifestants pacifiques, méprise les vies et les villes saccagées. C’est ce régime même qui veut nourrir la haine entre vous et vos concitoyens qui ne vous veulent aucun mal, mais ne font que vous soutenir dans vos demandes légitimes d’une vie digne et libre.
Vos frères dans la patrie, dans le ciel et dans la terre ne vous tueront pas. La fin du règne de cette famille criminelle n’est pas la fin de la communauté qui survivra. Cette famille partira et vous vivrez parmi vos frères, partagerez les mêmes droits et les mêmes devoirs, égaux devant la loi, la justice et le droit. A chacun ses croyances et aussi le droit de vivre de vivre selon ces croyances. Leur existence n’exclut pas la vôtre et inversement.  J’ai vécu parmi vous, je suis des vôtres et le serai toujours. Vous m’avez appris la justice, votre culture et votre philosophie m’ont enseigné le sens de dire la vérité même au prix de ma vie. L’imam ALI n’a-t-il pas payé de sa vie pour la justice ? Je sais que certains d’entre vous savent la vérité mais qu’ils se taisent par peur du clan criminel. Or la justice est plus forte que la peur. Elle nous indique que les assassins ne peuvent diriger le peuple. Acceptez-vous d’être gouvernés par des criminels ??
N’est-il pas temps de voir la vérité, maintenant que le sang syrien coule comme une rivière ?  Le gang au pouvoir qui tue vos concitoyens en laissant leurs cadavres pourrir dans les rues sans permettre de même les enterrer, vous a transformés en machines à tuer.
Je vous pardonne parce que je connais les jeux diaboliques que le régime n’a cesse de jouer. Je connais aussi la peur qui vous a fait les suivants de ce régime, et je pleure pour vous et à cause de vous, parce que je suis on ne peut plus proche de vous. Mais entre la justice et vous, j’ai choisi la justice. Mon petit cœur carbonise vous pardonne, parce que l’injustice dont vous êtes victimes maintenant dépasse de loin tout ce qu’on vous a infligé au cours de votre histoire de massacres et d’extermination. Mais l’HISTOIRE ne vous pardonnera jamais, l’HISTOIRE sera témoin que vous qui aviez été massacrés, vous êtes devenus vous-même des assassins, alors que votre Imam a préféré être victime plutôt que d’être meurtrier!!!!
Ne faites pas confiance au bourreau, il est le meurtrier de l’Imam Ali, le tyran reste le même à travers l’histoire , il change d’apparence mais son âme reste la même, elle prend différentes formes, celui la vous a trompe en jouant la carte de la religion, alors que ses mains sont tâchées du sang des innocents, de vos frères syriens. C’est l’esprit du même tyran qui a tué Hassan et Hussein.
Arrachez les graines le régime criminel a planté, et soyez prêts a retrouver votre pureté, votre bonté, votre culture et vos origines. Sinon, ce sera la fin de votre existence philosophique et spirituelle, et votre lumière suprême sera perdue a jamais.
Malheur a vous, vous mon malheur et ma douleur !
Note: Traduction par SouriaHouria