« La crise humanitaire en Syrie: faits et chiffres » – par ASSAWRA

Article  •  Publié sur Souria Houria le 16 septembre 2016

L’entrée en vigueur d’une trêve des combats laisse espérer une amélioration de la distribution de l’aide à la Syrie, où cinq années de conflit ont créé « la pire et la plus complexe crise humanitaire au monde » selon la Croix Rouge internationale.

– « La pire crise mondiale » –

Le nombre de morts a dépassé les 300.000 depuis le début du conflit en mars 2011, selon un nouveau bilan établi mardi par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Plus de la moitié des habitants ont été contraints de quitter leur domicile et près de cinq millions d’entre eux ont trouvé refuge dans les pays alentours, dont le Liban, la Jordanie ou la Turquie, selon les ONG. L’espérance de vie a diminué de 5 à 6 ans entre 2010 et 2013 dans le pays, selon une récente étude. La mortalité infantile, tombée à 6% par an avant 2010, a recommencé à augmenter d’environ 9% par an depuis 2010. Selon l’ONU, l’économie s’est contractée de 40% depuis le début de la guerre. Plus de 13 millions de personnes, dont six millions d’enfants, ont besoin d’une aide humanitaire.

– Le drame des assiégés –

La situation humanitaire est particulièrement difficile pour les habitants de la vingtaine de zones ou localités assiégées, principalement par les forces du régime de Bachar al-Assad. L’ONU a estimé récemment à près de 600.000 le nombre de personnes vivant dans 18 zones ou localités assiégées, dont quelque 450.000 assiégées par l’armée. Mais fin août le siège a été levé pour la ville de Daraya, près de Damas, reprise par l’armée. A Alep (nord), la situation s’est récemment aggravée pour les 250.000 habitants des quartiers rebelles, de nouveau coupés du monde par les forces du régime.

– Les obstacles à l’aide –

Délivrer l’aide humanitaire en Syrie est une mission extrêmement dangereuse, parfois impossible à mener et nécessite le feu vert du régime.Elle est affectée par « les combats, les fluctuations des lignes de front, les obstacles administratifs et bureaucratiques, et les problèmes généraux de sécurité », selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha). »Nous avons besoin d’un environnement sans danger de mort » pour faire partir les convois d’aide prévus après l’entrée en vigueur de la trêve russo-américaine, a déclaré un porte-parole de l’Ocha à Genève, Jens Laerke.A Alep, l’accord de trêve prévoit un accès humanitaire sans entrave avec la « démilitarisation » de la route du Castello, qui relie les quartiers rebelles à l’extérieur.L’aide internationale parvient encore plus difficilement aux zones contrôlées par le groupe Etat islamique (EI), comme la ville de Deir Ezzor (est), où le Programme alimentaire mondial a procédé à quelques largages de vivres par avion.Le 8 septembre, 73 ONG ont suspendu leur coopération avec l’ONU en Syrie pour protester contre la « manipulation des efforts humanitaires » par le régime et l’incapacité de l’ONU à résister à ces pressions.