La révolte de la Syrie se glisse de l’autre côté de la frontière libanaise – par Nicholas Blanford

Article  •  Publié sur Souria Houria le 22 octobre 2011

Arsal, Liban – un nombre croissant d’incursions transfrontalières des troupes syriennes dans le territoire libanais a aggravé les rivalités politiques au Liban entre ceux qui s’opposent au régime du président syrien Bashar al-Assad et ceux qui le soutiennent.

A la différence des voisins les plus puissants de la Syrie– Turquie, Irak, Jordanie et Israël – le Liban a longtemps vécu dans l’ombre de la Syrie et il est plus vulnérable aux incursions, tandis que le régime d’Assad poursuit sa répression contre l’opposition syrienne, dont des éléments ont commencé à s’armer et à riposter.

« Les gens ici ont grandi avec l’habitude des violations [syriennes], mais ce qui nous inquiète c’est la perspective d’une opération des syriens dans Arsal. Nous sommes presque surs que cela va se produire, » affirme Ali Hojeiry, le maire d’Arsal, une ville de 40.000 sunnites répartis dans les montagnes arides le long de la frontière est du Liban avec la Syrie.
Incursions répétées, un enlèvement à Beyrouth
Il y a deux semaines, les troupes syriennes appuyées par des tanks ont attaqué des immeubles isolés six miles à l’est d’Arsal, où des fermiers cultivent des vergers d’amandes, d’abricots et de poires. Quelques jours plus tard, un ressortissant syrien a été tué sur le sol libanais, près d’Arsal.

Davantage d’incursions ont été signalées depuis, le long de la frontière.

Mardi, les troupes syriennes ont pris pour cible et tué un ressortissant à la double nationalité syro-libanaise et capturé un autre homme à la frontière, dans le cadre de mesures de sécurité touchant les villes et les villages au sud de la cité explosive de Homs, qui se trouve à seulement 20 miles au nord de la frontière libanaise. Mercredi, des affrontements armés entre les forces de sécurité syriennes et les militaires ayant fait défection ont éclaté dans la zone frontalière.

Les bilans sur le nombre de victime (selon un de ces bilans deux officiers et six soldats, tous déserteurs, auraient été tués) et sur l’exact emplacement de l’incident sont confus. La plus grande partie de la frontière est du Liban avec la Syrie n’est pas marquée et, en des temps plus calmes, facilement accessible pour les résidents des deux pays.

Lundi, Gen. Ashraf Rifi, le grand chef de la police libanaise, proche de l’Alliance du 14 Mars anti-syrienne, a confié des détails au sujet d’une enquête sur l’enlèvement de trois frères syriens en février, qui aurait été perpétré par l’ambassade syrienne à Beyrouth. Les trois frères, qui avaient été interrogés par la police pour avoir distribué des tracts anti-Assad, auraient été kidnappés dans une banlieue de Beyrouth et conduits dans des véhicules de l’ambassade syrienne jusqu’à la frontière où ils auraient été remis à des militants palestiniens appuyés par Damas.

Une rupture politique
Le gouvernement libanais, dominé par les alliés de Damas, a minimisé les incursions signalées et les enlèvements des frères syriens. Mais l’opposition s’est saisie de ces rapports pour accuser le gouvernement de servir les intérêts syriens.

« L’expansion du régime syrien au Liban implique davantage que des incursions dans les territoires libanais » dit l’Alliance du 14 Mars dans un communiqué. « Le régime syrien ne n’est pas seulement en train de tester la possibilité d’établir des postes [militaires] permanents au Liban… mais aussi de jouer un rôle majeur … en réprimant la solidarité avec le peuple syrien par l’enlèvement d’activistes. »

Story: Syrians rally for Assad, Libya recognizes opposition

Les craintes à Arsal d’une campagne militaire de plus grande envergure contre leur ville – qui a des antécédents d’opposition, durant l’hégémonie passée de la Syrie sur le Liban – sont peu réalistes. La plupart des incursions ont consisté en des percées mineures et brèves sur la frontière, apparemment pour essayer d’empêcher que des armes ne soient introduites clandestinement en Syrie.

« Ce n’est pas une coïncidence que les opérations de sécurité du régime [syrien] se soient focalisées sur les frontières d’abord. Il veut se protéger contre la contrebande d’armes », a dit un ambassadeur européen à Damas dans point presse aux journalistes à Beyrouth.
Il est toutefois aisé de comprendre la paranoia qui a saisi les habitants d’Arsal.
La ville est géographiquement isolée, seulement reliée au reste du Liban par une unique route qui serpente à travers les montagnes environnantes. Plus pertinemment, en tant que seule ville sunnite dans une zone majoritairement peuplée de chiites qui soutiennent l’organisation militante du Hezbollah et supportent Assad, Arsal est confrontée à un isolement politique et sectaire.

Le groupe de fermes exposé aux incursions des troupes syriennes est accessible par un chemin de pierres défoncé qui s’étend à travers une terre aride traversée par des lits de rivière asséchés. Aucun soldat syrien n’a été visible au terme d’un voyage tendu de quatre heures à travers la région sauvage. Cependant, d’après Hussein Wehbe, un fermier vivant avec sa famille dans une maison de deux pièces, les troupes syriennes se sont déployées sur une colline à quelques centaines de yards à l’est, ce matin-là.

“Ils ont tiré des coups de feu en l’air et sont restés sur la colline pendant environ une demi-heure”, dit-il. « Si je fais un pas de plus vers la frontière à partir d’ici, ils me tireront dessus. »

Quand on lui demande pourquoi il choisit de rester quand la plupart des autres fermiers ont fui, il dit « c’est ma terre et je ne vais aller nulle part ailleurs ».

This article, « Syria’s uprising creeps across Lebanese border, » first appeared on CSMonitor.com.

Date : 20/10/2011