La Russie perd son siège au Conseil des droits de l’homme de l’ONU

Article  •  Publié sur Souria Houria le 30 octobre 2016

La participation russe depuis plus d’un an à la campagne de bombardement aérien des zones rebelles en Syrie vise à sauver le  »soldat » Assad. Le maître du Kremlin devait s’attendre à ce que l’on critique le fait que ses soldats ciblent délibérément des institutions et des habitations civiles rebelles.

Le Conseil des droits de l’Homme (CDH) des Nations unies a été créé en 2006. Il siège à Genève, en Suisse. Il comprend 47 États membres. Ces sièges sont répartis sur une base régionale. Ces blocs régionaux sont au nombre de cinq: l’Afrique, l’Asie, l’Amérique latine et les Caraïbes, l’Europe occidentale et autres États et l’Europe orientale. Chaque année, un tiers de ces sièges est soumis au vote des 193 membres de l’ONU. Cette année, on devait, entre autres, renouveler deux sièges de la zone Europe de l’Est pour un mandat de trois ans.

La Russie paye la note de sa guerre en Syrie

Ce vendredi 28 octobre, l’Assemblée générale des 193 États membres des Nations unies devaient, entre autres, arbitrer entre trois candidatures pour combler les deux sièges vacants de la région Europe orientale. Contre toute attente, la Hongrie et la Croatie ont eu les faveurs d’une majorité des électeurs (respectivement 144 et 114 votes) au détriment de la Russie (112 suffrages). La candidature russe a donc été rejetée. Tel était aussi le sort de la candidature américaine en 2001.

Le vote aujourd’hui à Genève est intervenu au moment où de plus en plus de voix critiquent la guerre totale menée par l’armée russe contre l’opposition syrienne et son lot de crimes de guerre. Une stratégie consistant, d’un côté, à qualifier de  »terroriste » toute réelle opposition au maintien au pouvoir de Bachar El-Assad pour légitimer, d’un autre côté, son élimination de la carte. L’objectif étant ici, une fois cette opposition éliminée, de permettre au maître du Kremlin (et à ses clients syrien et iranien) de dire aux États-Unis et au reste de l’Occident que le choix en Syrie est entre Bachar El-Assad et les groupes jihadistes; ce qui reviendrait de facto à avaliser le maintien de l’autocrate syrien en place comme un moindre mal.

En raison de sa guerre en Syrie, plus de 80 organisations de défense des droits humains, dont Human Rights Watch, CARE International et Refugees International, avaient, il y a quatre jours, appelé les membres des Nations unies à ne pas permettre à la Russie de renouveler son mandat au CDH. Ces ONG ont donc eu gain de cause. Mais, la mobilisation associative contre le renouvellement du mandat de l’Arabie saoudite au même CDH s’est révélée vaine. Sa guerre par procuration avec l’Iran au Yémen ne l’a donc pas empêché d’obtenir l’appui de 152 pays.


Les Nations unies ont donc renouvelé aujourd’hui le tiers des membres du CDH, soit quatorze sièges. L’occasion d’envoyer un message diplomatique désapprobateur au maître du Kremlin et à ses clients syrien et iranien. Mais, l’entendront-ils de cette oreille? Rien n’est moins sûr. Dans le camp adverse, celui de l’opposition syrienne et de ses sympathisants à travers le monde, on s’est réjoui de cette puissante missive diplomatique.

Aziz Enhaili