La Syrie noyée sous des tonnes d’armes

Article  •  Publié sur Souria Houria le 30 juin 2012


Les Russes équipent à mort l’armée de Bachar, et les insurgés sont soutenus par les états
 arabes sunnites.

LA demande de l’Elysée, le Quai d’Orsay vient d’inviter les militaires syriens à déserter. Sans désapprouver cette démarche  » fort inhabituelle « , dit-il, un diplo­mate de haut rang n’en espère pas, pour autant, une vague de fuites vers la Turquie (60, la semaine dernière) et le Liban, ou un renforcement im­médiat de l’insurrection. « C’est un effet dannonce, affirme-t-il, destiné aux médias et à la « séquence émotion » des journaux télévisés. Les officiers et les soldats de Bachar n’attendent pas un appel de Fabius ou de Hollande pour oser franchir le pas et mettre leur famille en danger.  » Voilà qui rem­place utilement, si l’on ose dire, de bonnes livraisons d’armes aux insur­gés. Seule initiative en ce domaine: Fabius a fait savoir que la France al­lait leur remettre gracieusement des moyens de transmission.

Depuis plusieurs mois, les unités de l’Armée syrienne libre (ASL) reçoivent le renfort d’islamistes radicales étrangers et une aide internationale importante. Cela n’est plus un secret, sauf en ce qui concerne la variété des matériels. A savoir kalach­nikovs, grenades propulsées par ro­quette, missiles antichars, tonnes de munitions et d’explosifs, moyens de communication, missiles sol-air pour abattre les hélicoptères et équipe­ments sanitaires. Membres de cette petite Internationale des fournis­seurs : l’Arabie saoudite, l’inévitable Qatar, les Emirats arabes unis et les Etats-Unis. Mention spéciale à la CIA, qui, grâce aux satellites américains, livre aux insurgés des informations sur les déplacements des forces de Ba­char. A Istanbul, un immeuble prêté en secret par les Turcs permet à l’ASL de coordonner l’insurrection. Mieux, le riche émirat du Qatar règle les soldes des combattants.

Ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov ne cesse d’accusé les occidentaux et leurs alliés sunnites d’aliment.er cette guerre ci­vile. Alors que Moscou il le jure, res­pecte l’embargo sur les livraisons d’armes qui frappe la Syrie, en ne four­nissant à son ami Bachar que des armes « défensives » et pas « agres­sives » pour un sou.

Généreux Pouline

Faudrait-il, dès lors, s’interroger sur l’origine mystérieuse des tonnes d’obus, de munitions, de roquettes et de missiles balancés depuis plus de quinze mois sur les villes insur­gées et les manifestations paci­fiques, le vendredi, au sortir des mosquées?

Au début de l’année, Obama a une nouvelle fois demandé à Poutine de se montrer conciliant et de réduire ses livraisons. Peine perdue, celui-ci a continué de satisfaire la boulimie de Bachar. Et des centaines d’instruc­teurs, de techniciens ou de formateurs russes conseillent les unités syriennes équipées des excellents matériels fournis par Moscou, et révisés à Moscou, comme ces hélicoptères d’attaque dont les turbines de propulsion laissaient récemment à désirer.

Au cas où, sans l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU, l’armée syrienne devrait affronter une intervention oc­cidentale, elle ne manque pas de ré­pondant. Merci, Poutine. Inventaire partiel: missiles antiaériens Buk-M2, missiles antinavires Bastion (250 ki­lomètres de portée), radars Pantsyr­51 accouplés à des canons ou à des batteries antiaériennes, modernes «orgues de Staline « , 4 950 chars, des tonnes de mines, et on en oublie. L’équipe Bachar est vraiment très blindée.

Claude Angeli

« Le Canard enchaîné» -mercredi 27 juin 2012 -3