Le régime syrien se tire encore une balle dans le pied – par IGNACE LEVERRIER

Article  •  Publié sur Souria Houria le 17 novembre 2011

Les partisans du régime syrien avaient clamé haut et fort, il y a deux jours, qu’ils allaient organiser dans les différents gouvernorats, mercredi 16 novembre, des marches de soutien au président Bachar Al Assad, au moment même où les ministres arabes des Affaires Etrangères seraient réunis à Rabat pour geler la participation de leur pays à la Ligue Arabe. Des appels à participer avaient été lancés sur Facebook, afin que la démonstration de soutien organisée sur la Place des Omeyyades soit « gigantesque ». Or, à la surprise des observateurs, au lieu du million de personnes annoncées, seules quelques milliers se sont réunies sur la Place Saba’ Al Bahrat, pour soutenir le chef de l’Etat et dénoncer la position de la Ligue Arabe.

La raison de ce résultat décevant est simple : contrairement à leur habitude, le gouvernement et les services de sécurité n’ont obligé ni les administrations, ni les entreprises publiques, ni les écoles, ni les universités, à envoyer leurs fonctionnaires, leurs employés ou leurs étudiants, à cette manifestation. Puisqu’ils avaient exceptionnellement le droit de choisir, ceux-ci ont préféré en majorité rester à leur poste, à leur bureau ou à leur pupitre, et vaquer plus utilement à leurs obligations ordinaires.

Ceux qui ont participé à la masira de Damas, qu’on peut donc considérer comme les « vrais partisans » du chef de l’Etat, étaient environ 20 000. Quand on sait que la population de Damas s’élève à plus de 5 millions d’âmes, on peut se faire une idée du nombre de partisans convaincus dont dispose encore Bachar Al Assad dans sa capitale…

En s’abstenant pour une fois de faire de cette démonstration une obligation et en laissant la liberté aux Syriens d’y participer ou pas, le régime s’est tiré une balle dans le pied. Il a offert la démonstration gratuite que, lorsqu’ils n’y étaient pas contraints, ils avaient mieux à faire qu’à lui manifester leur soutien. Si Bachar Al Assad cherchait ainsi à mesurer sa popularité, il est renseigné. Et il peut préparer son départ.

source: http://syrie.blog.lemonde.fr/2011/11/17/le-regime-syrien-se-tire-encore-une-balle-dans-le-pied/