les réfugiés syriens bloqués à la frontière algéro-marocaine

Article  •  Publié sur Souria Houria le 7 juin 2017

Comité de solidarité avec les réfugiés syriens bloqués à la frontière algéro-marocaine

COMMUNIQUE

La situation des réfugiés syriens bloqués à la frontière algéro-marocaine s’est compliquée ces jours-ci, de façon inattendue, après la déclaration des autorités algériennes affichant leur intention de les accueillir. Les autorités marocaines, quant à elles, refusent de les faire transiter par son territoire pour les remettre aux autorités algériennes, arguant qu’elles ne sont pas en droit de les refouler.

Précisons que les autorités algériennes n’ont rien fait pour porter secours à ces réfugiés, et ce, depuis leur arrivée à la frontière, il y a plusieurs semaines : ni eau, ni nourriture, ni couverture, rien. Et pourtant ces réfugiés sont à un jet de pierre de l’armée algérienne, et rien ne les en sépare.

Si les quarante et un réfugiés syriens ont pu tenir pendant plus de sept semaines, dans des conditions humanitaires extrêmement éprouvantes, c’est grâce, en premier lieu, à la solidarité des habitants de Figuig – ville située à quelques centaines de mètres de la frontière – qui, bravant les autorités et prenant des risques, leur acheminaient chaque jour de l’eau, des rations alimentaires, des soins médicaux, des couvertures, du matériel de cuisine, des chargeurs solaires de batteries…

Autres précisions sur les derniers développements :

29 mai : seize réfugiés syriens (dont une femme enceinte) quittent la zone tampon et entrent à Figuig. Ils sont pris en charge par les habitants, puis évacués vers d’autres villes à l’intérieur du Maroc. La femme enceinte a été inscrite au registre du HCR Maroc pour qu’elle soit mieux protéger.

30 mai : dix autres réfugiés entrent également à Figuig. Ils ont été accueillis et hébergés par les habitants de Figuig, mais, malheureusement au bout de cinq jours, ils ont été repris par les autorités marocaines et renvoyés à leur endroit désertique, le long de la frontière algéro-marocaine.

1er juin : les quinze réfugiés syriens restant dans la zone tampon essayent d’entrer à Figuig, mais ils ont été arrêtés en cours de chemin et renvoyés dans leurs refuges de fortune. Ils seront rejoints par les dix autres qui ont été débusqués. Depuis, pour les punir, ils sont privés d’eau et de nourriture par les autorités marocaines.

1er juin : les autorités algériennes déclarent qu’elles vont accueillir les réfugiés syriens, à titre humanitaire, à la demande du HCR.

5 juin : le HCR s’est présenté à Béni-Ounif (Algérie) – un poste frontalier entre l’Algérie et le Maroc – pour superviser la récupération des vingt-cinq réfugiés restants. Mais il y a blocage : les autorités algériennes refusent de récupérer ces réfugiés directement à l’endroit où ils se trouvent car, pour elles, cet endroit est un territoire marocain, où elles ne peuvent pénétrer, exigeant leur récupération seulement par le passage frontalier officiel. Les autorités marocaines disent que ces réfugiés sont sur le territoire algérien et qu’ils ne peuvent pas entrer au Maroc qu’en situation régulière, et du coup elles refusent de les faire transiter par son territoire pour les livrer à l’Algérie au poste frontalier officiel.

On en est encore là… Comme l’avançait le communiqué du Comité de solidarité avec les réfugiés syriens bloqués à la frontière algéro-marocaine, « les autorités respectives de l’Algérie et du Maroc passent, aujourd’hui, leur temps à se renvoyer la responsabilité de cette situation dramatique sans venir en aide à ces réfugiés. Elles sont coupables de non-assistance à personnes en danger. […] Cette attitude illustre dramatiquement les conséquences de l’approche du tout sécuritaire imposée aux peuples de la région qui aspirent à un Maghreb des peuples ouvert, solidaire et démocratique ».

Paris, le 6 juin 2017.

Pour tous contacts : pole.amf@gmail.commanifeste@manifeste.org