Les révolutionnaires ne manquent pas en Syrie de motifs d’optimisme – par Ignace Leverrier

Article  •  Publié sur Souria Houria le 9 février 2013

Selon un texte qui circule sur Internet, dont la paternité disputée intéresse moins que le contenu, « les Syriens ont 100 raisons d’avoir confiance et d’être optimistes« . Certes, comme le reconnaît volontiers son auteur présumé, « il n’est pas de révolution au monde qui n’ait commis des erreurs et des fautes. Le peuple syrien n’est pas fait d’anges et il n’échappe pas à la règle ». Mais, comme il le souligne à dessein, la révolution ne se limite pas à la lutte armée engagée contre le régime, d’abord pour l’empêcher de tuer les manifestants, puis pour stopper les massacres de populations, enfin pour hâter une issue en le forçant à partir. La révolution est faite aussi de solidarité, d’organisation, de coordination, de coopération, de contruction… Elle prépare ainsi et elle met en place, au milieu des difficultés qu’affrontent les Syriens en quête de leur « seconde indépendance », les bases sur lesquelles le peuple finalement vainqueur édifiera la Syrie nouvelle. Ce n’est qu’une question de temps…

Election du Conseil d’Administration locale provisoire
(Idlib, décembre 2012)

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25 bonnes raisons de rester optimistes

1 / Les aéroports internationaux de Damas et d’Alep sont fermés et sur le point de tomber. Il ne reste plus au régime un seul aéroport sûr. Pour la première fois depuis un demi-siècle, ses hôtes sont contraints d’entrer en Syrie par voie de terre, après s’être posés à Beyrouth.

2 / La Russie a commencé à évacuer ses ressortissants de Syrie, où les ambassades étrangères ont pour la plupart fermé leurs portes dans la capitale.

3 / Le régime a perdu le contrôle des frontières dans le nord et l’est du pays, soit sur 1 500 km environ, et de nouveaux postes lui échappent constamment sur les frontières avec la Jordanie et l’Irak.

4 / La majorité des ambassades de Syrie ont été fermées à travers le monde.

5 / Le dernier discours de Bachar Al Assad avait été enregistré à l’avance. L’agence Reuters et de nombreux témoins oculaires l’ont affirmé. Il n’existe plus un seul endroit en Syrie où le chef de l’Etat puisse se sentir en sécurité, les révolutionnaires étant en mesure de l’atteindre partout.

6 / Un site inféodé au régime a déploré 420 morts dans la seule petite localité de Qardaha. Ce nombre suggère que les décès sont considérables dans les rangs des partisans du système. Pour chaque révolutionnaire tombé en martyr, dixchabbiha, membres de la mafia ou militaires de Bachar Al Assad sont tués. Le régime se venge en assassinat des civils, augmentant du même coup le désir de vengeance et la résolution de poursuivre la lutte jusqu’à la victoire, quel que soit le prix à payer.

7 / La chute des quartiers industriels d’Alep, l’embargo international et la cessation des activités agricoles ont provoqué une contraction sévère de l’économie du régime et une dévalorisation de la livre syrienne par rapport au dollar (100 LS = 1 $). Le tourisme s’est arrêté. Le montant des impôts récoltés a fondu de 90 %. Le régime recourt aux enlèvements et aux extorsions pour être en mesure de payer la solde des voyous à son service.

8 / La diffusion du chiisme qui se faisait sur une vaste échelle dans les zones paupérisées de Deïr al Zor et des environs de Damas a été interrompue. Les opinions publiques, en Irak, au Liban et dans le Golfe, ont commencé à se mobiliser pour faire face aux projets iraniens de domination de la région. Les masques sont tombés et les alliances conclues entre « résistants » de pacotille ont démontré leur caractère fallacieux.

9 / Lorsqu’ils ont été en mesure d’exprimer librement leur opinion, tous les habitants de Hama et de Deïr al Zor ou à peu près ont manifesté contre le régime. Le pouvoir n’est plus capable aujourd’hui d’organiser une seule et unique marche de soutien de ses partisans dans quelque ville de Syrie que ce soit.

10 / Plus de la moitié du territoire syrien échappe maintenant au pouvoir, contraignant ce dernier à utiliser contre le peuple des missiles SCUD, ultimes armes à sa disposition pour se venger des civils.

11 / Des dizaines de milliers de soldats et 3 000 officiers ont fait défection de l’armée régulière. Les désertions se poursuivent et s’accélèrent. La plupart des hauts responsables du régime sont en résidence forcée. La gestion de la crise et la protection du chef de l’Etat sont désormais entre les mains de cadres iraniens. La sœur de Bachar Al Assad s’est sauvée à l’étranger. Quatre des piliers du système ont été tués au même moment. Un Premier ministre a abandonné son poste et a fui le pays.

12 / Des aéroports militaires importants ont été libérés, tout comme des régiments, des casernes, des emplacements stratégiques, des prisons et des dizaines de sièges des services de sécurité. De vastes zones de production pétrolière échappent dorénavant au contrôle du pouvoir.

13 / Le régime a perdu la main sur une proportion importante du principal axe routier du pays : l’autoroute Damas à Alep, qui se poursuit au nord en direction de Azzaz, sur la frontière avec la Turquie, et qui atteint au sud la frontière avec la Jordanie via Daraa. Les routes étant coupées et dangereuses, les autorités sont obligées, pour faire parvenir nourriture et munitions aux troupes encerclées à Alep et dans les alentours d’Idlib, d’utiliser la voie aérienne.

14 / Les révolutionnaires sont parvenus, dans la Ghouta, à retenir des Iraniens en otages durant plusieurs mois, puis à négocier leur restitution contre la libération de plus d’un millier de détenus. Cette issue a provoqué la colère des familles d’officiers alaouites toujours détenus.

15 / Le régime bombarde, assiège et asphyxie de puis plusieurs mois une grande partie de Homs, Deïr al Zor et Al MaadamiyehMais il n’est toujours pas parvenu à y entrer et à en éradiquer la révolution. Depuis quelques jours, ce sont au contraire les révolutionnaires qui ont commencé à y desserrer l’étau.

16 / Les révolutionnaires améliorent constamment les technique locales de fabrication de munitions. Outre les engins explosifs et les mortiers, ils fabriquent désormais les balles de kalachnikovs qui représentent en quelque sorte leur pain quotidien.

17 / Avec la chute des aéroports et l’accroissement des moyens anti-aériens de l’Armée Syrienne Libre, la puissance et le nombre des bombardements aériens dans les régions libérées ont diminué.

18 / L’Armée Syrienne Libre a accru son expérience et ses capacités offensives, passant des escarmouches, des actions éclair et de la guerre des nerfs à une guerre de libération et à des attaques organisées, auxquelles apportent leur concours différentes unités de révolutionnaires, dont 80 % sont des civils.

19 / Les Etats du Golfe et les « Amis de la Syrie » se montrent plus fermes dans leur soutien au peuple syrien en détresse. Ils sont convaincus que la solution de la crise exige de se débarrasser à tout prix de Bachar Al Assad. Mais ils restent divisés sur le bien-fondé d’une solution politique, qui comprendrait le départ du chef de l’Etat et la préservation des institutions de l’Etat, parmi lesquelles l’armée et les appareils de sécurité. Cette évolution n’aurait pas été possible sans les sacrifices consentis par le peuple et sans la fermeté des révolutionnaires.

20 / Des Comités Locaux se mettent en place partout et organisent la vie quotidienne dans les zones libérées. Des efforts soutenus sont faits pour accroître et coordonner les opérations de secours à l’intérieur. On a pu le constater lors de la réunion, à Istanbul, de 113 ONG caritatives travaillant en Syrie sur fonds propres. 14 autres organisations, elles aussi invitées, n’avaient pu répondre à l’appel pour des motifs sécuritaires.

21 / Les chaines satellitaires hostiles au régime en place sont plus nombreuses, plus professionnelles et plus crédibles. On pense en particulier à Orient TV, qui est maintenant la plus suivie à l’intérieur de la Syrie. En face, le nombre, le niveau et la crédibilité de l’information de la mafia au pouvoir ne cesse de régresser.

22 / Les Israéliens ont commencé à édifier un long mur de séparation avec la Syrie sur le Golan. Il trahit leur conviction que le départ de Bachar Al Assad est désormais inéluctable. Récemment, ils ont bombardé au vu et au su de tous le régime de la « résistance et du défi »… qui s’est bien gardé de faire quoi que ce soit pour s’opposer à l’agression. Ses commandos ne sont guère capables que de bombarder les boulangeries, les universités et les hôpitaux.

23 / Le moral, le nombre et l’armement des révolutionnaires ne cessent de croitre, alors que le nombre et le moral des soldats et des mercenaires du régime diminuent régulièrement. Certes, le peuple éprouvé et abandonné ressent un abattement légitime. Mais le moral des révolutionnaires, lui, est au plus haut.

24 / Les formations politiques et humanitaires auxquelles un grand nombre de gens ont participé contribuent à la création d’un véritable tissu social national, là où prévalaient l’égoïsme, la corruption, le régionalisme et le sectarisme insufflés par le régime.

25 / Grâce à l’expérience acquise sur le terrain, les Comités Locaux et les institutions caritatives donnent naissance à de nouveaux cadres dirigeants, compétents et dévoués, aptes à  discuter de manière civilisée et soucieux d’agir collectivement. Ils mettront fin à une trop longue période de vide des institutions civiles en Syrie.

source : http://syrie.blog.lemonde.fr/2013/02/06/les-revolutionnaires-ne-manquent-pas-en-syrie-de-motifs-doptimisme/

date : 06/02/2013