Lettre ouverte à la Communauté Internationale

Article  •  Publié sur Souria Houria le 27 décembre 2012

De l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, le mythe de la ligne rouge… 

On a entendu à plusieurs reprises récemment le président Obama mettre en garde le régime Assad contre l’utilisation des armes chimiques. Parlant d’une ligne rouge à ne pas dépasser, discours internationalement repris, il donnait ainsi son aval, par défaut, à toutes les autres exactions, dont le régime ne s’est bien entendu pas privé: bombardements de files d’attente de civils devant les boulangeries, bombes à sous-munitions etc… Cette déclaration a donc surtout permis à Assad de perpétuer et d’accentuer l’utilisation des  armes les plus vicieuses, sachant qu’aucune action ne serait entreprise contre lui.

Cette ligne rouge vient pourtant d’être franchie à Homs. Le 23 décembre, des bombes chimiques ont été utilisées dans deux quartiers assiégés de la ville de Homs. A l’impact sur le sol elles ont laissé échapper une fumée blanche inodore et l’inhalation du gaz dégagé a provoqué la mort de sept personnes dans le quartier Al-Bayada. Ces victimes ont eu comme symptômes : rétrécissement des pupilles, étouffement et changement de couleur du visage. Des dizaines d’autres personnes ont aussi inhalé ce gaz, ce qui a provoqué chez certains l’aveuglement, une relaxation musculaire et un étouffement. (http://www.alarabiya.net/articles/2012/12/24/256809.html).

Le commandement de l’ASL de Homs a confirmé cette utilisation d’armes chimiques et en a informé la communauté internationale. (https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=wOaXmgsYgM8).

 

Va-t-on voir la communauté internationale déplacer la ligne rouge pour éviter toute action contre le régime syrien? L’émissaire de l’ONU, Lakhdar Al-Ibrahimi, présent à Damas le 23 décembre, a-t-il seulement évoqué le sujet? Va-t-il falloir attendre une utilisation à large échelle de ce genre d’armes et voir des milliers de morts supplémentaires avant que la communauté internationale ne se décide à assumer ses responsabilités envers la population civile en Syrie? Nous n’avons pas entendu M. Obama s’exprimer à ce sujet, ni l’ONU, ni l’OTAN. Israël, silencieux jusqu’ici, vient lui au secours du régime Assad (qui le sert si bien depuis des décennies) et annonce qu’il ne croit pas à une utilisation d’armes chimiques faute de preuve (http://www.juif.org/defense-israel/181633,israel-n-a-pas-de-preuves-de-l-usage-de-gaz-toxique-en-syrie.php). Le jour même de l’utilisation de ce gaz, Israël déclare que les armes chimiques en Syrie sont toujours sécurisées. On devrait sans doute se poser la question de la signification que donnent au mot « sécurisées » l’ONU, l’OTAN, les USA et Israël. « Sécurisées » si Assad les utilise contre la population syrienne? et « non sécurisées » si elles tombent entre les mains de l’ASL qui défend la population syrienne ?

Etrange connivence, S. Lavrov s’est dépêché de dire que ce serait un suicide politique de la part du régime Assad d’utiliser ces armes ; ce dernier venait  de lui démentir l’information.

On observera qu’ « on » (les médias, les gouvernements etc) ne sait pas ce qui passe en Syrie faute d’y avoir un observateur « objectif » (à part des milliers de vidéos)… mais qu’ « on » sait ce qu’il en est des armes chimiques sans y aller voir lorsqu’il s’agit de justifier son inaction devant un viol évident de toutes les valeurs dont « on » se réclame.

L’opposition (https://www.facebook.com/TheSyrianNationalCouncil) a elle déclaré que le peuple syrien tout entier est en danger actuellement et a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités envers le peuple syrien en déclarant les responsables de ce crime comme « responsables de crimes contre l’Humanité », mais aussi en prenant toutes les mesures nécessaires pour empêcher le régime Assad d’utiliser l’aviation afin d’éviter une aggravation de la catastrophe humanitaire que vit la Syrie. Sera-t-elle entendue cette fois ci?

Nous appelons les médias à faire entendre l’appel de l’opposition syrienne et à prendre conscience enfin, qu’il n’y a pas de guerre intercommunautaire en Syrie, mais qu’il y a, en Syrie, un régime assassin qui, depuis 2 ans, extermine la population civile, toutes confessions confondues, et piétine toutes les valeurs dont la communauté internationale prétend, quand ҫa l’arrange, se réclamer et se porter garante. Ne pas agir aujourd’hui, c’est être complice, le peuple syrien a besoin d’aide, de masques à gaz (comme pour les forces d’interposition au Golan) et d’armes de défense anti-aériennes.

 

Lausanne le 26.12.2012

Collectif des Femmes Syriennes pour la Démocratie

 

 

PS: 1. La Coalition Nationale Syrienne attend toujours le premier des 140 millions de dollars promis par les pays « amis » de la Syrie le 12.12.2012 à Marrakech (https://www.youtube.com/watch?v=2NHPvpqOxH4)

       2. On nous signale aussi, de la part des pays « amis » de la Syrie, plus en plus de refus des visas de touristes demandés par des ressortissants syriens qui ont des proches dans ces pays et tentent de les y rejoindre temporairement.