« Malbrunot et Chesnot: les chemins de Damas passent forcément par Assad! »

Article  •  Publié sur Souria Houria le 5 novembre 2014
Le récit tel qu’il est reconstruit par Malrbunot et Chesnot est assez intelligent et reste nuancé, mais les auteurs se gardent bien de tirer eux-mêmes la conclusion à laquelle ils veulent faire parvenir le lecteur: il n’y a pas d’alternative à Assad; il faudra donc renouer avec lui. Le régime fait exactement la même chose: il ne prétend pas reprendre le pouvoir parce qu’il a une quelconque légitimité mais « parce qu’il n’y a personne de l’autre côté ».
L’opposition démocratique syrienne existe bel et bien, tant politique que militaire mais quelle voie lui propose-t-on d’emprunter depuis 45 longs moi?
Compromis politique? quelle est la solution proposée aujourd’hui?  Après les courtes négociations de Genève, le médiateur Lakhdar Brahimi lui-même a explicitement tenu le régime responsable de l’échec. Pourtant il faut rappeler que l’opposition a présenté à Genève un plan réaliste et bien construit pour une transition pacifique qui ne parlait pas du départ immédiat de Assad.
Ceux qui acceptent de parler avec le régime et de trouver un compromis avec lui à l’intérieur de la Syrie (des opposants souvent dénoncés comme trop mous) se herutent à un mur depuis 45 mois. Les modérés de l’intérieur ont été éliminés les uns après les autres, visés par des assassinats ciblés (le chirurgien Adnan Wehbi de Douma, le merveilleux Omar Aziz, père des conseils locaux, mort sous la torture, Abdel Aziz el Kheier enlevé et dont le sort est inconnu depuis deux ans).
Il faut savoir que des membres de l’opposition sont engagés dans des contacts incessants pour essayer d’engager un dialogue, pour l’instant sans résultat mais ils ne se sont jamais arrêtés.
Solution par la justice internationale? Malgré un dossier accablant de tortures à la chaîne dans les prisons du régime sorti par un témoin direct, (le photographe des vicitmes lui-même),la route de la Cour Pénale Internationale reste barrée devant l’opposition démocratique syrienne.
Solution Militaire? L’opposition démocratique a demandé la protection des civils et le demande encore (zone d’exclusion aérienne, zone protégée comme cela a été fait dans les Balkans)  car c’est le seul moyen d’éviter que la population ne s’arme elle-même pour se protéger contre le régime. Mais elle n’obtient aucun réponse satisfaisante, même partielle de la communauté internationale. Elle demande alors des armes pour protéger les civils, toujours sans recevoir le matériel qui permettrait réellement de protéger les populations et construire un peu de gouvernance locale, c’est-à-dire créer là aussi un début d’alternative au pouvoir d’Assad. Elle reste bombardée quotidiennement par les « bombes barils », une arme dont personne n’avait entendu parler avant son utilisation par le régime syrien.
La situation évolue vite sur le terrain. Le régime de Assad est en train de se désintégrer doucement avec des groupes armés qui ne sont pas différents des milices dont on parle chez l’opposition. Ils sont organisés pour piller partout où ils vont pour pouvoir vivre de leur butin et accepter de continuer à tuer. Le régime est donc devenu capable uniquement de générer davantage de désordre. Il ne sera pas le pôle autour duquel se reconstruira la stabilité en Syrie. <Cette stabilité doit être construire autour d’un gouvernement de transition qui rassemble des éléments des deux côtés.
La solution n’est donc plus par un retour au régime lui-même même si on le voulait, mais c’est lui ou plutôt ses alliés qui peuvent débloquer la situation pour qu’une solution négociée devienne possible. On verra alors l’opposition démocratique refaire surface.  Les plans de paix sont dans les tiroirs… L’opposition a simplement besoin d’un partenaire.
Bassma Kodmani
Démocrates Franco-Syriens