Moscou a livré des missiles supersoniques à la Syrie – Par Claude Angeli

Article  •  Publié sur Souria Houria le 7 décembre 2011

Extrait d’un article paru dans le Canard enchaîné – Mercredi 7 décembre 2011

Les manifestations, les morts et la crise que connaît la Syrie n’ont pas nui aux relations entre Moscou et Damas. Au Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie menace toujours d’opposer son veto à toute résolution condamnant le régime syrien. Et sur le plan militaire, les échanges continuent. Les sous-marins nucléaires de l’ex-marine soviétique, venus faire un tour en Méditerranée, penvent relâcher dans le port syrien de Tartous, où quelques centaines de coopérants russes vivent à demeure. Mieux, Poutine n’a pas rechigné, même pendant ce début de guerre civile, à vendre des armes de haute technologie à Bachar al-Assad.

A Moscou, l’agence d’information Interfax a levé publiquement le lièvre, le 1er décembre, sans fournir trop de précisions sur cette vente aux Syriens. Mais, à Paris, la Direction du renseignement militaire (DRM) connaissait déjà l’importance de ces exportations, à l’instar d’autres services alliés de renseingement, sans doute.

Il ne s’agit pas, en effet, d’un « matériel de seconde zone », comme ironise un diplomate français, mais de 72 missiles de croisière Yakhont. Selon la DRM, ces merveilleux engins peuvent être promenés sur des camions équipés de radars et, une fois tirés, parcourir 300 kilomètres et larguer leurs 150 kilos d’explosifs à une vitesse digne du livre des records : trois fois et demie celle du son. Avec, comme cible, soit un navire, soit un objectif au sol.

Cette livraison est-elle en totale contradiction avec les embargos récemment décrétés contre la Syrie? Selon plusieurs diplomates français, des conversations discrètes ont déjà été engagées sur le sujet au siège de l’ONU, à New-York. Et, en réponse à leurs interlocuteurs américains ou autres, les Russes ont affimé qu’il s’agissait d’un armement purement défensif, non concerné par les embargos, donc. Bien sûr, personne n’a éclaté de rire, ce n’est pas la tradition entre diplomates, et surtout pas les Israéliens. Lesquels craignent que certains de ces objets volants bien identifiés ne tombent un jour entre les mains du Hezbollah libanais, ou de celles d’un groupe de méchants djihadistes.