Nous avons besoin de défenseurs de la liberté d’expression – Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO – Guillermo Cano

Article  •  Publié sur Souria Houria le 5 mai 2015

La Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, a décerné le prestigieux Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano au journaliste et militant des droits de l’homme Mazen Darwish le 3 mai. La cérémonie a eu lieu à la Bibliothèque nationale de Riga, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse célébrée chaque année le 3 mai. Elle s’est déroulée en présence du Président de la Lettonie, Andris Bērziņš, du Premier ministre letton, Laimdota Straujuma, du ministre des affaires étrangères, Edgars Rinkēvičs, et du ministre de la culture Dace Melbārde. Ulla Koski, Vice-présidente de la Fondation Helsingin Sanomat a également pris part à l’événement.

Après avoir rendu hommage au lauréat, le Président Bērziņš a appelé de ses vœux « une amélioration de la qualité des médias, une aide concrète au journalisme d’investigation et un environnement renforcé de médias pluralistes, indépendants et libres […]. La capacité des membres de nos sociétés à évaluer et analyser eux-mêmes l’information délivrée par les médias est aussi importante que d’autres facteurs. La liberté d’expression, en cette période agitée, passe par un journalisme professionnel et honnête. La liberté des médias et la responsabilité des journalistes vont de pair ».

            « Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de défenseurs de la liberté de la presse. C’est la raison pour laquelle nous sommes réunis aujourd’hui, pour honorer une personne qui n’a jamais fléchi dans son combat pour la liberté de s’exprimer, de publier, d’être entendue », a déclaré pour sa part la Directrice générale de l’UNESCO au cours de la cérémonie.

            Yara Bader, Directrice du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression et épouse de Mazen Darwish, a accepté le prix au nom de son mari, emprisonné depuis février 2012.

            « Mazen Darwish fait partie de ces rares personnes qui se caractérisent par un profond sens moral et une vive conscience de leur responsabilité éthique. Il a choisi de consacrer plus de dix ans de sa vie à cet engagement. Cela s’est traduit par de nombreux renoncements sur le plan personnel lorsqu’il est revenu travailler en Syrie, malgré la répression », a déclaré Yara Bader, dans un discours émouvant prononcé en arabe.

            Mazen Darwish est l’un des défenseurs de la liberté de la presse les plus importants du pays. Il préside le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression et fait partie des membres fondateurs de plusieurs médias indépendants qui portent un regard critique sur le conflit qui touche le pays, notamment le journal Voice, le magazine sur les médias Media Club, ou le site d’information syriaviews.net, interdit par les autorités syriennes. Malgré les nombreuses demandes pour sa libération formulées par des organisations de défense des droits de l’homme, des ONG défendant la liberté de la presse, des institutions des Nations Unies et des organisations intergouvernementales, Mazen Darwish reste emprisonné, de même que ses collègues Hani Al-Zitani et Hussein Ghareer.

            Ana Maria Busquets de Cano, veuve du journaliste colombien assassiné Guillermo Cano qui a donné son nom au Prix, a évoqué les précédents lauréats. « La vie de ceux qui ont reçu ce Prix est un rappel des valeurs du journalisme qui ne peuvent disparaître ou s’effacer, comme l’indépendance, la responsabilité et le bien commun ».

            Le Président du jury international du Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano, Ko-Ko U, a fait écho aux propos d’Ana Maria Busquets de Cano lorsqu’il a déclaré que Mazen Darwish recevait le Prix « pour sa carrière professionnelle, plus d’une décade de sacrifices personnels au cours desquels il a fait l’objet de harcèlement incessant, d’interdiction de voyager, d’arrestations et de torture ».

            Irina Bokova a également ouvert  la conférence internationale organisée conjointement par l’UNESCO et le ministère des affaires étrangères de Lettonie à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. La conférence a réuni plus de 90 intervenants, 450 journalistes, des experts de la liberté d’expression, des représentants gouvernementaux et de la société civile, des agences des Nations Unies et des universitaires de plus de 80 pays. Le thème pour l’édition 2015 de la Journée mondiale de la liberté de la presse était : « Donnons du souffle au journalisme ! Vers une meilleure couverture de l’information, l’égalité des genres et la sécurité des médias à l’ère du numérique ».

            Parmi les intervenants à la conférence figuraient notamment David Kaye, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression ; Doug Frantz, le Secrétaire d’Etat adjoint aux affaires publiques ; Anda Rožukalne, Présidente de l’association lettone des journalistes ; Ilze Jaunalksne, présentatrice de l’émission télévisée “Nekā Personīga” ; Cilla Benko, Directrice générale de la radio suédoise ; Peter Greste, correspondant de la chaîne Al Jazeera qui a été emprisonné pour des motifs liés à son travail ; Hamid Mir, présentateur sur GEO TV qui a survécu à une tentative d’assassinat au Pakistan ; Maria Ressa, directrice du site d’information Rappler et le dessinateur équatorien « Bonil ».

            Un message conjoint signé par le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, le Haut-Commissaire pour les droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein et Irina Bokova. Il soulignait notamment que « la qualité du journalisme permet aux citoyens de prendre des décisions éclairées sur le développement de leur société ».

            Décerné chaque année à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai, le Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano est destiné à distinguer une personne, une organisation ou une institution qui a contribué d’une manière notable à la défense et/ou à la promotion de la liberté de la presse où que ce soit dans le monde, surtout si pour cela elle a pris des risques. Il a été créé par le Conseil exécutif de l’UNESCO en 1997 et est attribué sur la recommandation d’un jury international indépendant composé de douze professionnels des médias.

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Contact médias : Roni Amelan, r.amelan(at)unesco.org, +33 (0) 1 45 68 16 50

source: http://www.unesco.org/new/fr/media-services/single-view/news/we_need_champions_for_freedom_of_expression_unescoguillermo_cano_world_press_freedom_prize_2015/#.VUk3ekv-tg2