Par Youssef Abdelké pour l’exposition de Ala’ Hamameh à Europia à Paris

Article  •  Publié sur Souria Houria le 31 janvier 2015

Photo_Youssef Abdelké

Damas, le 25 janvier 2015
Entre deux obus
En temps de guerre, quand la dévastation et les relents de cadavres règnent partout, il n’y a rien qui puisse constituer un palliatif à l’espoir. Ni la politique, ni la puissance, ni la littérature, ni l’art.
Que peut dire le tableau face à une maison qui s’est écroulée sur ses habitants ? Que peut dire le poème devant les sanglots d’un enfant tombé à côté des corps sans vie de sa mère et de ses frères ? Rien, absolument rien, car le mal dépasse en atrocité toutes les formes d’expression.
Pourtant, il y a toujours des personnes, des artistes et des écrivains qui agissent, qui écrivent et qui dessinent. Ils ne se nourrissent pas du leurre de pouvoir changer quoi que se soit et ils ne sont pas assez vaniteux en prétendant pouvoir exprimer la tragédie telle quelle. Pourtant, ils se sentent forcés à consigner l’acte dans l’espoir d’apaiser leur conscience face à l’horreur.
C’est ainsi qu’il faudrait comprendre l’œuvre de ‘Alaa Hamameh. Le peintre s’adresse à nous, il voit, il proteste, il affirme haut et fort le droit des gens à la vie. Ce faisant, il ne cherche pas à transmettre un message visuel direct ou métaphorique, il est convaincu que, en tant qu’artiste, il détient dans sa main l’infime lueur capable d’éclairer les ténèbres.
Paradoxalement, le pinceau de Hamameh nous parle avec des couleurs claires et des touches anxieuses et spontanées à la fois. Le peintre maîtrise le pouvoir de faire naître l’ironie, de créer des formes inattendues – motifs ou personnages – qui se meuvent dans son univers personnel, allant de l’obscurité à l’amertume et à la satire.
Les artistes de la trempe de Hamameh baignent dans l’illusion, car ils sont certains que les lendemains ne seront pas pires qu’aujourd’hui. Ils sont intimement convaincus que nous avons le droit de vivre comme des êtres de chair et de sang, des êtres pétris de sentiments et d’espoirs.
Demain, lorsque les Syriens émergeront de l’obscurité, ils se sentiront fiers de ces artistes qui se sont comportés comme des saints et qui se sont dirigés vers la crucifixion au milieu de la dévastation générale tout en souriant à un enfant curieux qui ne cesse de poser des questions, à un brin d’herbe qui surgit parmi les pierres d’un mur en ruine ou à un oiseau qui gazouille entre deux obus.

Exposition de
Ala’ Hamameh
« Dialogue Tables »
Galerie Europia
A partir du 5 Février à 18H30
15 avenue de Ségur
75007 paris

du 5 eu 27 février Paris : « Tables de dialogue » Exposition de Ala’ Hamameh