REVOLTE SYRIENNE-L’OCCIDENT EST-IL RACISTE? – par Abdul Hamid Chidda

Article  •  Publié sur Souria Houria le 14 mars 2012

Un an et le sang coule en Syrie. Un régime dictatorial a commencé par tirer à bout portant contre tous les manifestants pacifistes et a fini par assiéger et bombarder des villes et des villages. Non content par la destruction de quartiers entiers, il a lâché ses hommes, assoiffés de sang et enivrés de haine, afin de tuer des enfants, des femmes et des blessés. Dès le début du soulèvement populaire contre la tyrannie, des organisations non gouvernementales comme Amnesty International et Human Rights Watch ont sorti des rapports dénonçant de graves violations, systématiques et organisées, des droits humains. Des organismes de l’ONU ont parlé de crimes contre l’humanité. Des journalistes témoins des exactions ont été tués. Tout citoyen du monde peut constaté par les médias tous les massacres et crimes car ceux-ci sont publiés sur internet ; surtout que la quantité abondante des images macabres est facilement vérifiable. Aujourd’hui, aucune personne ou institution ne peut raisonnablement prétendre qu’elle ignore ce qui se passe en Syrie. L’ignorance du massacre était un prétexte annoncé par l’occident pour faire éclipser sa responsabilité du génocide fait aux juifs pendant la deuxième guerre mondiale. C’était aussi l’argument concernant les massacres de Hama en 1982.

Les alliés déclarés du régime sont principalement la Russie, la Chine et l’Iran, trois pays célèbres par leur mépris des droits de l’Homme et de la vie humaine.
Jusqu’à ce jour, il n’a eu aucune pression digne de sauver la vie d’un seul syrien. Même l’aide humanitaire n’est pas acheminée. C’est comme si le genre humain avec toutes ses organisations, ses lois et ses puissances s’était figé sans pouvoir rien faire. La réalité est qu’il n’existe pas de volonté politique réelle pour sauver les syriens.
Et la question que tout le monde pose est pourquoi l’Occident, première puissance du monde, prétendument parrain des droits de l’homme, n’a rien fait de sérieux pour épargner la vie et l’intégrité des syriens victimes d’une barbarie hors du commun. Les déclarations de condamnation faites ici et là et pour tromper l’opinion publique ont été plutôt timides et les mesures prises n’ont pas été propres à arrêter la tuerie et ne sont pas de nature dissuasive, connaissant ce régime fasciste et ses antécédents.
La part de vérité dans les prétextes déclarés pour ne pas intervenir concernaient principalement une « complexité stratégique et géopolitique » du régime syrien. D’autres points ont été relevés comme l’absence de pétrole, comme la volonté de désengagement des Etats-Unis et la peur de l’Iran et de la Russie. La peur des islamistes ne parait plus convaincante tellement elle a été usée et abusée.
Il peut exister une part de vérité dans ces prétextes mais dans beaucoup d’exemples tous récents, l’Occident est intervenu ou a fait pression pour empêcher de telles situations.
Tous les jours, une centaine des syriens meurent sans que cela n’émeut grand monde et même si une certaine indignation est démontrée, cela ne paraît pas suffisant pour pousser les chancelleries, les élites et même l’opinion publique à réagir. Le non-respect des conventions internationales qui imposent une intervention pour empêcher des crimes contre l’humanité ne semblent trop inquiéter les États et l’ONU. Le droit international évoqué pour justifier des actions est tout à coup bloqué par des mécanismes multiples.
Cette légèreté et cette mollesse face la gravité du drame qui se déroule devant nos yeux ne peut s’expliquer que par des raisons plus profondes.
En l’année 2000 et à l’occasion de la succession de Assad, les médias en Occident ont, avec les gouvernements occidentaux, plébiscité l’arrivée de Bachar parce qu’il était jeune et s’intéressait à internet. Ce motif n’aurait jamais été admis pour un pays occidental.
L’Europe et les Etats-Unis peinent à croire à la franchise des populations arabes des dictateurs, ces derniers étaient les valets ou les manipulés de l’occident. Il n’est surement pas dans leurs intérêts que les richesses de ces pays soient correctement distribuées ou que ces ces peuples soient traités d’égal à égal avec leurs peuples.                                      Ce retard de comprendre l’aspiration des arabes à la dignité humaine et à la démocratie a des racines historiques liées à la domination occidentale pendant des siècles. Avant, les pays arabes étaient colonisés et depuis, c’est une nouvelle domination qui s’est instaurée, à travers la loyauté des dictateurs ou à travers l’usage machiavélique de leur tyrannie.
Le soutien aux dictateurs et la méfiance envers les révolutions arabes donne l’impression que ces peuples ne sont pas  capables, ou même dignes, d’un projet de liberté et de démocratie.
Pire encore. Des intellectuels, surtout français, remettent en cause le caractère de popularité des soulèvements et avancent des théories de conspiration (américano-sionistes, impérialistes,…). Cette mise en doute démontre bien qu’une pensée qui assigne que ces peuples ne sont pas capables de s’indigner et d’affronter leur bourreaux, voir qu’ils « n’ont pas d’âme ». L’égalité des hommes hypocritement mentionnée dans les textes est sacrifiée par cette indifférence face à la tragédie.

Il me semble que cette fausse impuissance est motivée par des raisons inavouées de manque de considération pour la vie et les aspirations du peuple syrien. C’est peut être une raison de plus pour ce peuple pour renverser les données et prouver au monde qu’il est capable de se libérer, même au prix fort, pour un avenir meilleur. Il est légitime de se demander si les leçons de l’histoire ne doivent servir de leçon qu’en faveur des pays occidentaux.
Laisser les syriens affronter le fait de se faire massacrer sans venir à leur secours est une tâche noire et une honte pour le genre humain.