Symboles de l’opposition syrienne – Par Shuvra Mahmud BBC Monitoring

Article  •  Publié sur Souria Houria le 17 février 2012

Traduit de l’anglais par SouriaHouria

Depuis que les manifestations pro-démocratie ont éclaté en Syrie en mars dernier, les manifestants ont utilisé une série de symboles pour coaliser et galvaniser l’opposition au gouvernement du président Bachar al-Assad et mettre en évidence la répression exercée contre la contestation.

Durant les manifestations à travers le pays, les visages des gens sont maintenant souvent peints avec le drapeau vert, blanc et noir de l’ancienne République syrienne, qui existait avant que le Parti Baas et la famille Assad n’accèdent au pouvoir.

Le drapeau a été officiellement adopté par la principale coalition d’opposition, le Conseil national Syrien, et par l’armée syrienne libre, un groupe rebelle armé qui a juré de renverser M. Assad par la force.

Aussi bien que l’ancien drapeau, les femmes et les enfants ont fait leur apparition lors des manifestations, à l’intérieur du pays comme dans les ambassades à travers le monde, avec les visages peints de larmes rouge-sang pour symboliser la souffrance du peuple.

Les morts symboliques

Les cas d’individus particuliers parmi les milliers de morts signalés en sont également venus à symboliser la révolte et a encourager une vague d’indignation.

En mai, un certain nombre de pages ont été créées sur Facebook à la mémoire d’un garçon de 13 ans, Hamza al-Khatib, qui aurait été arrêté et torturé à mort par les forces de sécurité à la fin du mois précédent.

 

Les officiels ont déclaré qu’il avait été abattu lors d’une manifestation, mais des séquences vidéo de son corps semblaient montrer des preuves de brûlures de cigarettes et d’autres signes de torture et de mutilation, y compris l’émasculation, ainsi que des blessures par balle.

La mort de Hamza est devenu un puissant symbole de l’insurrection, reflétant une tendance du Moyen-Orient à présenter les « martyrs » comme des symboles de la « résistance ».

Sa photo a par la suite été arborée à l’occasion de nombreuses manifestations dans beaucoup de villes, tandis que les pages Facebook ont été invoquées par des leaders mondiaux à l’appui de leur argumentation pour que davantage de pression soit mise sur le gouvernement du président Assad.

Puis, en Juin, un homme d’Hama nommé Ibrahim Qashush a écrit une chanson de protestation dans laquelle il dit au président : « Hey Bachar, hey menteur. Va te faire voir, toi et tes discours, la liberté est à la porte. Alors allez, Bachar, il est temps de partir. »

La chanson est devenue populaire alors que la répression des manifestations dans la ville s’intensifiait et, début juillet, Qashush a été filmé se produisant devant une foule immense de manifestants, dont beaucoup chantaient en même temps.

Quelques jours plus tard, une vidéo a commencé à circuler en ligne montrant un corps retrouvé flottant dans l’Oronte, qui traverse Hama. Des habitants ont indiqué qu’il s’agissait de Qashush, et que sa gorge avait été tranchée et ses cordes vocales arrachées.

Il est impossible de vérifier les affirmations au sujet de sa mort, mais Qashush et sa chanson sont rapidement devenus un symbole de la puissance du message des manifestants et des actions brutales du gouvernement. La chanson a été chanté lors des manifestations à travers le pays et beaucoup de gens ont posté leurs propres versions en ligne.

Roues à eau

Hama et ses anciennes roues à eau en bois, ou norias, qui bordent l’Oronte là où il traverse la ville, sont devenus des symboles importants pour l’opposition.

 

Le 3 Février, les militants ont téléchargé des images de norias peintes en rouge pour commémorer le 30e anniversaire de l’attaque de la ville par les forces de sécurité, attaque qui est largement connue comme le «massacre de Hama ».

En 1982, le président d’alors, Hafez al-Assad, le père de Bachar, a envoyé des troupes pour réprimer un soulèvement du groupe sunnite islamiste d’opposition, les Frères musulmans. Entre 10.000 et 25.000 personnes ont été tuées et des pans entiers de la ville rasés. L’opération a été dirigée par Rifaat al-Assad, l’oncle de Bachar.

Des partisans de l’opposition ont également utilisé les norias pour critiquer publiquement le président. Des photographies ont été publiées, montrant les structures de soutien peintes avec le drapeau de l’ancienne République syrienne, et l’un d’entre eux marqué de graffitis déclarant : « Hafez est mort, et pas Hama. Bashar mourra, et pas Hama.».

Des manifestants dans d’autres villes à travers le pays auraient également crié : « Nous sommes désolé Hama – pardonne-nous », portant des modèles réduits de norias.

Certains rapports de médias occidentaux ont pris soin de souligner que le soulèvement 1982 à Hama était dirigé par les Frères musulmans, qui avaient mené une campagne contre le gouvernement syrien depuis les années 1970.

En revanche, le soulèvement de 2011 a commencé avec des manifestations pacifiques, qui ne bénéficiaient du soutien public ni des Frères musulmans ni de quelque autre groupe.

Malgré cela, l’opposition de Syrie est consciente de l’histoire récente du pays et utilise Hama comme un autre symbole pour stimuler les manifestants.

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Source : http://www.bbc.co.uk/news/world-middle-east-16988927