Syrie : huit mois de révolte ont mis l’économie à genoux

Article  •  Publié sur Souria Houria le 10 novembre 2011

L’économie syrienne est frappée de plein fouet par près de huit mois de répression de la révolte contre le président Bachar al-Assad et par les sanctions économiques occidentales visant à faire pression sur le régime pour qu’il cesse ses violences.

Dans les hauts lieux de l’insurrection où des manifestations sont réprimées quasi quotidiennement, « il n’y a pas d’activité commerciale normale. Les familles subsistent grâce à la solidarité de leurs proches », affirme Rami Abdel Rahmane, chef de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

A Jabal Al-Zaouiya, à Idleb (nord-ouest), dans certains quartiers de Homs (centre), de Banias et de Lattaquié (ouest), et dans des localités de la région de Deraa (sud-ouest), « les gens manquent d’argent, ils vivent dans la pauvreté », assure M. Abdel Rahmane. « Les foyers manquent de mazout pour se chauffer » car le fioul est utilisé par les chars déployés à travers le pays, ajoute le militant.

FUITE DE CAPITAUX

Des opposant estiment que « le régime tente de resserrer l’étau autour de ces régions dans le but de leur faire sentir l’impact des sanctions internationales »exercées sur la Syrie.

Au final, l’activité économique est au ralenti, l’achat de biens de consommation est en berne et les hôtels sont vides. Les violences ont eu raison du secteur touristique, qui employait 11 % de la main-d’œuvre, générant plus de 7,6 milliards de dollars en 2010, soit 12 % du PIB, selon Paul Salem, directeur du centre Carnegie pour le Moyen-Orient.

« Le commerce extérieur a baissé de plus de 50 %, les investissements étrangers ont cessé, la fuite des capitaux s’est accélérée », notamment vers Dubaï, affirme M. Salem. Des experts économiques et des hommes d’affaires syriens évoquent des transferts de plus de quatre milliards de dollars hors de Syrie depuis le début de la contestation en mars, alors que la livre syrienne a perdu 10 % de sa valeur face au dollar.

SANCTIONS COMMERCIALES

L’Union européenne et les Etats-Unis ont imposé de sévères sanctions commerciales au régime syrien pour dénoncer la répression, qui a fait plus de 3 500 morts parmi les civils selon l’ONU. L’UE prépare, en outre, un gel des crédits de la Banque européenne d’investissement à la Syrie, dans le cadre d’un nouveau train de sanctions.

Ces mesures n’empêchent toutefois pas la répression de se poursuivre. Jeudi, onze civils, dont une fillette, ont péri lors d’opérations des forces de l’ordre et d’affrontements entre l’armée et des déserteurs présumés. Parallèlement, six soldats ont été tués dans des affrontements avec des déserteurs.

En réaction, une grève générale a été décrétée à Jabal Al-Zaouiya, dans la région d’Idleb, jeudi, à l’appel d’opposants sur le terrain, et les forces de l’ordre tentaient d’ouvrir les magasins par la force.

source: http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/11/10/syrie-huit-mois-de-revolte-ont-mis-l-economie-a-genoux_1602029_3218.html#ens_id=1481132