Syrie: Human Rights Watch dénonce un contrat d’armement signé entre Thalès et la Russie

Article  •  Publié sur Souria Houria le 16 juin 2012

ARMEMENT – Thalès a signé un contrat avec la société russe Rosoboronexport lors du salon Eurosatory à Villepinte. Or, au Proche Orient, la Syrie est le plus gros importateur d’armements russes.

Syrie: Human Rights Watch dénonce un contrat d'armement signé entre Thalès et la Russie

Après la signature d’un contrat entre Thalès et le géant de l’armement russe Rosoboronexport , Jean-Marie Fardeau, Directeur France de Human Rights Watch France met en garde l’Etat contre une éventuelle complicité de crimes contre l’humanité. La Syrie est le plus gros importateur d’armements russes au Proche Orient.

Un contrat a été conclu entre Thalès et la société d’armement Rosoboronexport pour équiper des chars russes lors du salon Eurosatory, « Le Bourget » de l’armement terrestre, qui s’est ouvert lundi à Villepinte. Jean-Marie Fardeau, Directeur France de Human Rights Watch (HRW), a expliqué a l’Express pourquoi il juge ce contrat politiquement inacceptable.

Quelle est la position de Human Rights Watch au sujet de ce contrat ?

Le problème de base est que Rosoboronexport est un gros conglomérat russe et qu’il figure parmi les principaux exportateurs d’armes à destination de la Syrie. Au premier jour du salon Eurosatory, Thales a signé un contrat avec Rosoboronexport, pour équiper les chars russes de caméras thermiques. Le quai d’Orsay affirme que la France respecte les procédures habituelles et que la signature s’est faite avec l’accord de la commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG). Or, Rosoboronexport indique de son côté que les chars qui seront équipés de ces caméras seront exportés. Mais le problème ce n’est pas le type d’armes vendues -en l’occurrence une licence pour en fabriquer en Russie- mais le principe de signer avec cette entreprise dans le contexte précis de la tragédie syrienne.

Si le contrat est établi sur une base légale, quel est le problème?

HRW n’est pas là pour faire la morale. HRW veille au respect du droit international. Nous considérons que ce contrat est politiquement inacceptable car il est passé avec une firme qui du point de vue du droit international se rend complice de crimes contre l’humanité en continuant de vendre de l’armement à un régime qui commet des crimes abominables. La France ne peut l’ignorer. Ensuite parce que la France soutient officiellement un embargo sur les armes à destination de la Syrie et pourtant une entreprise, dont l’Etat est actionnaire, signe un contrat avec cette firme russe.

Justement, qu’attendez-vous de la France?

Nous saluons bien entendu les sanctions qu’elle impose à Damas pour faire cesser la répression. Laurent Fabius a notamment annoncé mercredi que Paris voulait renforcer la pression sur le régime de Damas. Nous nous réjouissons que la France soit active pour dénoncer la terrible répression en cours en Syrie mais sa position est paradoxale puisqu’elle accueille sur son sol, au salon de l’armement, Rosoboronexport. Apparemment, aucun officiel français n’était présent à la signature du contrat entre Thalès et Rosoboronexport, alors que le vice-premier ministre russe était présent. Il serait inaceptable que d’autres contrats soient signés car il faut isoler complètement Rosoboronexport.

 

source: http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/syrie-pour-human-rights-watch-thales-pourrait-se-rendre-complice-de-crimes-contre-l-humanite_1126822.html