Syrie. Intervention en Syrie : « Avons-nous d’autres solutions ? »

Article  •  Publié sur Souria Houria le 9 septembre 2013

lundi 9 septembre 2013

Intervention en Syrie : « Avons-nous d'autres solutions ? » 
Alep, quartier Salah al-Din, le 8 Septembre 2013. Samar Diab de l’association Souria Houria : « La situation se dégrade de plus en plus (…), la Syrie vit un cauchemar en continu. » ABO MHIO / AFP

Alors que le monde entier a les yeux rivés sur le Congrès américain qui donnera dans les prochaines heures sa décision à Barack Obama concernant des frappes en Syrie, les civils syriens continuent de mourir.

 

« Tout le monde voulait une révolution pacifiste » rappelle amèrement Samar Diab, membre du comité d’administration de l’association Souria Houria, comprenant de nombreux Syriens vivant en France. Que ce soit les Syriens vivant en France ou ceux qui sont en Syrie, le sentiment concernant une intervention extérieure est le même selon cette dernière : « Nous sommes déchirés ». Les choses se sont accélérées ces dernières semaines à cause des preuves de l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad. Les Syriens, comme le reste du monde, attendent la décision du Congrès américain dont dépend l’intervention d’une coalition occidentale en Syrie.

 

120 000 morts

« Qui souhaite que son pays soit bombardé par l’extérieur ? Mais avons-nous d’autres solutions ? Le régime a déjà fait 120 000 morts, selon les chiffres officiels, dont près de 80% sont des civils » regrette Samar Diab. Pour cette dernière, idéalement une solution pacifique devrait être trouvée mais devant l’entêtement de Bachar al-Assad, il n’y a guère de choix : « L’intervention est la pire des solutions mais depuis deux ans et demi, la Syrie vit un cauchemar en continu ». Un cauchemar auquel les pays occidentaux espèrent mettre un terme avec des frappes ciblées contre le régime en place.

 

Le conflit s’étend

« Depuis 2012, plus d’une dizaine de sites ont été touchés par des attaques à l’arme chimique, mais c’est la première fois [21 août 2013 en banlieue de Damas, ndlr] qu’il y a autant de morts » précise la membre de Souria Houria. Selon elle, la preuve de l’utilisation d’armes chimiques n’a pas été le seul facteur déclenchant de la mobilisation des pays étrangers : « La situation se dégrade de plus en plus. Il y a des problèmes récurrents au Liban, des problèmes à la frontière turque, le conflit commence à déborder de la Syrie. C’est toute la région qui est menacée ». C’est tout le Moyen-Orient qui risque de s’embraser, mais une intervention stabiliserait-elle vraiment la région ?

 

De la parole aux actes ?

« Depuis deux ans et demi, l’occident parle. Mais quand, en France ou aux Etats-Unis, le président dit « Assad doit partir » derrière, il y a le double de morts en Syrie. Parce que l’opposition se dit que les renforts ne vont pas tarder à arriver et se jette encore plus dans la bataille. Mais finalement rien ne se passe » s’indigne Samar Diab. Pour elle, l’opposition au régime a beaucoup d’alliés théoriques qui ne bougent pas, tandis que les alliés du régime de Bachar al-Assad sont moins nombreux mais plus efficaces, notamment pour le pourvoir en armes.

 

Comme en Iraq ?

Pour convaincre le Congrès de le laisser envoyer des frappes en Syrie, Barack Obama a promis que « Ce ne serait pas un autre Iraq ou un autre Afghanistan » (Le Monde). Du côté du régime syrien, c’est une autre « chanson » : « Dans une déclaration, Bachar al-Assad a prévenu que s’il y avait une intervention extérieure, la Syrie serait comme l’Iraq ou l’Afghanistan. Mais la Syrie est déjà comme l’Iraq ou l’Afghanistan » indique la membre de l’association Souria Houria.

Cette dernière met également en garde : « Il ne faudra pas juste faire une petite attaque, juste pour l’honneur et pour avoir la conscience tranquille, parce que ce sera encore pire après ! ». Parce que Bachar al-Assad se montre lui, campé sur ses positions : « Lors de son entretien avec le journaliste Georges Malbrunot, Assad a fermé les portes à toute négociation, qualifiant les opposants d’intégristes qu’il faut éliminer » a relevé Samar Diab.

 

« Il suffirait qu’Assad parte et ce serait fini. Mais il a déclaré qu’il voulait être réélu en 2014 » explique Samar Diab. Les Syriens sont contraints de choisir « la pire des solutions » et devrait être fixés sur leur sort dans quelques heures avec la décision du Congrès américain. Des missiles pour mettre fin à un conflit, la dernière solution pour un peuple qui souffre depuis plus de deux ans : « Il n’y a pas une famille qui n’ait pas perdu quelqu’un, un frère, un oncle, une mère, un cousin… ».

F. Duhamel

http://www.lecourrierdelatlas.com/553409092013Intervention-en-Syrie-Avons-nous-d-autres-solutions.html