Syrie: « La cohésion entre les communautés résiste encore » – par Catherine Gouëset

Article  •  Publié sur Souria Houria le 23 mars 2012

Les divisions de l’opposition syrienne menacent-elles la cohésion de la résistance au régime de Bachar el-Assad? Comment expliquer la recrudescence récente des attentats à Damas? Le point de vue de Salam Kawakibi, de l’Arab Reform Initiative.

Salam Kawakibi, chercheur en sciences politiques et relations internationales, est membre de l’Arab Reform Initiative, un réseau d’instituts de recherche arabes indépendants.

 

La Syrie peut-elle d’évoluer vers une situation de guerre communautaire?

La société syrienne n’est pas divisée, malgré des décennies d’instrumentalisation de la question religieuse, à tous les niveaux, par le pouvoir politique. Malgré les efforts cyniques du régime pour créer des fissures au sein du tissu social syrien, la cohésion résiste encore. La contestation n’a rien de religieux. Les différentes communautés sont présentes dans l’opposition et participent activement aux travail des coordinations locales. Il est déplorable cependant de constater que certain diplomates ou observateurs occidentaux tombent, en parlant de risque de guerre communautaire, si facilement dans le piège tendu par les autorités ou une partie du système sécuritaire. Cependant, il est très important de s’inscrire dans le temps. Ce qui est vrai maintenant pourrait ne plus l’être dans les prochains mois, si le silence complice continue. Il est impossible de prévoir le développement de la situation, dans une telle atmosphère de manipulations et provocations.

Où en est l’opposition après les divisions apparues récemment?

Il est normal, après cinq décennies de désertification de la scène politique, que les opposants connaissent de grandes difficultés à s’organiser et dépasser les clivages idéologiques. Pourtant, le CNS a relativement réussi à rassembler les forces politiques les plus significatives sur la scène syrienne. L’élargissement exagéré de ses rangs, destiné à satisfaire l’exigence de pluralité n’était pas une affaire facile.

Des personnalités se sont retirées du CNS pour essayer de faire mieux à l’extérieur du mouvement. Il est déplorable que pendant que les Syriens subissent la répression sanglante, certains opposants mettent en avant leurs égos et essayent de s’imposer individuellement. Personne n’est incontournable quand il s’agit de défendre la cause nationale. En dernier ressort, l’unification de l’opposition est une demande à la fois utopique et malsaine. La démocratie prospère avec des idées contradictoires sur les méthodes à employer. Cependant, l’objectif final doit être le même: Un Etat de droit démocratique, civil et non religieux.

Comment expliquer la multiplication des attentats en Syrie? Y a-t-il un risque d’infiltration d’Al Qaïda comme le soutient le régime de Bachar el-Assad?

Il faut avoir en tête tous les scénarios et notamment celui qui nous renvoie aux manipulations qu’ont connu d’autres pays dans le passé (l’Algérie par exemple) pour accuser la mouvance « islamiste » de commettre des atrocités, afin d’effrayer le bloc silencieux de la communauté nationale ou internationale. Malgré les déclarations incompréhensibles de certains responsables occidentaux, les indices sur le terrain ne soulignent aucune présence d’Al Qaïda.

Cela dit, on ne peut pas exclure la présence d’éléments radicaux, qui ne seraient pas d’ailleurs, sous la bannière d’une organisation en particulier. Dès lors, une frontière poreuse et une situation sécuritaire chaotique, s’ajoutant à la tentative du régime de transformer la guerre contre les civils en une guerre civile, sont des éléments qui pourraient, dans un avenir proche, inciter des individus ou des groupes ayant leurs propres agendas et qui ne répondent en aucun cas aux revendications politiques du peuple syrien que sont la liberté et la dignité.

source: http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/syrie-la-cohesion-entre-les-communautes-resiste-encore_1096546.html

سورية: الانسجام بين الطوائف ما يزال متماسكا