Le rappel de l’ambassadeur américain de Damas sonne le début de la fin d’Assad – Stefano B.C.

Article  •  Publié sur Souria Houria le 25 octobre 2011

Une guerre psychologique ou des menaces sérieuses ?

Syrie : le rappel de l’ambassadeur américain de Damas sonne le début de la fin d’Assad

Une intervention militaire sera menée avec ou sans la Turquie. Dans ce dernier cas, Ankara perdra sa carte européenne

mardi 25 octobre 2011 – 07h12, par Stefano B.C.

Alors que l’administration américaine affirme que le rappel de son ambassadeur en Syrie, Robert Ford, est provisoire, le quotidien libanais « Al Joumhouria » cite des sources proches du dossier, à Washington, selon lesquelles « le retrait de Ford sonne le début de la fin de Bachar Al-Assad ». Mais en évoquant de la sorte une intervention militaire, comme le suggère John McCain, Washington semble davantage engagé dans une guerre psychologique que dans un scénario sérieux.

« Al Joumhouria » cite en effet une source de l’ambassade américaine à Damas selon laquelle « Robert Ford a quitté la Syrie pour une période indéterminée », signifiant de facto que l’ambassadeur a bel et bien était rappelé par Washington, contrairement aux déclarations officielles de l’administration américaine. Ces propos, venus de l’ambassade à Damas, convergent avec les déclarations du porte-parole adjoint du Département d’Etat, Mark Toner, qui a reconnu que « les Etats-Unis sont incapables de fixer la date du retour de Ford en Syrie. Car cela dépend des mesures de sécurité et de la situation sur le terrain, marquée par une campagne virulente menée par le régime syrien contre l’ambassadeur ».

Cependant, « Al Joumhouria » affirme que des sources proches de l’administration et du Congrès américains ont reconnu que « le rappel de l’ambassadeur de Washington à Damas sonne le début de la fin du régime de Bachar Al-Assad. Cet événement aura d’importantes répercussions politiques sur la situation. Ford est parti avec un “aller simple” ».

Les mêmes sources, relayées par « Al Joumhouria » s’attendent à « de nouvelles défections de grande ampleur au sein de l’armée syrienne. Ces dissidents pourraient alors former des zones fortifiées et libérées pour protéger les civils. Les responsables américains pourraient s’y rendre pour soutenir les révolutionnaires. Le débat est vif en ce moment pour savoir si la Turquie prend en charge la couverture militaire de ces zones, ou si cette mission sera confiée à l’OTAN », ajoute le journal.

Pour le moment, précise « Al Joumhouria », « Washington multiplie les pressions pour que les autorités turques se chargent du dossier syrien et protègent les civils et les dissidents. Mais Ankara est très réticent, craignant qu’une intervention militaire ne profite aux Kurdes de Syrie », que leur émancipation, à l’image des Kurdes d’Irak, ne donne des idées indépendantistes aux Kurdes de Turquie. Mais, poursuit le quotidien libanais, « dans un bref délai (un mois ou deux), la situation nécessitera une intervention militaire que l’Occident sera prêt à mener avec ou sans Ankara. Dans ce cas, les Turcs perdront une carte importante dans leur jeu, notamment en ce qui concerne leur candidature à intégrer l’Union européenne ».

Toutefois, ces scénarios ne semblent pas très sérieux, à ce stade, puisqu’ils ne tiennent pas compte de l’opposition de la Russie et de la Chine à toute ingérence occidentale en Syrie. De ce fait, les scénarios semblent davantage relever de la guerre psychologique et des menaces verbales pour pousser Assad à modifier sa stratégie, à cesser la répression et à réformer sans tarder. Pourtant, si Assad compte se maintenir au pouvoir, il ne peut aucunement réformer. Car toute réforme signifie la fin du régime qui continue à s’imposer par la force. De même, pour se maintenir, Assad doit éliminer au moins la moitié de la population qui lui est hostile.

Synthèse réalisée par Stefano B.C.

Source: http://www.mediarabe.info/spip.php?article2058