Syrie: les forces de l’ordre ont commis des crimes contre l’humanité

Article  •  Publié sur Souria Houria le 29 novembre 2011

GENEVE (AFP) – Les forces de l’ordre syriennes ont commis des crimes contre l’humanité, lors de la répression brutale des manifestants contre le régime en place, selon le rapport de la commission d’enquête internationale sur les violations commises en Syrie, publié lundi à Genève.

« La commission est très préoccpée par le fait que des crimes contre l’humanité ont été commis dans différents régions de la Syrie pendant la période sous revue », indiquent ses trois membres, des experts de l’ONU, qui estiment que les forces de l’ordre et l’armée sont responsables de ces actes.

Les trois membres de la commission d’enquête, placée sous l’égide du Haut commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, ont également « réitéré leur appel au gouvernment syrien », afin qu’il l’autorise à se rendre immédiatement et sans problème en Syrie, ce qu’ils n’ont pas réussi à faire jusqu’à présent.

Dans ce rapport de 40 pages, qui sera examiné en mars prochain par la 19ème session du Conseil des droits de l’hommme de l’ONU, les experts indiquant avoir interviewé 233 victimes de violations des droits de l’homme ou témoins des exactions, parmi lesquels figurent des civils et des déserteurs des forces de l’ordre.

Ces témoignages montrent que « des exécutions sommaires, des arrestations arbitraires, des disparitions forcées, des tortures, dont certaines avec des violences sexuelles, ainsi que des violations des droits des enfants » ont été commis ». Depuis le début des protestations, quelque 3.500 personnes ont été tuées en Syrie.

« Les preuves rassemblées par la commission montrent que ces violations grossières des droits de l’homme ont été commises par les militaires syriens et les forces de l’ordre, depuis le début du mouvement de protestation en mars 2011 », écrivent les experts.

La commission « lance un appel au gouvernement pour y mettre fin immédiatement et pour engager une enquête indépendante et impartiale sur ces violations et traduire leurs auteurs devant la justice ».

La commission a aussi adressé des recommandations spécifiques « aux mouvements d’opposition, au Conseil des droits de l’homme, aux organisations régionales et aux Etats-membres des Nations-Unies ».

Enfin la commission regrette « profondément qu’en dépit de plusieurs demandes, le gouvernement syrien n’a pas réussi à engager un dialogue et à lui permettre d’entrer » en Syrie.

« Le gouvernement a informé la commission qu’il allait examiner la possibilité de coopérer avec elle, une fois que sa propre commission spéciale indépendante sera mise sur pieds », indiquent les experts de l’ONU.

La commission a encore réitéré son appel pour un accès immédiat et sans obstacle au territoire syrien.

Les trois membres de la commission sont Sergio Pinheiro (Brésil, expert en droits de l’homme), Yakin Ertürk (Turquie, une spécialiste de la violence faite aux femmes) et Karen Abou Zayd (Etats-Unis, une spécialiste des questions humanitaires et des réfugiés).

Cette commission a été mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le 23 août dernier lors d’une session extraordinaire.

La commission a démarré ses travaux le 26 septembre dernier. Outre les entretiens avec les victimes et témoins de violations des droits de l’homme en Syrie, la commission a aussi eu des contacts avec des missions diplomatiques, des partenaires de l’ONU, des organisations régionales (dont l’Organisation de la Conférence islamique, l’Union Europe, la Ligue arabe), la société civile et des organisations des droits de l’homme.

source: http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20111129.REU3847/la-population-syrienne-doute-de-l-efficacite-des-sanctions.html