Syrie: l’Université d’Alep gagnée par la contestation – afp/Joseph Eid

Article  •  Publié sur Souria Houria le 5 mai 2012

Quatre étudiants ont été tués jeudi. Ces incidents, qui ont déclenché des manifestations de solidarité dans plusieurs universités du pays, pourraient être un tournant dans la mobilisation à Alep, la deuxième ville de Syrie.
C’est au tour d’Alep d’être confronté à la brutalité du régime de Bachar el-Assad. Les forces du régime syrien ont tué jeudi quatre étudiants et en ont arrêté 200 autres dans la deuxième ville du pays, faisant fi de la présence des observateurs internationaux de l’ONU et du cessez-le-feu instauré il y a près de trois semaines.
Ces incidents, qui ont déclenché des manifestations de solidarité dans plusieurs universités du pays, pourraient être un tournant dans la mobilisation à Alep, centre économique du nord longtemps, avec Damas, l’une des deux villes les moins touchées par la contestation.
200 étudiants arrêtéz
Après une nuit et une matinée de manifestations violemment réprimées et de mise à sac des chambres étudiantes par les forces du régime, l’Université à annoncé sur son site internet une suspension des cours jusqu’au 13 mai. Une mesure dictée par le fait que « ni la direction ni les forces de sécurité ne semblent en mesure de contrôler la situation » dans une université qui s’est fortement mobilisée contre le régime ces derniers mois, estime le chef de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.
Selon lui, les hommes de la sécurité sont « entrés en force car la mobilisation s’est intensifiée ces derniers temps au sein et à l’extérieur des campus ». Il ajoute que si « Alep ne s’est pas encore révoltée contre le régime, l’importance de ces événements va pousser les habitants à se solidariser avec les étudiants ».
Quatre étudiants ont été tués lorsque les forces de sécurité ont fait irruption « en grand nombre » et ont ouvert le feu sur une manifestation anti-régime, selon un militant. 28 étudiants ont été blessés et 200 autres ont été arrêtés, a précisé l’OSDH.
Par ailleurs, des défilés ont eu lieu dans plusieurs villes du pays notamment à Damas, à Deraa, berceau de la contestation dans le sud, et à Deir Ezzor, selon des militants. Des avocats ont également manifesté à Alep même.
Mercredi, les violences ont fait 32 morts, dont 22 militaires, soit le bilan le plus lourd pour les troupes depuis l’instauration de la trêve, et ce malgré le déploiement depuis le 16 avril des premiers observateurs de l’ONU chargés d’en surveiller l’application.
La présence des observateurs « calme » malgré tout la situation
Malgré les violations, le général norvégien Robert Mood, chef des observateurs, a affirmé mercredi sur la chaîne britannique Sky News que leur présence « calmait » la situation, tout en qualifiant le cessez-le-feu de « précaire ».
Mardi, l’ONU a accusé aussi bien le régime que les opposants de violer la trêve, soulignant que les observateurs avaient constaté la présence d' »armes lourdes » dans les villes, en violation du plan de l’émissaire international Kofi Annan. Le régime avait pourtant accepté cette initiative, de même que la rébellion armée, bien moins équipée que les troupes gouvernementales. Mais celle-ci avait prévenu qu’elle riposterait à toute attaque de l’armée.
Le plan Annan prévoit une mission plus large de 300 observateurs mandatés par l’ONU, la libération des détenus, le droit de manifester pacifiquement et la libre circulation des médias et des humanitaires.
Plus de 600 personnes, en majorité des civils, ont péri en Syrie depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 12 avril, selon le même source.

Source: http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/syrie-l-universite-d-alep-gagnee-par-la-contestation_1111130.html