Syrie : plus de 200 civils tués à Homs

Article  •  Publié sur Souria Houria le 4 février 2012

Plus de 200 civils ont été tués dans la nuit de vendredi à samedi dans des bombardements du régime syrien sur Homs, haut-lieu de la contestation, a affirmé l’opposition, des allégations démenties par le régime qui a imputé le massacre à des hommes armés. Samedi,

Il était difficile de confirmer l’information de source indépendante en raison des restrictions imposées à la presse étrangère, mais si le chiffre des plus de 200 morts s’avérait exact, il s’agirait de la journée la plus meurtrière depuis le début de la révolte contre le présidentBachar al-Assad en mars 2011.
«Dans les premières heures du matin samedi, le régime d’Assad a perpétré l’un des plus terrifiant massacre depuis le début de la révolte», a indiqué le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la plupart des courants de l’opposition, dans un communiqué. «Les forces d’Assad ont bombardé (…) des zones résidentielles à Homs, dont Al Khalidiya et Qoussour, faisant au moins 260 morts, des civils, et des centaines de blessés, dont des hommes, des femmes et des enfants», poursuit le groupe d’opposition.

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) avait fait état plus tôt de tirs de mortiers sur Homs, faisant au moins 217 morts, des civils, et plusieurs centaines blessés.

La ville de Homs, à 110 km au nord de Damas, est surnommée par les opposants «capitale de la Révolution», ayant donné le «plus de martyrs». Le régime du président Bachar al-Assad, qui ne reconnaît pas l’ampleur de la révolte populaire, a démenti le pilonnage de Homs par l’armée. «Une source de presse dément le pilonnage par l’armée de certains quartiers de Homs, colporté par les chaînes de télévision qui incitent» à la violence, a précisé l’agence officielle Sana.

Citant une source de presse, l’agence a affirmé que les civils «montrés par les chaînes de télévision satellitaires sont des citoyens qui ont été kidnappés et tués par des hommes armés». Sana a accusé les hommes armés de «vouloir exploiter ces informations pour (faire pression) au Conseil de sécurité» de l’ONU qui tente de mettre au point une résolution condamnant la répression.

Les chaînes d’information arabes Al-Arabiya et Al-Jazira ont montré des dizaines de corps sans vie jonchant les rues d’Homs.

Des ambassades de Syrie attaquées dans plusieurs pays

Des manifestants en colère s’en sont pris aux ambassades de Syrie dans plusieurs pays dans la nuit et samedi matin
Au Koweït, où vivent quelque 100 000 ressortissants syriens, des centaines de Syriens et de militants koweïtiens en colère ont tenté de prendre d’assaut l’ambassade, selon des militants et une source de sécurité. Plusieurs personnes ont été arrêtées, et selon l’association koweïtienne des droits de l’Homme, une ONG, au moins deux manifestants ont été blessés dans un mouvement de foule lorsque les gardes de l’ambassade ont tiré plusieurs coups de feu en l’air pour disperser les manifestants.

Au Caire (Egypte), des dizaines d’opposants syriens ont envahi l’ambassade vers 3 heures du matin (01h00 GMT), saccageant le bâtiment et mettant le feu au rez-de-chaussée, a indiqué un employé de la mission. Après avoir arraché la grille d’entrée, ils ont saccagé l’intérieur du bâtiment puis mis le feu à plusieurs pièces au rez-de-chaussée. Les traces de l’incendie étaient visibles sur les murs calcinés et du verre brisé jonchait le sol, selon un journaliste de l’AFP. Samedi matin, des policiers égyptiens avaient été déployés pour protéger l’ambassade.

En Arabie saoudite, où les manifestations sont interdites, quelques dizaines de Syriens se sont rassemblés samedi matin devant l’ambassade de Syrie, avant d’être dispersés par la police.

En Europe, une cinquantaine de manifestants, des Syriens pour la plupart, ont également réussi à pénétrer dans l’ambassade de Syrie à Athènes (Grèce), tôt samedi matin, brisant des vitres et inscrivant des mots d’ordre antigouvernementaux sur les murs. La police a arrêté 12 Syriens et un Irakien. A Londres, environ 150 manifestants s’étaient rassemblées devant l’ambassade syrienne dans la nuit de vendredi à samedi, et cinq d’entre eux ont été arrêtés pour avoir pénétré dans l’ambassade après la dispersion du rassemblement, selon la police. A Berlin (Allemagne), une vingtaine de personnes avaient également pénétré vendredi dans l’ambassade et occasionné quelques dégradations matérielles, avant d’être évacuées par la police.

La précédente résolution bloquée par un veto russe et chinois

Le CNS a accusé dans le même temps les forces d’Assad d’«avoir aussi bombardé Jisr al-Choughour (nord-ouest), les banlieues de Damas, et l’est de Ghouta (près de Damas) dans ce qui semble être une préparation à des massacres similaires». Le CNS demande à la Russie de changer sa position, l’exhortant à «clairement condamner le régime et à le tenir responsable pour les massacres (…) et permettre aux Syriens d’élire démocratiquement un régime qui leur accordera la liberté et la dignité».

Mais la Russie, alliée de Damas, a déclaré samedi que le projet de résolution –condamnant la répression mais faisant des concessions à Moscou– sur lequel doivent voter samedi les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, ne lui convenait «absolument pas». Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov a déclaré dans un entretien à la télévision russe Rossia, «si (les Etats-Unis) veulent encore un scandale au Conseil de sécurité, on ne peut pas les arrêter».

Malgré plus de dix mois de violences et au moins 6000 morts selon les militants, le Conseil a été incapable jusqu’ici d’adopter une résolution sur la Syrie. Un précédent texte avait été bloqué en octobre dernier par un veto russe et chinois.

source: http://www.leparisien.fr/international/syrie-plus-de-200-personnes-tuees-a-homs-04-02-2012-1845533.php