« Ton beau visage, nous le brûlerons avec de l’acide » – Par Rania Massoud

Article  •  Publié sur Souria Houria le 25 février 2012
La jeune Hadeel avant et après son agression...
La jeune Hadeel avant et après son agression…

Torture L’opposante syrienne chrétienne Hadeel Kouky a été tabassée dans son appartement au Caire, où elle vit en exil depuis quelques mois.

Hadeel Kouky, une jeune chrétienne syrienne originaire de Hassaké, vit en exil depuis plus de trois mois. À peine âgée de 20 ans, elle est l’une des rares opposantes chrétiennes à s’exprimer ouvertement contre le régime de Bachar el-Assad. Avant son départ de Syrie, Hadeel a été arrêtée à trois reprises en l’espace de 9 mois par les services de renseignements syriens à Alep pour avoir exprimé son soutien à la révolte anti-Assad sur sa page Facebook. Elle a été battue, torturée, humiliée… « Je ressens encore les stigmates jusqu’à aujourd’hui », assurait-elle dans un billet publié quelques semaines après sa libération.
Mais rien ne semble empêcher Hadeel de poursuivre sa quête pour la démocratie en Syrie. Depuis l’Égypte, où elle est installée, la jeune fille au visage angélique continue de s’exprimer sans peur contre le régime d’Assad via Internet. Mais elle qui pensait avoir trouvé refuge dans un pays postdictatorial ne s’attendait pas à revivre l’horreur qui l’a obligée de fuir sa terre natale.

Il y a quelques jours, un groupe de trois chabbiha ont fait irruption dans son appartement et l’ont tabassée, selon Ahed el-Hindi de Ciberdissidents.org qui affirme avoir été contacté par la jeune femme immédiatement après l’incident. « Elle était paniquée et en sanglots, elle ne savait pas quoi faire », écrit le jeune militant pour les droits de l’homme.
« Ils m’ont battue en me traitant de traître ! a-t-elle indiqué. Puis l’un d’eux a pris le drapeau de la révolution syrienne accroché sur le mur de ma chambre et l’a piétiné en m’insultant. » Selon la jeune opposante, deux de ses agresseurs avaient un accent égyptien alors que le troisième était syrien.
Vingt minutes avant l’attaque, Hadeel a affirmé à Ahed avoir reçu une lettre placée sous la porte de son appartement. C’était une lettre de menace : « Nous allons te discipliner comme on discipline les chiens, espèce de traître. Même si tu vas te cacher sur Mars, les chabbiha d’Assad te retrouveront. Nous savons tout de tes activités et nous avons même eu le feu vert de ta famille qui t’a reniée. Ton beau visage, nous le brûlerons avec de l’acide. »
Au lendemain de l’agression, la jeune fille publie une photo d’elle montrant les traces des coups sur son visage et sur son bras. Elle écrit : « Je sens que je perds mon âme. (…) Je sens que j’ai vieilli de quarante ans en un seul jour tellement la peine et la douleur m’ont affaiblie. J’écris ces mots pour me défouler, ni plus ni moins… J’ai été tellement torturée la dernière fois où j’ai été arrêtée que j’en suis malade. On m’a privée de l’université, de mes amis, de ma famille. Tous mes proches me boycottent malheureusement parce qu’ils soutiennent ce régime assassin. J’ai fui la Syrie de manière très douloureuse, sans mes parents ni mes petits frères… Mon cœur se déchire tellement j’ai de la peine… Beaucoup de mes amis ont été tués à Idleb et dans la banlieue d’Alep. Leur visage et leur voix sont gravés dans ma mémoire… Je pense à eux toutes les nuits dans ma chambre froide. Je pleure… Je me sens si seule… Je vis dans un quartier au Caire où beaucoup d’employés de l’ambassade syrienne résident. Une semaine avant mon agression, j’ai vu un groupe de cinq Égyptiens discuter devant l’immeuble. Je ne comprenais pas ce qu’ils disaient, mais j’ai entendu mon nom. Ils se demandaient si je suis originaire de Deraa ou bien de Homs. J’ai eu très peur ce jour-là, j’ai prévenu la police égyptienne qui m’a promis de s’en occuper. Je n’ai pas fermé l’œil cette nuit-là… Je ne sais plus quoi faire ni quoi dire… »
« La vie de Hadeel est en grand danger, assure Ahed el-Hindi. Les voyous d’Assad ont la capacité de lui faire du mal, même en Égypte. » Selon lui, la jeune femme représente une menace pour le régime : « Étant une opposante chrétienne, elle est la preuve vivante que le conflit en Syrie n’est pas un conflit entre groupes islamistes et régime laïc comme l’affirme Bachar el-Assad. Assad fait son possible pour faire taire toutes les voix chrétiennes qui s’opposent à lui. »

source: http://www.lorientlejour.com/category/Moyen+Orient+et+Monde/article/747027/%3C%3C+Ton_beau_visage,_nous_le_brulerons_avec_de_l%27acide+%3E%3E.html