Hazem Saghieh – Les chrétiens de Syrie

Article  •  Publié sur Souria Houria le 10 mai 2011

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Aujourd’hui, il y a des gens qui utilisent « l’approbation des chrétiens de Syrie du régime Assad » comme argument pour vilipender la révolte syrienne et, partant, pour affirmer « le rôle des islamistes et des salafistes » dans cette révolte contre « la laïcité du régime ».
Bien sûr, nous n’avons aucun argument pour confirmer ou infirmer cette adhésion et ses limites. Mais son existence n’est qu’une preuve de plus de ce que le régime du Baath avait implanté depuis 1963, surtout depuis le « Mouvement de correction » de 1970.
Nous devons admettre que le communautarisme et les appréhensions des minorités n’ont pas été directement engendrés par le régime du Baath, car ils remontent loin dans l’histoire du confessionnalisme et du clanisme, ainsi que dans les structures ethniques qui se sont développées dans notre région. Nonobstant, il serait difficile de passer outre le fait que 48 ans de l’hégémonie de « Unité, Liberté, Fraternité » n’a fait qu’exacerber ces sentiments au lieu de les réduire.
Partant, nous pouvons induire qu’aller plus loin dans la suprématie du Baath apportera encore plus de désagrégation sociale et plus d’appréhensions pour les minorités qui demandent au régime de les protéger. En un mot, plus de craintes de tout le monde face à tout le monde.
S’il est vrai que les chrétiens soutiennent le régime Assad, il est tout aussi vrai qu’ils ont tort car ils installent ainsi une situation dangereuse qui pourrait se retourner contre eux. Alors que l’autre face des risques du changement, indéniables, ne peuvent que conduire vers de nouveaux commencements.
On avait dit que les chrétiens de l’Irak soutenaient le régime de Saddam Hussein car il les protégeait, cela n’est qu’une preuve de plus du rôle des régimes baathistes pour détruire le tissu social en offrant la protection aux minorités comme contrepartie de leur adhésion au lieu d’instaurer et d’ancrer des critères de citoyenneté. Le régime de Saddam Hussein ne fut-il pas justement derrière l’explosion des vindictes sanguinaires échangées par les Irakiens après la chute de Saddam ?
De tels régimes sont érigés sur le syndrome de Stokholm en quelque sorte, lorsque le prisonnier s’attache à son geôlier. Dans ce cas, il suffit que ce dernier laisse la vie sauve à son prisonnier pour donner l’impression qu’il lui donne la vie. Le chrétien syrien, ou tout être humain, est bien trop intelligent et perspicace pour tomber dans ce panneau.

Source : Now Lebanon – حازم صاغيّة، الاثنين 9 أيار 2011
Date : 9/5/2011 – Hazem Saghieh
Traduit par SouriaHouria
http://www.nowlebanon.com/Arabic/NewsArticleDetails.aspx?ID=268761