كلمة معاذ الخطيب في مؤتمر السلم الأهلي السوري / Le discours de Moaz Al Khatib lors de l’assemblée de la paix nationale syrienne

Article  •  Publié sur Souria Houria le 25 avril 2013

traduit par Lama Kanbar pour Souria Houria (Syrie Liberté)

« Je vous salue, tout d’abord je remercie le comité de la paix civile et à sa tête le Docteur Abdelekarim al Bakar.
Le sujet que je vais aborder est très important et nous ne pouvions l’aborder dans le passé, le sujet concerne les pays du Levant « Bilad Sham ».
Dans sa biographie Fakhri al Baroudi aborde les codes sociaux qui existaient en Syrie et plus particulièrement à Damas. Il existe quatre références :
• Le métier (les familles portent des noms en référence au métier qu’ils exercaient)
• Le faubourg (Chaque quartier avait son chef)
• La famille (Chaque famille possède son chef de famille)
• La religion

Al Baroudi rappelle dans ses mémoires que l’empire Ottoman a mis en place un tribunal de commerce. Pendant plus de trois ans aucun jugement n’a été proclamé et personne n’a mis les pieds dans ce tribunal car les gens réglaient leurs conflits entre eux en se basant sur ces quatre références. Les gens se faisaient confiance et notre société était ainsi.
Notre nation est malade depuis longtemps, on nous a volé nos valeurs, maintenant nous voulons restaurer notre identité et nos principes ! Ce régime oppresseur nous a détourné du chemin de l’humanité, nous voulons retourner aux paroles de Dieu, je cite un verset du Saint Coran :
« Humains, nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle. Si nous avons fait de vous des peuples et des tribus, c’est en vue de votre connaissance mutuelle. Le plus digne au regard de Dieu, c’est celui qui se prémunit d’avantage. »

On ne cache pas qu’il y a beaucoup de problèmes en Syrie, le premier problème est que ce grand peuple courageux est resté dans l’ignorance de l’autre pendant plus de cinquante ans, les gens se craignaient les uns les autres et cela a conduit à de grandes difficultés qui ont influencé nos vies (sociales, professionnelles, politiques…). Mais j’affirme que le retour est proche. Les challenges sont nombreux en Syrie mais ensemble nous y arriverons !
Le premier challenge est ce que l’on raconte sur la division de la Syrie.
La Syrie existe toujours et elle fait partie d’une grande nation. Nos grands parents ont fait face à l’occupation française lorsque celle-ci voulait diviser notre nation, la colonisation a échoué et de la même manière, aujourd’hui, nous combattrons toutes les tentatives de division de la Syrie.

Mes compatriotes m’ont critiqué car j’ai proposé un dialogue avec le régime et ses Etats alliés car d’après eux j’aurais dû demander que les syriens dialoguent entre eux. À l’occasion du 67ème anniversaire de l’indépendance de la Syrie, je déclare que ce jour marquera également la fin de l’humiliation. Je déclare que nous devons enclencher une initiative de dialogue entre les syriens eux-mêmes et les révolutionnaires de l’intérieur.

À l’intérieur de la Syrie il y a de nombreux obstacles, un révolutionnaire m’a dit un jour « Vous êtes à l’étranger et nous avons besoin que les débats qui se font à l’extérieur se fassent entre les révolutionnaires à l’intérieur de la Syrie » et il a raison. Le monde extérieur critique la manière dont la révolution est menée à l’intérieur, les Etats ont une position qui n’est pas claire et qui nourrissent les désaccords entre les révolutionnaires en Syrie et l’opposition à l’extérieure et je ne permettrai à personne de dire du mal des gens qui combattent en Syrie, notre rôle est de garder le contact avec tous les révolutionnaires en Syrie car ils se battent contre l’humiliation.
Concernant Jobrat al Nosra, un proche de ce groupe m’a affirmé que « le monde a pris positon contre nous à partir d’une vidéo posté sur Youtube dont personne ne connaît ni la provenance ni l’identité de celui ou celle qui l’a posté » j’ai répondu à ce jeune que je ne laisserai personne critiquer les révolutionnaires qui combattent.

Il y a 3 points importants :
• Nous refusons moralement et religieusement toute idée de tuer des gens car considérés comme des pêcheurs.
• Nous refusons que des personnes imposent leurs idées religieuses aux autres
• Nous refusons toute idée qui menacerait la cohésion et l’unité du peuple syrien

Si chacun s’engage à respecter ces 3 principes, alors il est libre de dire ce qu’il veut.
Certaines personnes souhaite voir un gouvernement de Khalifa islamique, je suis d’accord à condition qu’on suivre ce qui est écrit dans le Coran. Si vous voulez que les gens aiment Dieu et ne le rejettent pas vous devez prêcher d’une bonne manière c’est-à-dire en respectant le principe qu’on ne force personne à la religion. En tant qu’être humain les gens ont des droits et personne ne doit violer ces droits humains.
Nous devons apprendre à écouter les opinions de chacun, ce que nous ne pouvions faire dans le passé, un sage a dit un jour « il faut me connaître et m’écouter avant de rejeter ce que je dis », nous les syriens nous nous rejetions les uns les autres sans chercher à se comprendre. Je demande aux révolutionnaires de créer des liens entre eux et qu’ils ouvrent leur cœur aux uns les autres.
Parmi les gens qui ont participé au mouvement pacifique de la révolution les femmes représentent 60% ! De grandes femmes ont dirigé les actions de secours et certaines en ont payé de leur vie. Donc je le dis fermement sans la Femme syrienne la révolution syrienne n’aurait pas pu relever sa tête !
Des milliers de nos sœurs syriennes sont enfermées dans les prisons et elles représentent les clés de la révolution ! Des milliers d’enfants sont dans les prisons et ils représentent l’âme de la révolution ! Il y a également des milliers d’activistes civils, des milliers de médecins, des milliers de boulangers, il y a ceux qui transportent sur le dos le ravitaillement en nourriture et en armes aux soldats de l’armée libre ces porteurs honorables qui risquent leur vie en passant entre les snipers et les balles ont toujours continué leur chemin ! Et il y ceux qui ne pouvant plus supporter l’injustice ont pris les armes tous ces gens là font partie de la révolution !
Nous voulons créer des ponts entre nous (les syriens) et débattre calmement même sous les bombes. Un jour je fus très peiné, j’ai même versé des larmes en voyant que les révolutionnaires de l’intérieur avaient une très mauvaise opinion de l’opposition à l’extérieur et un frère de l’intérieur m’a dit une fois qu’il était contre mes avis et que tout ce que je disais était faux et il m’a donné un petit livre et à cela j’ai répondu « Nous sommes des êtres humains on peut faire des erreurs mais cela n’empêche pas qu’on puisse discuter ensemble en toute liberté». J’ai réalisé que ce qu’on disait sur eux étaient faux, je les ai vus autrement !
Je le dis ! Notre peuple syrien fait partie des grands peuples de ce monde, car jusqu’à présent le régime syrien a échoué dans sa tentative de créer une guerre civile interreligieuse entre le peuple syrien. Notre société syrienne reste très forte et elle sera encore plus forte dans le futur et pour preuve cette réunion que nous organisons aujourd’hui il y en a beaucoup en Syrie.
Le peuple syrien est un peuple honnête et loyale nous avons juste besoin de se tolérer les uns les autres, de se pardonner pour donner toute la place au dialogue.
Hier, j’ai eu beaucoup de peine à entendre un responsable du régime syrien dire que si Assad tombe la Syrie tombera aussi, j’ai été affecté par ce propos car il idolâtre une personne. Nous ne croyons en personne nous ne croyons qu’en Dieu et nous croyons en la Nation ! Dans le passé, nombreuses sont les civilisations qui sont passées en Syrie, mais la Syrie a toujours continué d’exister malgré les tyrans que ce pays a vu. En effet, Aucun tyran n’a jamais réussi à détruire notre nation qui existe depuis des milliers d’années. Nous pensons de manière maladive depuis longtemps que si une personne s’en va le projet s’en va avec elle or ce n’est pas vrai, les Hommes partent mais les projets restent, le soleil est la lune sont la création Dieu, les êtres humains meurent mais le soleil et la lune demeurent et leur lumière ne s’atténuent pour personne.
N’ayez pas peur mes frères !
Ce régime nous a appris à n’aimer et ne respecter que le pouvoir mais pas la patrie et le peuple qui aujourd’hui vit un grand danger. Je ne m’inquiète ni pour le musulman ni pour le chrétien ni sur aucune autre personne quelque soit sa confession. Aujourd’hui je crains pour notre pays, nous devons le protéger car c’est ce qui est le plus cher pour nous. Nous faisons face à de nombreux challenges, les syriens de l’intérieur subissent des malheurs sans précédent.
Dans notre Histoire, il existe un système monétaire qui se nomme « el wakf », qui est efficace et qui fait partie de notre culture collective. Si ce système se met en place cela pourrait aider les syriens en difficultés et nos compatriotes de l’intérieur pourraient organiser des petits conseils pour diriger les aides. Nous ne voulons pas de donations, nous voulons une caisse permanente pour aider tous ces jeunes dont les études universitaires ont dû être interrompues et qui se retrouvent sans travail et il y a de plus de plus de syrienne qui travaillent comme domestiques dans les maisons pour subvenir à leurs besoins. Les matières premières deviennent inexistantes, par exemple dans la région de Horan il existe un village complètement privé de toute nourriture et eau.
Nous voulons restaurer notre Histoire et ses grands Hommes que le régime à voulu effacer. Nous devons travailler main dans la main. La société syrienne est généreuse et est capable de faire beaucoup de bonnes choses !
Cette réunion est la base pour construire de grands projets pour la toute la Syrie.
Je vous remercie, je terminerai avec un verset du Saint Coran
« Par le temps,
L’Homme est en perdition
Exception faite de ceux qui croient, effectuant les œuvres salutaires, se conseillent mutuellement le bien, se conseillent mutuellement la patience. »