« Le soutien iranien et russe à la Syrie est pragmatique et peut changer » – par Salam Kawakibi
Salam Kawakibi, professeur en sciences politiques à l’entreprise de l’initiative de la réforme arabe a affirmé que la révolution Syrienne continuera jusqu’à la chute du régime en place, et ce, quelles que soient les initiatives visant à assurer le maintien du statut quo.
El Khabar : considériez-vous que le régime syrien ait accepté l’initiative arabe uniquement pour faire diversion et pour gagner du temps ?
Salem Kawakibi : la Ligue Arabe a appelé à la tenue immédiate de son conseil des ministres samedi prochain, pour examiner le désengagement syrien par rapport à cette initiative. On ne peut, actuellement, juger les intentions de tout un chacun et considérer cela comme étant un gain de temps et une tentative de fuite vers l’avant, alors que l’opposition syrienne est entrain de se diviser alors que les autorités officielles considèrent qu’une partie de cette dernière acceptera les réformes alors que l’autre les refusera, et comptera donc sur cette division pour affaiblir la révolte en attendant d’autres développements de la situation.
El Khabar : le président Béchar Al-Assad a affirmé que la Syrie n’est pas forcément l’Egypte ou la Tunisie ou même la Libye, allusion faite au soutien russe ou iranien à la Syrie. Pensez vous que ce soutien est une forme de garantie pour la pérennité du régime Syrien ?
Salem Kawakibi : nous avons constaté dans l’exemple Libyen, une manouvre du régime Russe, qui a montré un certain degré de manouvre. Nous avons également constaté comment est-ce qu’elle a pu être aussi pratique dans le règlement de comptes avec certaines forces occidentales, concernant notamment certains dossiers en suspens, qui n’ont rien à avoir avec la crise syrienne. De ce fait, la satisfaction de la Russie, par les régimes occidentaux, d’une manière ou d’une autre, conduira forcément au changement des alliances auxquelles l’occident n’a jamais été fidèle depuis la chute de l’Union Soviétique. Quant à l’Iran, il serait utile de noter que le n°1 du régime iranien Ahmadi Najed, en désaccord avec l’Ayatollah et sa garde révolutionnaire, a appelé à arrêter les la répression des manifestants et au dialogue avec l’opposition syrienne. Nous constatons, également, à travers la pragmatie iranienne, que la position iranienne peut changer mais à conditions et à des prix.
El Khabar : L’opposition syrienne, revendique-t-elle la réforme du régime ou bien son départ ?
Salem Kawakibi : Au début du conflit, les manifestants réclamaient des revendications de réforme et non pas au départ du régime. C’est suite aux pratiques répressives exercées contre les manifestants que ceux-ci ont changé de discours. Il y a deux courants qui représentent l’opposition : le Conseil national syrien (CNS). Il représente une grande partie de l’opposition ; il œuvre pour garantir la transition pacifique du pouvoir. C’est-à-dire le départ du régime en place. L’institution de coordination nationale. Elle appelle pour au réforme et eu départ du régime. Ceci dit que les deux courants de l’opposition sont unanimes.
El Khabar : Pensez-vous que le dialogue national puisse trouver une sortie de la crise ?
Salem Kawakibi : Une partie de l’opposition préfère négocier que s’engager dans un dialogue avec le régime pour aboutir à sa chute avec les moindres dégâts, alors que l’autre appelle pour le dialogue en vue d’atteindre le même résultat, mais avec un agenda plus long. Pour sa part, le régime syrien est conscient que le dialogue lui permettra de faire impliquer une partie de l’opposition, qui assumera la responsabilité, dans le cas d’un éventuel échec politique. En ce qui concerne la vision de la Ligue arabe, elle me parait qu’elle n’est pas claire, sachant que cette instance est divisée par ceux qui pensent que le régime a épuisé toutes ses cartes et ceux qui tentent avec tous les moyens de sauver le régime dans le but de faire face à la contagion.
source: http://fr.elkhabar.com/spip.php?page=imprimer&id_article=1952