« La Syrie se porterait mieux sans Assad », estime Obama

Article  •  Publié sur Souria Houria le 11 août 2011

Le président reconnaît des « erreurs » devant une délégation de l’ONU ; la répression fait 24 morts, dont 18 à Homs.

Les États-Unis ont encore durci le ton hier contre Damas, Barack Obama estimant que la Syrie se porterait mieux si elle était débarrassée du président Bachar el-Assad, et qu’il avait perdu toute légitimité, a indiqué hier la Maison-Blanche. « Ce que nous pouvons faire de plus important à l’heure actuelle, c’est nous assurer que nos actes sont conformes à notre discours », a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney. « Une transition démocratique serait meilleure pour la Syrie, la région et le monde, et nous avons l’intention d’aider les Syriens à obtenir la dignité et la liberté qu’ils exigent et pour lesquelles trop d’entre eux sont morts », a-t-il ajouté.
Parallèlement, à Ankara, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a assuré que son pays avait insisté auprès de M. Assad pour qu’il mette fin au bain de sang, tout en espérant que la Syrie s’engagera sur la voie des réformes d’ici à dix ou 15 jours.

Une délégation de l’ONU à Damas
Bachar el-Assad a par ailleurs reconnu que « quelques erreurs » avaient été commises par les forces de l’ordre dans la première phase des violences et indiqué que des mesures ont été prises pour éviter qu’elles ne se reproduisent, lors d’une réunion hier avec une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU (composée du Brésil, de l’Inde et de l’Afrique du Sud), ont indiqué les diplomates de ces pays aux Nations unies. Bachar el-Assad a également souligné son « engagement envers le processus de réformes, dont l’objectif est d’ouvrir la voie à une démocratie multipartite », ont indiqué dans un communiqué les missions diplomatiques concernées à l’ONU. M. Assad aurait assuré, selon les diplomates, que les révisions de la Constitution seraient prêtes en février-mars 2012.

La répression se poursuit
La mission tripartite a succédé à celle d’un émissaire turc après laquelle M. Assad a redit mardi sa détermination à mater la contestation contre son régime. Cependant, l’armée s’est retirée de Hama hier, où elle était entrée le 31 juillet après d’immenses manifestations contre le régime et où elle a tué plus d’une centaine de personnes, selon des militants. Une journaliste de l’AFP en visite sous la houlette des autorités a vu une quarantaine de véhicules de transport de troupes quitter cette ville rebelle. La place Assi, siège du gouvernorat et lieu de rassemblements, était vide, hormis quelques voitures et de rares passants. Les employés nettoyaient les rues et ramassaient des pierres jonchant le sol alors que les murs portaient la trace de nombreux graffitis récemment effacés. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé pour sa part que l’ambassadeur turc s’était rendu à Hama pour assister au retrait. Mais des opposants ont indiqué que les chars sont revenus après le départ de l’ambassadeur.
Parallèlement, l’armée a également annoncé son retrait de la province d’Idlib. Les journalistes circulant toujours dans le cadre du voyage organisé par le pouvoir ont vu une trentaine de véhicules de transport de troupes et une dizaine de camions quitter Ariha, une localité du sud de la province. Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, a toutefois fait état d’une opération militaire d’envergure lancée le matin à Sirmine, dans la grande province d’Idlib, où une femme a été tuée selon lui. Des opposants ont de leur côté indiqué sur la page Facebook SNN que les forces de sécurité et les chabbiha ont mis le feu à la plupart des magasins de la ville de Sirmine.

Baba Amro, Deir ez-Zor, Douma, Deraa…
Après le « retrait » des troupes de Hama et Idlib, le président a envoyé l’armée mener une vaste opération à Homs, où au moins 18 personnes ont été tuées, selon des militants sur place. Les forces de sécurité ont tiré de « manière indiscriminée sur les habitants du quartier de Baba Amro, faisant onze morts dont une femme et son fils », a déclaré l’un d’eux. « Certains corps gisent sur le sol et les gens ne peuvent pas les évacuer à cause des tirs. Il y a eu au moins vingt blessés aussi », a rapporté un autre militant. Dans le quartier d’Inchaat, six personnes ont péri sous les balles des troupes, a indiqué un autre militant. Des opposants ont rapporté sur SNN qu’un tank de l’armée qui a fait défection à Homs s’est retourné contre les forces loyalistes. Dans les quartiers de Baba Amro et Inshaat, des explosions et des tirs d’artilleries lourdes ont en outre été entendus
M. Rahmane a également fait état de tirs nourris à la mitrailleuse lourde et d’explosions à Deir ez-Zor. Des opposants ont indiqué qu’au moins 24 personnes sont décédées hier à travers le pays.
Des militants ont par ailleurs rapporté que les forces de sécurité ont mis le feu à plusieurs maisons et ont procédé à de nombreuses arrestations. Ces hommes, aidé par des chabbiha, ont en outre saboté une mosquée, toujours selon des militants, ajoutant que les quartiers d’al-Omaal et al-Mowazafeen ont essuyé une pluie de bombardements.
À Douma, les forces de sécurité ont procédé à des arrestations arbitraires alors qu’au moins 45 personnes sont détenues à Ghabgheb, selon les militants. À Deraa, plusieurs membres des Moukhabarat ont pénétré dans la ville et les forces de sécurités se sont déployées en force, surtout aux alentours de deux mosquées.
Malgré tout, dans la nuit, des manifestants ont pris d’assaut les rues de Hasaka, Qamishli, Harak, dans le Houran les villes de Nemr, Sanameen, Sheikh Maskin, Kork al-Sharqi, Dael, en soutien aux villes assiégées.
Date : 11/8/2011
Source : rédaction et agences (L’Orient Le jour)
http://m.lorientlejour.com/category/Moyen+Orient+et+Monde/article/717108/%3C%3C_La_Syrie_se_porterait_mieux_sans_Assad_%3E%3E,_estime_Obama.html