17 juin au 10 juillet 2015 Paris : Exposition « Randa Mdah »

Article  •  Publié sur Souria Houria le 12 juin 2015

L’espace Europia a le plaisir de vous inviter à l’exposition de l’artiste

« Randa Mdah »

du 17 juin au 10 juillet 2015

Vernissage le mercredi 17 juin 2015 à 18h30

en presence de l’artiste

Ouverture de lundi à vendredi 16:30 – 19:30

Europia, 15 av.de Ségur, 75007-Paris, France. T:+33 1 45512607

http://europia.org/randa2015 e-mail: info@europia.org

M°St-Francois Xavier (ligne13)- Ecole Militaire (ligne 8)
Bus: 28,87,82,92 – Velib (av. de Ségur)

 

L’art de Randa Mdah
Ou l’art suspendu aux cordes du vent

Randa Mdah est une femme suspendue tout comme son pays le Golan: une région syrienne sous occupation israélienne. Une terre occupée comme la Palestine sans qu’elle ne soit palestinienne. Un plateau annexé à l’état d’Israël dont les habitants refusent de porter la nationalité israélienne et s’attachent à leur appartenance à la Syrie qui subit le joug de la tyrannie et de l’oppression.

La suspension et les cordes sont présentes depuis la première installation de Randa intitulée « Sans Annonciation ». Un ensemble de personnages suspendus. Une attente suspendue sur sa chaise suspendue. Des espoirs suspendus.

Les cordes de suspension ne tiennent pas toujours. L’être suspendu est aussi l’être qui bascule, l’être qui s’écrase à même le sol. Randa résiste à la pesanteur avec l’espoir et l’espérance et elle est vaincue par les revers et les guerres.

La révolution débute en Syrie et la répression aussi.
Le Golan est une région à nouveau suspendue entre occupation étrangère et oppression familière.

Et Randa qui refuse et l’occupation et l’oppression riposte par la suspension. Dans un montage vidéo, elle arrête une équipe militaire et pends ses membres aux cordes, au rythme d’un des péans de la Révolution Syrienne.

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La guerre s’installe et dans sa représentation, Randa alterne entre l’utilisation de balles réelles et le modelage à l’argile.
Les visages et les corps en argile sont écrasés comme s’ils avaient été retirés des décombres d’un immeuble détruit par les barils explosifs, inventions récentes de l’industrie de la mort. Randa appelle ses travaux d’argile « Terre Cuite », dans un lapsus qui révèle la cuisson du corps humain à la guerre.

La barbarie recrée le corps humain : la victime humaine est un oiseau meurtri, comme les oiseaux qui meurent en se renversant sur leurs dos.

Randa riposte aux balles réelles, utilisées contre les manifestations, en dessinant à balles réelles. Elle dessine avec des balles pour dire que les balles réelles et bien vivantes tuent. La suspension change avec la mort. Elle devient horizontale après avoir été verticale.

Dans les guerres fratricides, le frère tue son frère et dans les festins orgiaques de la barbarie, les gueules des grands s’élargissent pour dévorer les enfants, leurs enfants, comme le font certains animaux.

Nous revenons aux scènes de suspension. Des femmes suspendues à leurs sentiments. Des morts qui flottent dans un espace déroutant, ils ont quitté la terre mais s’obstinent face au jugement des dieux qui ont condamné l’Homme au « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière ». Ils sont les « morts vivants » comme dans les vengeances tribales. Ils se balancent comme les membres tronqués de cet enfant sur la balançoire. Tu pourras aussi dire, au contraire, ils nagent dans un espace impénétrable comme les rêves.  Voici la balançoire de la fête et voilà la distance meurtrière qui sépare l’enfant d’une opportunité, celle de monter sur la balançoire pour s’élever haut au dessus de toute cette barbarie.

Dans nos régions, On dit de celui qui attend sans grand espoir qu’il « est suspendu aux cordes du vent ».
Randa Mdah ne joue ni avec la guerre, ni avec le meurtre, ni avec la mort. Elle les prend au plus grand sérieux. Elle s’est résolue à illustrer et à créer au moyen des outils de la guerre, de la violence de la guerre, du morcellement de la guerre et des horreurs de la guerre. Ces travaux font partie de l’épopée tragique, ces cordes vocales émanent d’un peuple solitaire dans sa prison, dans sa division, dans sa souffrance et dans sa mort et pourtant, dans sa liberté sauvage et son attachement obsessif  à la vie, il reste suspendu aux cordes du vent.

Texte par Fawaz Traboulsi

Traduit par Cynthia kreichati

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