34 auteurs s’engagent avec le HCR pour les réfugiés
Le prix Goncourt 2015 Mathias Enard et 33 autres romanciers, artistes ou dessinateurs s’expriment jeudi en faveur des réfugiés dans un livre de poche inédit intitulé « Bienvenue! », dont tous les bénéfices seront reversés au Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).
« Après la sidération, il nous a semblé urgent de donner la parole à des hommes et femmes publics afin de constituer un recueil de textes et de dessins sur le thème de l’asile et de ceux qu’on appelle désormais les réfugiés », explique Patrick Gambache, directeur général des éditions Points qui édite ce livre de 194 pages vendu 5 euros.
Le livre alterne fictions, témoignages et dessins. Il s’agit, dit l’éditeur, de « diffuser un message de tolérance et d’ouverture ».
Grand connaisseur de l’Orient et notamment de la Syrie, Mathias Enard, prix Goncourt pour « Boussole » (Actes Sud), a écrit un des textes les plus accusateurs. « Nous savions tous que le régime du Baas syrien était un régime toxique d’assassins et de tortionnaires: nous l’avons toléré », déplore le romancier. « Nous avons assuré soutenir les démocrates (syriens). Nous avons menti », accuse-t-il. « Notre indignation s’est transformée en bombes et en attaques aériennes », poursuit le romancier. « Nous sommes les géographes de la mort. Les explorateurs de la destruction. »
Face au drame des réfugiés, « nous sommes les concierges de la lâcheté », continue l’écrivain. « Nous n’accueillons personne. Nous ne plions devant personne. Nous sommes fiers de n’être personne. »
La dessinatrice Pénolope Bagieu a préféré l’espoir. Une famille de réfugiés est bloquée devant un haut mur. En bas à gauche du dessin, il y a une petite fille qui ouvre une porte dans cette barrière infranchissable en faisant « pssst! » pour inviter les réfugiés à entrer.
Le comédien Philippe Torreton s’indigne. « Combien de morts pour que vous compreniez que cette guerre que l’on fuit est la vôtre, que ces gens qui fuient c’est vous. » Sorj Chalandon se souvient d’un épisode de sa jeunesse où il a vu, « avant la plage et l’enfant », ce qu’était « la peur d’un réfugié » en croisant un immigré effrayé par la police.
Prix Goncourt 2014, Lydie Salvayre rappelle que sa mère « passa les Pyrénées le 8 février 1939 après trente jours de marche sous les bombes » tandis que l’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou affirme: « Je ne suis pas un homme de couleur en colère mais tout simplement un être humain indigné par le spectacle insipide que nous offrent ces grandes puissances qui larguent des manuels de natation à des populations en train de se noyer. »
Le HCR a expliqué qu’avec 50 euros, il pouvait offrir « des sacs de couchage pour toute une famille ». Il faut 500 euros pour une tente permettant de « mettre une famille à l’abri de la pluie et du froid »