A Paris, l’aide à l’opposition se veut « concrète » – Par Céline Lussato
La Coalition nationale souhaitait que la réunion de Paris de ce lundi lui donne « enfin » les moyens de travailler à bâtir une « Syrie démocratique libre ».
La Coalition nationale syrienne, épaulée par le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, a souhaité que la réunion d’une cinquantaine d’acteurs internationaux à Paris, au chevet de la révolte en Syrie, qui s’est ouverte ce lundi 28 janvier, donne « enfin » un tour concret aux promesses faites lors des précédents rendez-vous. Une volonté a priori partiellement mise en acte.
« Le peuple syrien livre actuellement une bataille sans merci. Le temps n’est pas de notre côté et la poursuite de ce conflit ne peut qu’entraîner une catastrophe pour la région et pour le monde », a déclaré Riad Seif, vice-président de la Coalition, à l’ouverture de la réunion. « Nous devons travailler ensemble », a-t-il souhaité, soulignant que « le peuple syrien est en colère. Nous ne pourrons changer ses convictions que si nous accélérons la fourniture de l’aide afin de nous débarrasser du président criminel ». « J’espère que notre réunion sera différente des réunions qui ont précédé », a-t-il affirmé. « J’espère que le peuple syrien pourra en constater les résultats tangibles sur le terrain parce qu’il n’accepte plus de ses représentants qu’ils reviennent les mains vides, avec seulement des promesses qui ne sont jamais tenues ».
Car l’inquiétude de la Coalition syrienne est de voir les militants pacifistes et les hommes de l’Armée libre syrienne rejoindre les rangs des djihadistes sur place. « Evidemment », souligne un diplomate en marge de la réunion, « si nous n’apportons pas une réponse aux gens qui voient leur mère sortir de nuit acheter du pain pour éviter les bombardements, nous savons vers qui ils vont se tourner… »
« Des promesses pas toutes honorées … »
Renforcer la Coalition nationale syrienne, une position partagée par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius : « La communauté internationale doit donner les moyens à la Coalition nationale syrienne d’agir pour le soutien au peuple syrien. Cela passe par des fonds et des aides de toutes sortes. Des promesses ont été faites, certaines ont été honorées, pas toutes, loin de là… », a appuyé le ministre. « Les moyens doivent être donnés à la Coalition nationale syrienne pour exercer sa mission d’aider le peuple syrien, préparer l’alternance, travailler pour une Syrie démocratique libre ».
Mais en milieu de journée, la question des versements de fonds n’étaient pas le premier mot d’ordre de la réunion selon ce même diplomate. « Nous ne voulons pas faire de cette réunion, comme ça a été le cas d’autres précédemment, l’occasion d’aligner des chiffres et de faire des additions. Nous voulons aider concrètement la Coalition nationale syrienne et ça a l’air bien parti », s’est-il fait rassurant. « D’ores et déjà, je peux vous dire que la Coalition est assurée de pouvoir fonctionner plusieurs mois, tant grâce à l’argent qu’elle va recevoir, que par les moyens techniques qui vont lui être octroyé ou encore par l’expertise que de nombreux pays s’engagent à lui fournir », a-t-il confirmé sans s’étendre sur les détails.
La question des armes
« La Syrie a besoin de milliards de dollars, a déclaré lors d’une interruption de séance George Sabra, dirigeant du Conseil national syrien, principale composante de la coalition. Mais les besoins de la Coalition ne sont pas que financiers. « Nous avons besoin d’armes, d’armes et d’armes », a-t-il également martelé, alors que les Occidentaux se refusent à livrer des armes par peur qu’elles ne tombent entre les mains de groupes djihadistes en Syrie. Un embargo européen sur les armes vers la Syrie a été prolongé fin décembre pour trois mois et doit être réexaminé fin février à Bruxelles. Mais la levée partielle ou totale de cet embargo doit être votée à l’unanimité des 27, a rappelé un diplomate en marge de la conférence.
En attendant, Riad Seif a une nouvelle fois fixé comme objectif pour la Coalition la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne pour la Syrie libérée des forces du régime. Une mesure qui nécessite des moyens militaires non négligeables… et que le diplomate occidental refuse de commenter.