Adresse aux ressortissants de mon pays et à la gauche qui se déchire devant la situation en Syrie
Moi, Jean-Jacques Masot-Urpi, citoyen, je constate qu’aucun régime en place n’a jamais permis en son sein l’organisation de sa propre société civile en autogestion.
Je considère que la répression sanglante qui s’abat depuis 18 mois en Syrie contre les manifestants pacifiques et les bombardements du régime baassiste contre son peuple sont de la même nature que les massacres historiques : – contre les soviets anarchistes de Cronstadt en 1921, et au-delà avec les purges staliniennes ; – contre les républicains espagnols en 1936-1939 et au-delà avec le franquisme ; – contre les socialistes chiliens en 1973 et au-delà durant la période Pinochet ; – contre les Sahraouis au Maroc et au-delà au Sahara Occidental… – contre les syndicalistes en Colombie et au-delà contre les populations natives d’Amérique jusqu’à nos jours – le Mexique contre les paysans du Chiapas, le Pérou contre les indigènes de Cajamarca, le Chili contre les Mapuches, le Brésil contre les Yanomamis, le Paraguay contre les Guaranis… Les Kurdes, les Arméniens, les Tamouls, les Tibétains… En Europe, l’exemple de la Grèce révèle ce que toutes les nations du monde préparent contre leurs propres populations : – d’abord stigmatiser les étrangers par des lois xénophobes qui les interdisent de droits, et les mettent hors-la-loi, poursuivis, et expulsés, – ensuite asservir la population obligée de travailler à moindre coût au seul bénéfice des pouvoirs financiers. C’est à ce régime de très haute surveillance que les populations arabes étaient soumises, notamment depuis deux générations en Syrie avec le père de Bachar Al-Assad…
Ainsi, hors de chez nous, mais tout comme nous, des êtres veulent vivre de leurs ressources, sous un toit, de leur travail, avec ceux qu’ils aiment, et qu’ils peuvent soigner, éduquer et cultiver, et, en réponse, les régimes utilisent leurs polices pour les réprimer, torturer leurs enfants, emprisonner leurs jeunesses, asservir les plus démunis. La libre circulation des personnes et des idées est pourtant garantie par les articles 9 à 20 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 que nos pays ont signée et que les accords de Schengen de 1985 et 1990 remettent en cause sous des prétextes commerciaux et de sécurité internationale. Protéger la très grande majorité d’individus, de familles et d’enfants dans leur propre terre, ça part d’une prise de conscience. Chacun, en soi, mais pas que pour soi. Personne ne peut rien tout seul.
Aujourd’hui plus que jamais, soutenir ensemble les forces vives de propositions en Syrie contre les systèmes mortifères et meurtriers, c’est une urgence qui nous place tous, de fait, aux côtés de ceux qui préservent la vie. Sinon notre indifférence, en les laissant tuer, tuera les derniers espoirs d’une réelle démocratie maintenant dans le monde. Notre nombre sera décisif, et historique.
En conséquence, je refuse d’abandonner nos semblables en danger de mort parce qu’ils ne font que défendre des formes de démocratie ouvertes à tous, hommes et femmes, toutes croyances et toutes opinions confondues. Je mesure les risques de la répression et du silence des nations.
Je me tiens donc prêt à accompagner un convoi pacifique, rempli de vivres, de couvertures, de vêtements et de médicaments à destination des villes saccagées de Syrie.
J’appelle la communauté à soutenir les peuples en danger, à travers ce cheminement pour la vie à destination de la Syrie, et de se déprendre des propagandes complotistes qui renvoient dos-à-dos les responsables des tueries et leurs victimes alors que celles-ci ne font que résister avec les maigres moyens à leur disposition.
J’appelle au soutien immédiat toute personne et toute organisation qui reconnaît la légitimité de la résistance des habitants et des citoyens syriens : par des dons en nature et en argent, par des actions concrètes, par la diffusion des messages de paix, par l’information des réalités sur place. Ils sont nos semblables. Leurs réussites et leurs échecs importent à la poursuite de nos propres existences. Serons-nous dociles et passifs pendant que sont massacrés des gens qui revendiquent les mêmes droits que nous défendons ?.. Si spécifiques que soient leurs luttes, elles ressemblent à notre propre volonté de vivre libres et solidaires ensemble, avec nos différences.
Je me tiens prêt à ma modeste mesure pour écouter les besoins qui sont exprimés. En tant qu’éditeur d’ABC’éditions, je collecterai à des fins de publication sur la Toile et sous forme de livre multilingue tout texte récent d’origine arabe dénonçant les propagandes : poésies, théâtre, témoignages, analyses…
Je réclame que les autorités internationales compétentes mettent tout en œuvre pour arrêter au plus tôt les responsables des massacres des populations civiles et les juger aux motifs de leurs crimes contre l’humanité.
Jean-Jacques M’µ
à la fête de l’Humanité – (عيد الإنسانية)
Stand de la Syrie – Association de Souria Houria (Syrie Liberté)
20, Avenue Hô CHI MINH
VILLAGE DU MONDE
Date : 15/09/2012