« Plus jamais d’Aylan sur les plages de Turquie, dans des embarcations de fortune coulées en Méditerranée ou dans des camions échoués sur des routes autrichiennes. Ces enfants sont les nôtres, leurs parents sont nos semblables, nous ne formons qu’une seule et même humanité. Voilà ce que nous avons pensé. Crié plutôt. Et la rage n’est pas retombée.
Nous ne pouvons pas rester claquemurés dans l’indifférence et le silence devant la tragédie de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants qui meurent faute d’être accueillis, victimes de la barbarie et de la guerre dans leurs propres pays et du repli sur soi dans les nôtres. N’avons nous donc tiré aucune leçon de nos lâches soulagements du passé et de ces tragédies que nous préférions ne pas voir?
L’Europe mais aussi les États-Unis, le Canada, l’Australie ou les riches pays pétroliers de la péninsule arabique, enfin, tous ceux qui se sont reconnu un droit d’ingérence en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie au nom des valeurs de l’humanité doivent assumer aujourd’hui le devoir d’asile. Ils doivent ouvrir leurs frontières et leurs bras aux réfugiés que nos lois protègent, conformément aux obligations auxquelles les États ont souscrit en ratifiant la Déclaration universelle des droits de l’homme.
« Il est du devoir des gouvernements occidentaux de dépasser ces inquiétudes et d’agir »
Nous comprenons très bien les inquiétudes que cela peut faire naître chez nos concitoyens, en particulier, les plus confrontés aux difficultés sociales. Mais nous considérons qu’il est du devoir des gouvernements occidentaux de dépasser ces inquiétudes et d’agir. Le courage et la grandeur consistent précisément à bousculer l’opinion si nécessaire pour défendre les valeurs essentielles de la démocratie. Nous nous déshonorerions si nous ne faisions pas honneur à ce droit d’asile qui est au cœur d’une civilisation vraiment humaine.
Et parce que nous ne voulons pas seulement en appeler aux pouvoirs publics depuis le confort où nous sommes installés mais agir, parce que nous ne voulons en aucun cas donner des leçons mais nous engager, chacun des signataires de cet appel offrira un cachet solidaire à l’une des associations qui intervient dans les pays d’origine ou dans les pays d’accueil pour aider les réfugiés comme la Cimade, France Terre d’asile, la Ligue des droits de l’homme, le Secours catholique, Save the Children, Médecins sans frontières, l’Unicef, Médecins du monde, Care International et d’autres encore. Nous ne jugeons pas ceux qui ne partagent pas notre avis et moins encore ceux qui, le partageant, pour quelque raison que ce soit, ne sont pas en situation d’aider. Mais nous appelons tous ceux qui le peuvent à faire comme nous et à joindre le geste à la parole d’humanité. »
Voici la liste des signataires :
Line Renaud, François Cluzet, Daft Punk, Muriel Robin, Dany Boon, Isabelle Adjani, Florence Foresti, Michèle Bernier, Pierre Arditi, Évelyne Bouix, Bernard Murat, Carole Bouquet, Richard Berry, Chantal Lauby, Guillaume Canet, Nicolas Canteloup, Léa Drucker, François Berléand, Anne Roumanoff, Louis Chedid, Matthieu Chedid, Anna Chedid, Joseph Chedid, Laurent Lafitte, Mélanie Laurent, Patrick Chesnais, Charles Berling, Charlotte de Turckheim, Benjamin Biolay, Isabelle Carré, Jérémie Renier, Élodie Bouchez, Éric Judor, Malik Bentalha, Stéphane de Groodt, Géraldine Nakache, Anne Marivin, Audrey Dana, Camille Cottin, Bruno Sanches, Michel Fau, Stéphanie Bataille, Pascale Arbillot, Bérengère Krief, Dominique Besnehard, Joséphine Japy, Thierry Klifa, Ladislas Chollat, Pierre Lescure, Danièle Thompson, Yamina Benguigui, Sarah Lavoine, Lisa Azuelos, Amanda Sthers, François Morel, Lorànt Deutsch, Michel Boujenah, François-Xavier Demaison, Francis Huster, Elsa Zylberstein, Ludivine Sagnier, Laura Smet, Marc Lavoine, Marina Foïs, Michèle Laroque, Alex Lutz.