Assad dans l’auto-déni – par HASSAN BARARI

Article  •  Publié sur Souria Houria le 16 janvier 2012

Traduit de l’anglais par SouriaHouria
Le dernier discours du président Bashar al Assad souligne un fait. Ce régime ne fera rien pour mettre un terme à la crise sanglante en cours.
Plus exactement, le discours démontre qu’Assad est déconnecté de la réalité. Après presque dix mois de répression meurtrière contre son propre peuple et après que la violence a augmenté en emportant un nombre élevé de vies innocentes, Assad est toujours dans l’auto-déni.
La tonalité de son discours ne pouvait pas être plus saisissante. Au lieu d’endosser la responsabilité et de montrer une volonté de mettre fin à la répression meurtrière sur son propre peuple, Assad n’a fait qu’avancer des excuses pour ne prendre aucune initiative positive. Cette approche a auparavant été tentée en vain en Libye et nous savons tous comment les choses se sont terminées.
Il semble que l’arrivée des observateurs de la Ligue arabe n’a rien fait pour changer la situation sur le terrain. Près de 400 personnes ont été assassinées depuis lors. Sans surprise, le président Assad a atteint un point de non-retour. Mardi, il a juré d’écraser les manifestants avec une poigne de fer. Par conséquent, sa promesse de poursuivre la réforme ne trouve pas d’écho favorable chez les Syriens.
Son discours a provoqué la colère de nombreux acteurs, notamment les Etats-Unis. Commentant le discours, la porte-parole du Département d’Etat Victoria Nuland a déclaré, «Tout au long de ce discours, le président Assad se débrouille pour rendre responsable un complot étranger qui est si vaste en ce qui concerne la situation en Syrie qu’il comprend maintenant la Ligue arabe, la majorité de l’opposition syrienne, la communauté internationale tout entière ».
Ce qui était clair dans son discours était que Damas offrirait seulement des changements superficiels sans aucune intention d’introduire des concessions radicales qui pourraient pacifier les manifestants, que l’on ne s’attendrait pas à accepter quoi que ce soit de moins que le renversement du régime. Assad a épargné peu de monde dans ses attaques, soulignant que ce qui avait lieu en Syrie était dirigé par des forces extérieures qui conspiraient contre son pays.
Il ne semble pas être en position de comprendre les causes réelles derrière les manifestations dans son propre pays. Ses remarques acerbes ont porté sur l’ensemble de ses détracteurs et sur ceux qui ont essayé d’intervenir pour aider à mettre fin au conflit. De ses propres mots, «La Ligue arabe a échoué pendant six décennies à prendre une position dans l’intérêt Arabe.»
La critique de la position Arabe était évidente lorsque 11 observateurs arabes ont été blessés dans la ville de Lattaquié. Cette attaque, associée à l’attaque verbale du président sur les Arabes, signifie que le régime ne respectera pas ses obligations de protéger les observateurs. En d’autres termes, le régime a encore aggravé la crise. Plus exactement, son discours montre que le président est déterminé à vaincre ce qu’il appelle «les terroristes» avant même de penser à une réforme. Sans aucun doute, Assad est dans le délire lorsqu’il pense que tout ce qui se déroule en Syrie n’est rien d’autre qu’une conspiration contre son régime. Pour cette raison, beaucoup réfléchissent à la source de la confiance qu’Assad a projetée dans son discours. Peut-être que la Russie assure ses arrières. La conviction générale à Damas est que la Russie ou la Chine pourraient user de leur droit de veto au Conseil de sécurité pour protéger le régime d’Assad.
Le président Assad ne comprend pas le rôle des médias comme il ne tolère pas la couverture médiatique des événements en Syrie. Pour lui, c’est une simple campagne médiatique qui attaque son régime pour miner la Syrie. Fait intéressant, ce n’est pas la première fois que nous voyons cela se produire. D’autres autocrates renversés l’année dernière ont utilisé la même tactique. D’abord, ils ont accusé les manifestants de n’être rien d’autre qu’un outil pour une sorte de conspiration occidentale. Ensuite, ils ont eu recours à la politique de la poigne de fer, et finalement, ils quittent la scène d’une façon honteuse. Reste à voir si Assad fera face au même destin étant donné le fait qu’il vit constamment dans l’auto- déni.
En bref, le discours est le reflet d’une mentalité dangereuse. La capacité du régime à apprendre est modeste alors qu’il s’obstine dans une approche maladroite malgré les milliers de morts. Sa promesse de l’emporter contre son propre peuple est pathétique, il envoie seulement le message clair que ce régime n’a pas l’intention d’arrêter sa guerre contre le peuple syrien. Bien que son discours provocant ait fustigé les Arabes, la Ligue arabe va attendre jusqu’au 19 de ce mois que la mission des observateurs rende son rapport final. Comme le rapport blâmera très probablement le régime directement, on ne s’attend pas à ce qu’il aboutisse à des recommandations quant à ce que les Arabes devraient faire de plus. Cela pourrait en effet ouvrir la largement porte à une internationalisation du conflit, une mesure susceptible d’exposer et d’affaiblir le régime syrien.

Source: http://arabnews.com/opinion/columns/article562569.ece