Bachar Al-Assad, le président qui a déçu tout le monde – par A. Le Goff
Il aurait pu être un autre président. Lors de son intronisation au pouvoir en 2000, après la mort de son père Hafez Al-Assad, Bachar Al-Assad a suscité l’espoir d’échapper au destin autocratique qui lui était promis. Les capitales arabes bruissaient des échos d’un « printemps de Damas ». La rumeur a été rapidement dissipée. « Il apparaît même que d’autoritaire sous Hafez Al-Assad, le pouvoir est devenu sultanique, livré à l’arbitraire présidentiel », analyse Caroline Donati dans L’Exception syrienne. Entre modernisation et résistance. (Ed. La Découverte). De fait, depuis mars, chaque discours de Bachar Al-Assad est un plaidoyer à sa gloire. Au carrefour d’une région poudrière, le président syrien se sait protégé d’une intervention militaire, comme ce fut le cas en Libye. « En ce qui concerne la menace d’un recours à la force […], toute initiative contre la Syrie aura des conséquences plus graves [pour ses auteurs] que ce qu’ils pourraient supporter », a-t-il récemment déclaré. Pourtant, Bachar Al-Assad est de plus en plus isolé sur la scène internationale, à l’exception notable de la Russie et de la Chine. À Paris, Nicolas Sarkozy, qui avait choisi de renouer avec lui après son arrivée au pouvoir en 2007, lui a finalement tourné le dos, se retrouvant dans la même situation que son prédécesseur Jacques Chirac, séduit puis déçu à l’identique. Les images de la réconciliation, prises lors de l’invitation du président syrien au défilé du 14 juillet 2009 à Paris, sont juste un peu gênantes. Car Paris a beau répéter que son rapprochement avec Damas a permis une normalisation des relations syro-libanaises, personne n’a jamais ignoré que les geôles syriennes ont toujours débordé d’opposants.
source: http://www.20minutes.fr/article/832522/bachar-al-assad-president-decu-tout-monde