Barack Obama pourrait lâcher Bachar el-Assad – Adèle Smith

Article  •  Publié sur Souria Houria le 11 août 2011

Selon plusieurs médias, le président américain s’apprêterait à demander au raïs syrien de quitter le pouvoir.

Le timide mea culpa de Bachar el-Assad, qui a reconnu, mercredi, devant une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU, que «quelques erreurs» avaient été commises par les forces de sécurité, ne devrait pas infléchir la décision de Barack Obama. Le président américain serait sur le point de demander à son homologue syrien de partir alors que la répression a fait seize nouvelles victimes, mercredi à Homs. Selon plusieurs médias américains, qui citent des sources à la présidence, Obama pourrait l’annoncer avant la fin de la semaine. Hier soir, cependant, Jay Carney, le porte-parole de la Maison-Blanche, a refusé de confirmer ces informations.Barack Obama et la secrétaire d’État Hillary Clinton devaient s’entretenir de ce sujet mercredi soir. Plus tôt dans la journée, le département du Trésor a gelé les avoirs de la plus grande banque commerciale de ­Syrie, la Commercial Bank of Syria, et interdit toute transaction avec elle. Une action internationale coordonnée avec l’Europe et les pays arabes visant à assécher les revenus – pétroliers, notamment – du gouvernement syrien est aussi à l’étude. La poursuite de la répression, qui a fait plus de 2000 morts depuis le 15 mars dernier, rendait de plus en plus intenable la position de la Maison-Blanche, vertement critiquée pour sa timidité par les républicains au Congrès.
De plus en plus de fermeté
L’Administration américaine a évolué graduellement. Washington a d’abord multiplié les mises en garde à Bachar el-Assad ces derniers mois. Elle a ensuite opté pour une approche plus ferme. Le 8 juillet, l’ambassadeur américain Robert Ford a rencontré des opposants à Hama, l’un des foyers de la contestation. Hillary Clinton a reçu une délégation à Washington la semaine dernière. Mardi, la porte-parole du département d’État est allée un peu plus loin. «Il ne peut y avoir aucun type de partenariat avec un régime qui commet ce genre d’action», a-t-elle déclaré.

Mais, jusqu’à présent, la Maison-Blanche s’est refusée à lâcher Bachar el-Assad, car elle estime son rôle important pour la stabilité de la région, et l’influence américaine en Syrie trop limitée pour avoir un impact. Obama juge en outre que l’alternative politique au régime d’el-Assad reste floue. Enfin, le président américain est soucieux de ne pas donner l’impression d’un changement de régime orchestré par les seuls États-Unis. C’est pourquoi il souhaitait un signal fort des pays arabes, jusqu’ici silencieux, et de la communauté internationale à l’ONU. Il a obtenu un revirement des premiers le week-end dernier, lorsque la Ligue arabe, ainsi que la Jordanie et plusieurs États du Golfe, Arabie saoudite en tête, ont condamné d’une même voix la répression syrienne – sans toutefois demander le départ d’el-Assad.

Ce réveil des pays arabes renforce néanmoins les efforts des États-Unis et des Européens pour obtenir au Conseil de sécurité de l’ONU une résolution contre la Syrie, jusqu’ici bloquée par la Russie et la Chine, membres permanents. À cause d’eux, le Conseil a dû se contenter le 3 août d’une simple déclaration. Le texte prévoyait tout de même la publication au bout d’une semaine d’un rapport sur la gravité de la situation en Syrie, qui devait être présenté mercredi soir. Damas a entre-temps rejeté l’exigence turque d’un arrêt des violences, formulée mardi à Damas par le ministre des Affaires étrangères d’Ankara. Le premier ministre turc Tayyip Erdogan espérait pourtant hier un début de processus démocratique en Syrie «dans 10 à 15 jours.»

Date : 11/8/2011
Source : http://www.lefigaro.fr/international/2011/08/10/01003-20110810ARTFIG00523-barack-obama-pourrait-lacher-bachar-el-assad.php